Animateur : Jean-Marc Gerlier
Intervenants :


Mathieu LAFRECHOUX, directeur des opérations et des partenariats européens au GRDR(Groupe de recherche et de Réalisations pour le Développement rural), partenaire du CCFD-Terre Solidaire


Lela BENCHARIF, Vice-présidente du Conseil régional déléguée à la démocratie participative, à la vie associative et à l’éducation populaire.

Quelques données sur les migrations :
•    Dans le monde, il y a 215 millions de migrants : cela n’a pas changé depuis 50 ans
•    Propension à migrer : 2 fois plus importante dans les pays riches que dans les pays pauvres.
•    Les migrations Sud-Sud sont les plus importantes. Certains territoires deviennent des poudrières
•    Transferts financiers des immigrés en France vers leur pays d’origine en 2010 : 346 Milliards de dollars = 3 fois l’Aide Publique au Développement

Pouvoirs publics et migrations :

  •  Lutte contre l’immigration clandestine : logique sécuritaire en passant des accords avec les pays d’origine
  • Privilégier la migration pour le travail
  •  Lien entre développement des pays et régulation de la migration : en contrepartie d’une aide publique, favoriser le renvoi des migrants dans leur pays. Ainsi les pays de l’Afrique de l’Ouest qui était un lieu de mobilité séculaire pour les populations font la traque aux étrangers à la demande de nos pouvoirs publics.

Le GRDR accompagne les actions de développement des migrants vers leur pays d’origine : avec les pays du fleuve Sénégal : Toues les personnes originaires d’un même village se regroupent en association, cotisent et réalisent des projets dans leur pays. L’impact est phénoménal et les migrants arrivent à mobiliser des partenaires ici.


Comment faire face au vieillissement des migrants ?

  •  Les jeunes ne vont pas s’impliquer de la même façon dans le soutien au développement de leur pays. Ils auront à s’approprier ce qu’ont fait leurs aînés, ils s’engageront plus dans l’éducation au développement ici, en valorisant l’histoire de leur pays.
  •  Les plus de 60 ans représentent 30%de la population d’origine maghrébine. Comme toutes les personnes de milieux populaires  elles n’auront pas accès à nos maisons de retraite trop chères. Que vont-elles devenir ? Que dirons-nous si des maisons de retraite s’ouvrent, financées par le Golfe persique ? On criera à la non-intégration.
  • Se pose aussi pour ces populations la question de leur mémoire collective.

Evolution actuelle :
Si avant, les migrants d’Afrique sub-saharienne étaient plutôt issus du milieu rural et venaient à la demande de la France, maintenant, il y a plus de personnes de la frange éduquée. Elles ne sont plus autant attirées par la France et l’Europe qui se ferment à ces mouvements migratoires.
Nous sommes devant un problème politique majeur : l’histoire de l’humanité tout entière doit être pensée avec la mobilité des populations. C’est un tabou politique, mais il faut le dire : l’Europe ne pourra pas se passer des migrants pour renouveler sa population
La politique de l’Europe et des états qui la composent doit prendre cela en compte car l’enjeu démographique est de taille. ( même le MEDEF s’en préoccupe)
L’immigration sélective et choisie par les pays du Nord est dangereuse sur le plan éthique et de plus, on continue ainsi à piller les pays d’origine, entre autres  leurs « cerveaux » 


Grandes tendances de l’immigration en France
Après 1945 : une immigration massive d’origine coloniale, déjà amorcée entre les deux guerres et qui succédait à une immigration en provenance des pays voisins et de la Pologne.
Dans les années 50/60, l’immigration africaine est devenue supérieure en nombre à l’immigration européenne
En 1970 : crise économique et arrivée de l’immigration familiale
1989 : chute du mur de Berlin, puis guerre des Balkans : nouveaux courants migratoires
Depuis 2009 : diversification des courants migratoires, des catégories d’étrangers sans –papiers qui rajoutent une insécurité juridique.

Une intégration dynamique ?
Du terme d’assimilation à l’époque coloniale où l’on demandait par exemple de renoncer au statu de musulmans, on est passé au terme d’intégration.
Où en est-on ? Tout n’est pas un échec, en 40 ans, il ya eu un mouvement de mobilité sociale parmi les immigrés.. L’école qui a été un espace de socialisation pour beaucoup, l’est encore même s’il est maintenant fragilisé
L’observatoire des zones urbaines sensibles montre que le taux de chômage est de  48% pour les jeunes issus de l’immigration et que 37% des familles d’immigrés vivent dans les zones urbaines sensibles de catégorie 1
On observe la discrimination à l’emploi, au logement
A noter : la réussite éducative des enfants issus de l’immigration maghrébine est supérieure à celle des enfants issus de l’immigration européenne, surtout en ce qui concerne les filles. 


Importance du co-développement Ici et LA-BAS
-    au sein du GRDR, un accompagnement technique et financier par les associations et les collectivités locales
-    la coopération décentralisée : elle entraîne la valorisation de la présence des migrants. Les associations font un retour beaucoup plus parlant lors d’animations sur une thématique de développement : exemple  la coopération entre l’hôpital de St Denis et celui de Khayes au Mali : appui à la formation permanente, réflexion sur le pour quoi de l’hôpital. On sort des échelles nationales pour se connecter sur des réalités locales.
-    Chez nous, absence des migrants dans les conseils municipaux : cela entraîne la création de comités consultatifs composés exclusivement d’étrangers : cela ne favorise pas le développement chez nous avec eux.

Quelques points du débat
La France n’était pas prête à intégrer nos parents car ils devaient venir pour un temps donné de travail ou pour les études : rien n’a été prévu sur la durée. Le mythe du retour pour nous s’est cassé la figure à la fin des années 80.
Si l’école et la famille sont des espaces de socialisation, il y en a d’autres : associations etc.
La politique dans les zones sensibles : le désenclavement a un coût, on a les moyens de mettre en place des politiques pour le faire : C’est une affaire de volonté politique.
Le conseil régional organise des formations à la non-discrimination dans les CFA de la région Rhône-Alpes.