Vendredi, j’ai été mieux organisée que les autres jours (il était temps !) et j’ai participé à 3 ateliers sur l’économie sociale et solidaire, coordonnés par ATTAC et RIPESS Europe : le thème du premier atelier était l’ESS ou la conquête de la démocratie économique. Il était coordonné par Josette Combes, chercheuse, membre d’Attac et du RIPESS europe (Réseau International de Promotion de l’Economie Sociale et Solidaire). Les réseaux d’économie sociale au Pérou, au Maroc, au Brésil, en Guinée étaient représentés, ainsi que des élus français. Josette Combes nous présente le concept de démocratie économique comme un piller de la démocratie. « Le principe de coopération doit remplacer celui de la conquête. » L’Economie sociale et solidaire propose une autre définition de l’économie et développe une autre rationalité économique et politique :
- Par l’implication des individus dans les dispositifs dont ils sont à la fois producteurs et consommateurs,
- Par la négociation sans intermédiaire avec des représentants de la puissance publique,
- Par la représentation directe (un homme/une voix),
- Par la recherche de la proximité et du local,
- Par la combinaison de dispositifs auparavant indépendants et sectorisés (ex : un emploi complet pourrait être possible sur plusieurs filières).
Josette Combes propose un tableau des oppositions et choix qui se présentent : ainsi, nous nous trouvons constamment en tensions.
Se gouverner/autonomie |
LIBERTE |
Asservir, se soumettre |
Se fréquenter, se respecter |
FRATERNITE |
Sélectionner, exclure |
Coopérer |
SOLIDARITE |
Combattre, vaincre |
Modérer son appétit |
EGALITE |
Posséder toujours davantage |
Egalité Homme/femme |
GENRE |
Suprématie masculine |
Toute culture comporte des vérités et des mythes |
CULTURE |
Seule la culture scientifique occidentale dit l’universel |
Qualité de l’existence |
RICHESSE |
Niveau de possession |
Droits humains |
JUSTICE |
Code des marchés |
Puis, elle nous présente, dans un deuxième tableau, les enjeux autour de la production, de la gouvernance, de la socialisation et la régulation. Elle évoque, dans un troisième tableau, un changement d’imaginaire concernant la distribution des pouvoirs, la structure de production, la répartition des profits et la reconnaissance sociale. Et enfin, dans un dernier tableau, elle présente l’utilité et la pertinence d’une activité économique : quels critères ? Le rôle du produit ? L’empreinte écologique ? Le bilan travail ? L’esthétique du vivre ensemble ?
Le deuxième atelier avait pour titre : L’Economie sociale et solidaire comme alternative au capitalisme et la mondialisation néolibérale. Après avoir dressé le contexte mondial (hausse des émissions de carbone fossile depuis les années 50, épuisement de l’eau, accaparement des terres et augmentation des bidonvilles, hausse des prix des denrées alimentaires du fait de la spéculation et menaces sur les petits producteurs), elle nous présente dans chaque secteur (air, eau, nourriture, logement, énergie/transports, production, éducation, culture, échanges, régulation, finances) le développement des circuits courts et longs, déclinés en métiers dans l’économie sociale et solidaire. Elle nous invite à aller sur des sites internet qui proposent des exemples d’alternatives :
www.criirad.org/ (air)
www.epurscop.fr/ (eau)
miramap.org/ (nourriture)
www.habicoop.fr/ (habitat)
www.solagro.org/ (énergie)
www.ardelaine.fr/ (production)
www.finansol.org/ (finance)
www.ufisc.org/ (culture)
Yvon Poirier, canadien, du RIPESS Amérique du Nord, nous présente 4 alternatives :
- Au Japon, le Seikatsu Club coopérative Union, fondé en 1968, est une union de 32 coopératives (avec 95 % de femmes),
- Au Népal, le FECOFUN, fédération des usagers de la foret, depuis 1994, face à une déforestation massive, l’état confie la gestion de la foret aux communautés,
- En Indonésie, l’ONG Bina Swadaya, depuis 84, lutte contre la pauvreté par une méthode d’empowerment des communautés de base marginalisées,
- En Inde, l’ASSEFA (Association for Sarva Seva Farms), soutient les paysans sans terres depuis 1968. Son objectif est de poursuivre les objectifs de Gandhi d’améliorer la vie des plus pauvres, en établissant des communautés autosuffisantes, autogérées, basées sur les principes de liberté, d’égalité économique et de justice sociale.
Yvon Poirier met en avant les points communs de ces organisations ancrées dans les communautés.
Le dernier temps fort a été l’organisation de l’assemblée de convergence. L’objectif était de rédiger, avec tous les acteurs présents, ayant participé aux ateliers sur ce thème dans la semaine (les contributeurs), une déclaration qui ne serait pas modifiée par des « spécialistes » par la suite.
Un prochain forum social mondial thématique sur l’économie sociale et solidaire aura lieu en juillet 2013 au Brésil. (Un forum social mondial migration FSMM aura lieu en 2014 à Johannesburg.)
Pour aller plus loin :
Joyeuses Pâques !