De notre correspondant

Il était plusieurs fois d’autres mondes possibles

Comme beaucoup, il a été choqué par les images de charges violentes de la police italienne sur des militants altermondialistes pacifiques, lors du G8 qui s’est déroulé à Gênes en juillet 2001. Mais de son propre aveu, il lui a fallu du temps pour digérer tout ça. Et puis Andrea Ciantar a eu une idée. S’inspirant de la méthode autobiographique créée par Bonaventura de Souza Santos, un sociologue portugais, qui consiste à enseigner/apprendre des/aux autres à partir d’histoires vécues, le sociologue romain a lancé en 2005 « les histoires d’un monde possible. » (www.powos.org)

« Dans ce projet, nous proposons à des gens et à des groupes sociaux de raconter leurs histoires de luttes et de conflits, explique Andrea. Cela peut se faire à travers un texte manuscrit ou envoyé par mail, une vidéo, un témoignage sonore, un diaporama et même à travers divers modes d’expression artistique comme le théâtre, le dessin, etc… » A chaque témoignage, les protagonistes doivent indiquer quels moyens ils ont mis en œuvre pour continuer la lutte. Objectif ? « Nous pensons qu’à travers la narration de leurs propres histoires, les personnes et organisations peuvent apprendre aux autres, mais surtout d’elles mêmes, parce lorsqu’on est dans l’action, nous n’avons pas vraiment le temps de réfléchir ou de se souvenir. »

Source d’inspiration pour mener d’autres luttes ailleurs sur la planète, mode de compréhension du monde qui nous entoure, « cette bibliothèque mémorielle des conflits racontés par ceux qui les ont vécu constitue surtout un vivier de suggestions d’alternatives pour un autre monde possible, se réjouit Andrea Ciantar. Avec en prime, grâce à la diversité des formes d’expression et à l’accès sur Internet de tous ces récits, la possibilité de passerelles culturelles. » Donnant lieu chaque année à une « sélection », les projets retenus sont ensuite mis en ligne dans une édition spéciale. Attention, pour pouvoir figurer dans le millésime 2008, les travaux doivent être envoyés avant le 8 mars 2009. Allez, pour vous aider, on vous souffle le début : « Il était une fois… »

Jean-Claude Gérez,
journaliste


Atelier criminalisation des mouvements sociaux

01_02.jpgEtre militant en France demande de la volonté et du dévouement. Cependant, certains militants rencontrés à Belém nous rappelle à quel point nous avons (encore ?) la chance de vivre dans un pays où la vie n’est pas menacée par son engagement citoyen. vendredi 30 janvier, à l’université agricole de Belém, se déroulait un atelier sur la criminalisation des mouvements sociaux. Plusieurs militants de Bolivie, de Colombie, du Mexique ou encore et du Pérou se sont succédés à la tribune afin de rapporter aux participants leurs engagements de syndicalistes paysans ou de militants politiques.

Hugo BLANCO, intervenant lors de l’Atelier est « une légende vivante au Pérou » affirmait l’un des participants. Anciens leader des mouvements paysans, celui-ci s’est battu toute sa vie pour défendre la cause des indigènes et des petits paysans. A de nombreuses reprises et jusqu'à 2008, leur gouvernement a tenté de chasser les paysans de leur terre afin d’y construire une autoroute ou un aéroport. « Les terres du Pérou sont vendues petit à petit à des investisseurs privés pour leurs ressources naturelles » nous explique-t-il. Déjà au début des années 60, alors qu’Hugo BLANCO était l’un des dirigeants du soulèvement paysan de la région de Cuzco, il fut emprisonné et condamné à mort. Une grande campagne internationale, relayée par Amnesty Internationale a permis sa libération.

Les autres militants nous racontent à leur tour les menaces qu’ils subissent pour défendre des causes justes. L’un raconte comment en 1997 une tribu indigènes qui défendait leurs terres fut victimes d’un massacre, ou en 2007, lorsqu’un journaliste étatsunien, qui suivait des mouvements paysans fut tué par l’armée. Le gouvernement mexicain fut alors reporter la faute sur les mouvements sociaux.

