Nous voilà à Tunis depuis 4 jours : une nuit en auberge de jeunesse et 3 nuits, chez Zazu, volontaire DCC, qui nous a bien expliqué le contexte politique tunisien et l’organisation du FSM dans ce contexte. Pour ce soir, on vient de trouver un petit hôtel !
Après une première journée de jolie pagaille mardi, le FSM s'installe doucement sur le campus : les stands poussent comme des champignons, toutes les luttes se croisent, les murs se couvrent d'affiches de revendication de partout dans le monde. Les revendications sont même parfois contradictoires, voire très radicales et extrémistes. Les ateliers s'organisent : on commence à connaitre mieux le campus et repérer les zones et les salles. Les gens distribuent des tracts pour la pub pour leurs ateliers. Que de découvertes et de richesses ! J'ai envie de participer à tous les ateliers : les thèmes sont nombreux, migrations, fiscalité, révolutions arabes, laïcité, économie sociale et solidaire, mouvements sociaux et internet, Palestine, transition énergétique, justice transitionnelle, luttes des femmes, citoyenneté, théatre forum, près de 800 ateliers sur 4 jours... Beaucoup de tunisiens nous interpellent, pour évoquer leurs pays et la crise politique qu'ils traversent. Certains ne savaient pas ce qu'était un FSM.
Hier matin, j'ai participé à l'atelier sur la mobilisation de la jeunesse et éducation à la citoyenneté avec des associations d’Égypte, Palestine, Argentine, Algérie, Burundi, Birmanie. Nous avons cherché à travailler (en plusieurs langues) sur le vocabulaire : tous, nous ne mettons pas les mêmes idées sous certains mots, citoyenneté, démocratie, Vivre ensemble, identité, mémoire collective. En plus petit groupe, avec un espagnol, un colombien, une marocaine et des bénévoles de plusieurs associations françaises très différentes, j'ai réfléchi plus précisément à la notion du vivre ensemble. Vivre ensemble :
- construire ensemble,
- créer des espaces favorables d'échanges, de connaissance mutuelle,
- vivre en équilibre et en Harmonie, respectueuse des différences,
- internet peut favoriser les échanges et faire tomber les clichés (et ça peut servir ! vous verriez tous ces gens qui sont constamment connectés sur Face Book ou twitter lors des ateliers et assemblées ou pour se donner RV)
- une jeune fille marocaine, bénévole dans 2 associations (Quartier du Monde et Gadem) nous expliquent comment il est difficile de militer au Maroc, dans un pays qui ne reconnait pas le racisme. Leur association n'a toujours pas été reconnue depuis 5 ans, qu'ils se réunissent. Ils ont donc des difficultés à trouver des salles pour se réunir et certains se sentent menacés.
et les débats se poursuivent dans le couloir : y-a-t-il une démocratie de façade et une démocratie réelle ? Le mot fierté n'a pas le même sens pour tous. Comment l'éducation populaire peut-elle transformer son action pour peser dans la démocratie ? Les mafias remplacent-elles les dictatures ? Est-ce qu'au CCFD - Terre Solidaire, on participe à la convergence des luttes et on devient un mouvement social ?
J'y retourne !