Par Pauline(38),

Nous entamons maintenant la deuxième phase de notre séjour d’étude, l'agriculture biologique. L'objectif à ce jour est de mieux comprendre les dynamiques agricoles dans le pays, les raisons qui ont poussé les paysans a choisir l'agriculture dite conventionnelle ou l'agriculture biologique (autrement dit, conserver leurs méthodes traditionnelles) et enfin questionner la volonté de l'ex-premier ministre de voir 100% du pays en agriculture biologique.

Sur les chiffres, nous avons eu beaucoup d'informations et toutes différentes, nous en concluons donc que nous aurons besoin de données sûres pour mener notre projet de recherche-action. Pour vous donner une idée des différentes données que nous avons, elles portent principalement sur le nombre actuels d'agriculteurs en agriculture qu'on appelle biologique et ceux utilisant des intrants chimiques. Nous avons entendu "99% des paysans font du bio sans le savoir", "80% des agriculteurs n'utilisent pas d'intrants chimiques", "Très peu d'agriculteurs pratiquent aujourd'hui l'agriculture biologique"...
Nous ne nous battrons donc pas sur les chiffres pour le moment.

En ce qui concerne le choix des agriculteurs, il repose principalement sur leur décision de conserver leurs méthodes traditionnelles ou d’insérer pour la production du riz par exemple des insecticides, herbicides...
A l'heure actuelle, beaucoup semble conserver leurs méthodes traditionnelles par défaut, dans la mesure où dans les villages du nord du pays, très montagneux et ou aucune route goudronnée n'existe, les paysans n'ont parfois même pas connaissances de ces produits. En revanche, dans la vallée de Paro par exemple, dans l'ouest du pays, la production de riz est importante et il semblerait que de nombreux agriculteurs utilisent des intrants chimiques.

La question que nous avons pose a la personne du National Organic Program (Programme national pour l'agriculture biologique) du gouvernement, est "Quels types d'intrants sont utilises et d’où viennent-ils ?'
La politique du gouvernement semble très rigoureuse à ce niveau : "l'importation de pesticides et autre intrants en provenance notamment de l'Inde est très réglementée et limitée". En effet, cette dame nous explique que 205 agents agricoles fonctionnaires sont présents dans les 205 districts du pays et chaque importation de semences, pesticides...doit transiter par lui.
En termes de semences, les OGM sont proscrits et très peu de semences hybrides sont autorisées.

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Qu'en est il dans les champs ?
"La politique volontariste a parfois peu d'impact dans nos champs", nous avons entendu ce discours, mais nous avons aussi visiter un projet de coopérative de produits bio très largement soutenu par le gouvernement, comme dans d'autres domaines, disons que les avis divergent.
Pour ce qui est de la restriction à l'importation, cela peut être relativisé lorsqu'on sait que le tabac est normalement totalement interdit et nous avons vu à plusieurs reprises des personnes fumer.
La théorie peut parfois s’éloigner de la pratique.

Dans de nombreux cas, le choix de produire ou non en bio se fait souvent par défaut et nous avons rencontré peu d'agriculteurs convaincus de la nécessité de stopper l'utilisation d'intrants chimiques.Sur un marché, un agriculteur nous dit "Avant pour ma coriandre, je mettais des intrants chimiques mais j'ai arrêté parce qu'elle avait une mauvaise tête".

Le travail du gouvernement est récent dans le domaine du soutien a l'agriculture biologique et nous observons qu'il reste du chemin a faire pour être un pays entièrement en agriculture biologique.