Alors que les interventions étaient chacune marquée de souffrances, les échanges et débats avec la salle laissa place à l’espoir. La mise en réseau des mouvements sociaux, la place des médias et des médias alternatifs en particulier permettent de dénoncer ces crimes contre les acteurs des mouvements sociaux. Le Forum Social Mondial, réunion internationale de citoyens facilite largement la construction de ce réseau et la consolidation de la solidarité internationale.

Aucune conclusion finale ne peut être faite de cette rencontre. Cependant, il parait évident qu’informer et s’informer peut être d’un plus grand soutien qu’il n’y parait.

Hugo Vandamme,
militant de la JOC et du CCFD à Lille


Atelier Crise financière

01_02a.jpgLes enjeux de l’atelier : analyser les impacts et les origines de la crise pour arriver à la proposition de solutions et d’alternatives communes.

Plusieurs intervenants ont rappelé le caractère systémique et global de la crise et la prévision de sa transformation en crise mondiale lorsqu’elle aura touché les pays du sud signant ainsi la faillite globale du système des trente dernières années. A l’origine de la crise, une mauvaise répartition des richesses, une exploitation intensifiée : salaires faibles, superproduction, profits élevés par accumulation du capital avec une réduction des dépenses sociales.

Quelques propositions choisies, solutions, alternatives retenues au cours des exposés :

  • Lutte contre les paradis fiscaux (rôle très important dans la crise, notamment dans les pays du sud) par la révélation des données des entreprises, la suppression des évasions d’impôt, la transparence et la traçabilité des transactions financières. Pour arriver à ces objectifs, il semble nécessaire de s’organiser en plates-formes d’alliance (ex Tax Justice Network)
  • Contrôle publique des banques (secteur financier à considérer comme un bien public)
  • Suppression des accords de l’OMC (GATT) sur les services qui obligent les pays du sud à accepter l’entrée de banques internationales
  • Développer des systèmes bancaires locaux voire des monnaies locales
  • Création de nouvelles institutions internationales ou refonte des institutions existantes

Une intervention de notre partenaire éthiopien : Comment peut-on donner le contrôle des banques à l’état dans un pays dictatorial ? Envisager une autre structure de contrôle ? Adapter aux situations politiques des pays ? La réflexion me paraît intéressante car elle nous replace dans la problématique réelle des pays du sud dont nous sommes parfois bien déconnectés (même dans ce type d’ateliers.. ??).

Petit tour d’horizon de la crise sur différents continents : arrêt sur l’Afrique La question primordiale de l’existence de l’Afrique dans la gouvernance mondiale est posée. La crise touchera l’Afrique via le ralentissement des flux et aides au développement. L’intervenant souligne l’attitude expectative de ces pays par rapport aux solutions des pays du Nord. L’espoir : l’organisation de la société civile.

2 propositions importantes :

  • S’inscrire dans le processus onusien de recherche de solutions face à la crise
  • Etablir une fiscalité internationale (sur transactions et transport)

L’atelier s’est terminé par l’élaboration de propositions concrètes, dans un processus d’ouverture au maximum d’acteurs de la société civile.

Christiane Lépine,
bénévole du CCFD à Grenoble


Question « GENRE »

Cet atelier a été mené par « La Marche Mondiale des Femmes ». Il a réuni plus d’une centaine de femmes venant essentiellement des pays de l’Amérique latine. Pour elles « le genre » semble invariablement être abordé par des revendications liées aux droits sociaux, économiques et politiques.

Conscientes de ne pas avoir la place qu’elles méritent aussi bien en famille que dans la société, elles s'investissent dans des petits métiers liés à l’alimentation, la vente sur les marchés et les échoppes de fortune. Elles s’organisent en coopératives pour écouler les produits de l’artisanat sur le principe du commerce solidaire. Le gouvernement a crée un statut allégé de toute fiscalité pour cette catégorie de marchandes et sont ainsi devenues légales. Elles n’échappent pas à la pauvreté mais revendiquent le droit à la scolarité.

Les femmes africaines lancent un cri d’alarme sur les violences faites aux femmes parce que les gouvernements ne font rien. Là où règnent la guerre, les femmes sont toujours les premières victimes.

Peu de textes de l’ONU se réfèrent aux « questions genre », il est nécessaire d’aborder ces graves questions par un travail en collaboration avec les hommes et les femmes.


Cathy Kappler, membre de l’ACF,
bénévole au CCFD