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- Que peux-tu nous dire de ton histoire d'engagement dans le monde ?

 

Je suis venue à l’engagement associatif relativement tardivement. En fait, j’ai réellement commencé à comprendre l’importance et le potentiel d'un tel engagement il y a environ quatre ans maintenant, en deuxième année de fac, en découvrant l’économie sociale et solidaire (grâce à mes cours) et en allant rencontrer les acteurs de l’ESS grenobloise. Je me suis alors investie d’abord dans une association étudiante sur le campus, dans le pôle écologie où nous organisions notamment des distributions de paniers bio et locaux. Puis j'ai eu la chance de partir, dans le cadre de mon master, en bénévolat au sein d'un groupement paysan en Equateur, expérience inoubliable mais qui m’a aussi amenée à me questionner sur le rôle des ONG dans le développement des pays latino-américains.

 

- Quel sens de cet engagement avec d'autres, pourquoi avec d'autres, pourquoi dans le monde ?

 

Avec d’autres, car la dimension collective est fondamentale selon moi, en ce qu'elle permet d’aller infiniment plus loin que ce dont on serait capable individuellement, et car je vois les contraintes intrinsèques au fait d’avancer ensemble non comme des obstacles mais plutôt comme des défis passionnants à relever... Dans le monde, car je pense que pour avoir un impact politique, il faut avoir conscience de tout ce qui se fait autour de nous, de l’ensemble des mouvements citoyens, qui aujourd'hui de plus en plus débordent les frontières.

- Quelles questions cela te pose ?

 

La prétendue neutralité des ONG dans leur action sur diverses problématiques de développement m'interroge, car je m’intéresse aux représentations contenues dans les discours des associations de développement...

Pour moi elles contribuent toujours indirectement (ou directement) à exporter des normes, même si elles ne font que soutenir des projets mis en œuvre par des acteurs locaux.

En cela la définition du partenariat que propose le CCFD-Terre Solidaire m’intéresse énormément puisqu'elle cherche précisément à éviter ces écueils.

 

- Un symbole de ton engagement ou une expérience à partager avec nous

 

Mon expérience avec les kichwas du Nord de l’Equateur, avec qui j’ai travaillé pendant cinq mois à la mise en place d’espaces de vente directe producteurs-consommateurs (pour leur permettre de vivre des surplus de leur production familiale) : ce projet avait été lancé par une ONG française pour promouvoir les circuits courts et l’agro écologie. Ces personnes des communautés kichwas n’avaient jamais entendu parler d’agro écologie jusque-là, mais pour eux, ils s'agissaient avant tout de revenir à leurs pratiques ancestrales (et de les préserver) telles qu'elles existaient avant la conquête espagnole et l'imposition de méthodes industrielles d'exploitation agricole. La détermination et le courage de ces paysans m'ont profondément marquée, ainsi que leur attachement à leurs croyances ancestrales.