Premières réactions de notre partenaire haïtienne fraichement arrivée sur Paris et qui a laissé son équipe et ses proches pour se lancer dans cette aventure au sommet du Mont Blanc...

"J'ai laissé ITECA (l’Institut de Technologie et d’Animation) vendredi 8 juillet après-midi après avoir salué les autres femmes d'ITECA qui me disaient "Gracita tu vas tenter çà, tu n'as pas peur de mourir, tu es une femme ?" Je me rappelle du début de cette aventure, quand le directeur Jean-Baptiste Chenet m'en a parlé, il me disait "Gracita ne te laisse pas influencer, je sais que tu peux y arriver". J'en ai bien sur parlé à mon mari qui lui même m'a encouragée. Ensuite les premières images que l'on m'a envoyées m'ont motivée, je me suis dit que si d'autres le faisaient je pouvais le faire ! Je suis une personne qui veut toujours tenter de nouvelles choses ! Je suis responsable du secteur des femmes à ITECA, et dans les derniers temps nous nous levions à 4h30 et nous allions courir une heure pour mon entrainement ! Les plus courageuses me suivaient comme Idovia Louima, l'après midi il fait tellement chaud c'est impossible. Même les jeunes comme Fanay, une amie cubaine de 29 ans, n'avait pas la force de se lever, c'était très drôle mais moi ma motivation est grande. Je suis habituée à beaucoup marcher pour aller à la rencontre des paysans de l'ile. La ferme où nous travaillons se trouve à 15 kilomètres de la première ville et les déplacements coutent chers donc soit on reste à la ferme pour la semaine soit on marche ! J'ai aussi eu la chance d'avoir un entraineur professionnel, un ami du quartier, Delphin Dalencourt. Il est professeur de sport et nous avions rendez vous tous les week-ends le samedi et le dimanche matin. Même quand j'étais fatiguée j'y allais pour courir et faire des exercices pour me muscler les genoux, la hanche, çà m'a beaucoup aidé.

Toute l'association était très enthousiaste en me voyant partir, on connait bien les acteurs du CCFD- Terre Solidaire qui sont venus à plusieurs reprises nous rendre visite. Les hommes aussi m'ont encouragée en me disant "Puisque tu travailles avec les paysans, ils faut là bas leur parler du choléra, de nos problèmes, comment nous vivons ici en Haïti." Je viens donc défendre les petits paysans et les femmes des sociétés du Sud. Quand je vois les profils des autres grimpeurs, je me dis qu'il faut que je sois "en tête de tous ces hommes"! Il n'y a bien sur aucune rivalité, je dis juste cela pour taquiner et montrer que les femmes seront bien présentes dans ce challenge !

Le dimanche 10 juillet à 11h j'ai pris l'avion, en laissant mes deux garçons et ma nièce, là encore tout le monde me demandait si j'avais peur et surtout "mais qu'est ce que tu vas faire la bas ?" Il y a beaucoup d'attentes et d'espoirs au travers de ce projet pour mieux faire entendre la société haïtienne.

J'ai foulé pour la 1ère fois sur le sol français dimanche en fin d'après-midi, je m'attendais à ce qu'il fasse très froid, j'ai pris des polaires avec moi ! Mais en arrivant j'ai découvert qu'il faisait chaud ! J'ai déjà fait un petit tour de Paris, dire que j'étudiais la Seine quand j'étais en primaire, on nous apprenait "Il y a la Seine qui passe à Paris et la Tamise à Londres", et maintenant je suis devant ! L'architecture est impressionnante, en Haïti avec le séisme la cathédrale la plus grande et belle du pays, celle de Port au Prince s'est effondrée et beaucoup d'endroits ont été bétonnés pour gagner de l'espace...

Le CCFD-Terre Solidaire, je ne connaissais pas non plus, c'est différent de chez nous, le siège de notre association est en pleine nature, il y a seulement un tout petit bureau de liaison en ville et encore ce n'est qu'un passage pour régler les affaires administratives. J'ai l'impression de connaitre déjà plein de monde et pourtant je vous vois pour la 1ère fois !"

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