L’urgence d’une gouvernance mondiale

Les crises politiques, humanitaires, alimentaires, écologiques se multiplient et nous obligent à repenser les stratégies, les approches et les modèles de coopération. Cependant les États adeptes de « la diplomatie du club » (G8, G20) et les institutions internationales dans lesquelles ils se retrouvent, poursuivent des politiques qui parfois violent les droits humains et mettent les peuples en concurrence sans aucun respect des réalités locales. Au risque d’aggraver l’instabilité dans le monde ou de créer de nouveaux conflits.

En ce début de 21ème siècle, il est urgent d’engager une réforme profonde de la gouvernance mondiale impliquant tous les acteurs de la société, en particulier les plus pauvres, à tous les échelons, local, régional, mondial.

Pour le CCFD-Terre Solidaire, la gouvernance est une construction collective et participative d’un projet de société, basé sur les droits humains, construit dans la différence, capable d’articuler architecture institutionnelle et pratiques alternatives, dans le dialogue pluriel entre toutes les parties prenantes de la société.

Aujourd’hui, l’exigence d’une telle gouvernance, enfin représentative des réalités de notre monde, rencontre l’expression d’une nouvelle citoyenneté mondiale et d’une parole libérée dans les mobilisations et les manifestations, ainsi que dans les réseaux militants.

Des espaces existent déjà, notamment les Forums sociaux mondiaux, où les organisations qui représentent des centaines de millions de personnes dans le monde (organisations de paysans, syndicats, défense des droits humains, de l’environnement, Ong de développement) ont déjà réussi à se mettre d’accord sur des propositions alternatives crédibles.

Afin de poursuivre la mobilisation, le CCFD-Terre Solidaire, avec ses partenaires du Sud et de nombreux alliés en France, prône une gouvernance qui inclut les sociétés civiles dans les processus de consultation et de décisions des grandes instances internationales.

En cette année de réunions internationales présidées par la France, l’appel à une gouvernance mondiale plus juste doit être porté et amplifié par la cordée solidaire.

Propositions pour une gouvernance mondiale qui associe les sociétés civiles

- Une réforme des Nations unies
Pour être plus efficaces, il faut que les Nations unies disposent de moyens de sanction et de contrainte lorsque les Etats ne respectent pas leurs engagements. Nous demandons en particulier :

  • qu’au sein du Comité économique et social des Nations unies (ECOSOC) soit désigné un Comité exécutif géographiquement représentatif prenant en compte les particularités de chaque région du monde.
  • que le Conseil de la Sécurité alimentaire de la FAO (Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation), créé en 2010, soit l’espace unique de coordination des actions touchant aux politiques agricoles et alimentaires. Au-delà des États, il doit associer l’ensemble des acteurs concernés, des Institutions internationales à la société civile internationale.


- Un droit international de la dette
Une conférence internationale des Nations unies doit être mise à l’agenda afin de mettre en place un droit international de la dette, en présence de tous les acteurs concernés (créanciers et débiteurs, publics et privés, institutions internationales, experts, société civile et secteur privé). Les critères d’analyse de la viabilité de la dette des pays du Sud doivent reconnaître la prééminence des droits fondamentaux des populations sur le remboursement de la dette, et imposer la co-responsabilité des créanciers et des débiteurs.

- L’adoption d’une fiscalité internationale
Le juste partage des richesses repose sur l’adoption d’une fiscalité internationale dont personne ne soit exempt (taxe sur les transactions financières et sur les nuisances environnementales) et la promotion d’une résolution en ce sens à l’Assemblée générale des Nations unies.

- La régulation des multinationales
Il faut imposer des règles aux entreprises multinationales, acteurs majeurs de l’économie et des investissements dans le monde, afin qu’elles soient transparentes et responsables sur le plan social, environnemental et fiscal : respect des droits humains, paiement des impôts pour contribuer au développement des services publics des pays etc.