Par Matthieu Damian (Directeur de l'école de la Paix), 

L'école de la Paix est l'une des structures impliquées dans le réseau de réflexion sur la richesse initié par le CCFD - Terre Solidaire et son partenaire School for Well being.


L’Ecole de la paix est une association grenobloise qui a été créée en 1989 avec pour objectif de prévenir les conflits. Pour ce faire, elle a développé trois grands axes de travail. Le premier consiste à créer et à diffuser des outils pédagogiques de promotion du vivre-ensemble dans les écoles, les collèges et les lycées. Le second a pour but de proposer des modules de formation sur la culture de la paix dans un certain nombre d’universités rhône-alpines. Il s’adresse également aux cadres de la société civile qui veulent se former à des thématiques liées à l’apprentissage de la démocratie, par exemple.

Enfin, le dernier axe répond aux sollicitations des associations de la société civile dans le monde qui souhaitent travailler avec nous. Pour des raisons évidentes, nous avons restreint ces activités à des liens pérennes avec la Colombie et le Congo-Brazzaville. Nous sommes en train de répondre favorablement à une demande formulée par un partenaire brésilien qui travaille spécifiquement sur la culture de la paix. Nous avons choisi de mettre en évidence quelques-uns des enseignements issus de nos expériences via un site intitulé « territoiresdepaix ».

Comme Jean Gadrey ou Florence Jany-Catrice, auteurs d’un livre sur ce thème, nous sommes conscients des limites du concept de croissance. En outre, nous avons été sensibilisés au Bonheur National Brut, cette initiative portée justement par le gouvernement du Bhoutan. Nous avions, à cet égard, rencontré des membres de l’organisation thaïlandaise School for Well-Being Studies, qui travaillent dans ce domaine. Nous nous félicitons d’ailleurs de voir la région Rhône-Alpes se saisir d’un tel sujet et profiter d’une réunion de l’Association des Régions de France, en avril 2012, pour mettre en avant une telle thématique.

Lorsqu’on parle de développement durable, on n’a trop souvent  qu’une seule thématique en tête : la préservation de l’environnement. Il faut évidemment s’en préoccuper car nous n’avons qu’une seule planète. En revanche, n’oublions pas les deux autres piliers de ce concept : le social et l’économique. La réflexion sur les indicateurs de richesse nous permet de plaider aussi pour une redistribution qui permette, par un choix politique clair et courageux –alors même qu’il ne devrait pas l’être puisqu’il concerne une grande partie de la population ! - de redonner des chances à ceux qui ont moins et une attention particulière aux conditions de travail qui permettent cette création de richesse.

Nous soulignerons enfin que l’appartenance à ce Réseau pourrait permettre de remettre en avant la question fondamentale posée par Robert Castel il y a vingt ans maintenant dans « Les métamorphoses de la question sociale » : « Quel est le seuil de tolérance d’une société démocratique à ce que j’appellerai, plutôt que l’exclusion, l’invalidation sociale ? Telle est à mon sens la nouvelle question sociale. Qu’est-il possible de faire afin de remettre dans le jeu social ces populations invalidées par la conjoncture, et pour mettre fin à une hémorragie de désaffiliation qui risque de laisser exsangue tout le corps social ? »