En attendant le départ pour la manifestation paysanne, le matin du 4 avril, nous avons poursuivi l’échange de graines avec l’un des agriculteurs brésiliens, Isaac, passionné par la sauvegarde des semences natives. Nous étions trois ou quatre personnes, d’horizons différents, intéressées pour expérimenter des semences du Brésil. Dans de petits sachets en papier, se trouvaient un échantillon de graines de variétés différentes. Maïs à pop-corn, maïs noir, maïs pour la farine, sarrasin, hibiscus, riz noir aux grains minuscules (un tiers de la taille des grains de riz que nous connaissons), feijao et porotos (haricots) de toutes les tailles, de toutes les couleurs et pour toutes les utilisations. L’un d’eux s’appelle rayon de soleil ! Tous ces haricots se mangent secs, en tant que légumineuse, et deux d’entre eux servent d’engrais vert. Isaac a aussi un sésame blanc et un sésame noir, différentes variétés de blé sans barbe. Le melon sancaetano a des graines dentelées, de la grosseur d’une graine de courge. Quand le fruit est mûr, il s’ouvre. Le quino, un petit fruit hérissé de pics, n’est pas très goûteux… mais riche en vitamines assure Isaac, qui nous convainc d’en prendre quelques graines ! Quant à la courge éponge à graines blanches, elle n’est pas comestible mais elle se fait sécher et s’utilise pour la toilette.
Les jours suivants, à chaque passage dans une communauté, Isaac dispose ses graines en petit tas sur une grande feuille blanche et nous inscrivons la variété à côté de chaque échantillon. « El mercado de las semias es abierto », lance Fernando en riant. Les membres de la communauté se pressent alors autour de la table et choisissent les variétés qui leur seront utiles. Il est étonnant de voir à quel point les enfants et les adolescents sont, eux aussi, curieux et intéressés par les semences. Quant à Isaac, il repartira avec dans sa besace différentes sortes de citrons, des semences de manioc…