Première journée à Buenos Aires, à la rencontre d’actrices de Nanderoga, qui signifie en Guarani « Notre Maison ». Une espace, dans un quartier délaissé de Florida Este, joliment renommé Flores. Un état démissionnaire, qui laisse des populations sans accès aux services publics, à la merci des violences policières.

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Des actions intégrées les unes aux autres

Nanderoga, l’association rencontrée dans le quartier, regroupe plusieurs espaces : une association de défense des droits de femmes, une université populaire, une coopérative alimentaire, un « centre social » pour les plus jeunes et un espace d’accompagnement de jeunes à leur sortie de prison. Ensembles, ces espaces développent une approche holistique et globale, ancrée dans une réalité poignante. Ici, la convergence des luttes se pratique au quotidien. « Quand les universités populaires descendent dans la rue pour revendiquer la reconnaissance de leurs diplômes, toutes les autres organisations les rejoignent… », « idem lorsque les femmes défilent pour la défense de leurs droits ».

Une approche pédagogique et démocratique impressionnante

Pamela nous présente le fonctionnement de ce lieu : « Les différents espaces se réunissent en une « assemblée » qui prend des décisions au consensus, « parfois cela peut durer longtemps, mais en général, on trouve un compromis ». Depuis plusieurs années, l’organisation a su développer une pédagogie de l’écoute, une stratégie fine et efficace, basée sur l’expérience et les réalités du quartier, « on expérimente avant de conceptualiser ».

L’exemple de « suenos de Libertad »

Des salariées du programme étatique « Patronado de los liberados » nous racontent l’évolution de leur travail d’accompagnement des jeunes à leur sortie de prison. Gabriela et Patricia, salariées de l’état, n’effectuaient il y a quelques années qu’un simple suivi administratif des jeunes. Elles ont réussi à convaincre leurs supérieurs que leurs actions, si elles sont déconnectées des autres organisations et espaces d’action (université, apprentissage, accompagnement des familles etc), sont inefficaces. En travaillant main dans la main avec « suenos de Libertad », au sein de Nanderoga, elles proposent aujourd’hui des espaces d’échange, d’écoute et de formation. Pour elles, c’est un véritable changement de paradigme qui témoigne d’une prise de conscience de l’état que l’accompagnement institutionnel n’a de sens que s’il est adapté à la réalité sociale d’un quartier.

Ce que nous verrons encore d’avantage les prochains jours…