Un forum « sciences et démocratie » a eu lieu pendant deux jours avant le FSM. Il s’agit de la 2e edition après celle de Bélém en 2009 : 90 organisations, 300 participants de tous âges, de divers pays et regroupant différents types d’acteurs étaient présents. Plusieurs séances plénières, tables rondes et ateliers ont eu lieu permettant d’aborder différents sujets ; voici quelques points forts retenus :

 

- un premier constat est que le monde a été décrit par  la science comme une immense machine dont les hommes sont des éléments interchangeables, l’éducation ayant été adaptée à ce système de division du travail en secteurs. Ceci appelle une réflexion en faveur d’une éducation moins disciplinaire, moins sélective avec des élèves co-créateurs de leur savoir.

 

- Buupa Diop (universitaire sénégalais) déplore que l’histoire de l’Afrique n’ait été décrite que par les occidentaux. N’est-ce pas à l’Afrique d’écrire sa propre histoire ? Il notait que les mots utilisés n’étaient qu’une déformation de mots d’origine africaine perdant ainsi le savoir qu’ils portaient.

Dans cette veine, Baudouin Jurdant (fondation sciences citoytennes France) craint la création d’un ordre épistémologique mondial (une langue unique pour tous les chercheurs). Pour ne pas perdre le savoir que véhicule la diversité des langues, il prône un désordre épistémologique mondial.  

 

- Les dernières années ont conduit à une privatisation de la recherche et une intégration de la connaissance dans le marché. Mais des mouvements alternatifs se dessinent pour reconnaître la valeur de la gestion des biens communs, encouragés par l’octroi du prix Nobel d’économie à Elionor Oestrom pour des travaux autour de la gestion des biens par les communautés. La voie a été aussi lancée par les logiciels libres.

 

- Dans l’atelier « quelle science pour quel progrès ? », Geneviève Azam (économiste membre d’ATTAC) dit « la vraie crise, c’est la crise de la domination de l’économie sur l’ensemble des activités humaines » : une économie incapable de prendre en compte l’irréversibilité, la finitude des ressources et la réalité du vivant et des sociétés. Elle appelle à une profonde mutation des esprits pour entrer dans le monde d’une prospérité sans croissance, une sobriété heureuse…

 

- Un atelier a mis en exergue la nécessité d’une synergie entre acteurs de la société civile et chercheurs pour influer sur la politique.

 

Des convergences ont proposé la création d’une université ouverte en Afrique, d’un « monde diplomatique de la recherche », de la constitution d’un réseau international pour continuer la dynamique de ce forum.

Pour en savoir plus : http://sdwf-fmsd.org

 

Bernard Rio, Christian Bourdel, Christophe Morel, Laurence Preud’homme

5 février 2011

 

Le forum Science et Démocratie, à l'école polytechnique de Dakar.

Forum science et démocratie 2, Laurence Preud'homme, 5 février 2011

Forum science et démocratie, Laurence Preud'homme, 5 février 2011

Photo: Laurence Preud'homme, 5 février 2011