Helene_Noisette.JPG, déc. 2020 120 à 140 participants (car certains partageaient leur écran) ont suivi samedi 14 novembre les interventions d’Hélène Noisette, agronome, du CERAS, et celle de Karim Sall de l’association ADEPA, partenaire du CCFD-Terre Solidaire.

Hélène Noisette

  • « Le moins peut être plus. Il s’agit de décroître pour que d’autres puissent croître. »

Nous vivons une époque de multiples défis : social, sanitaire, écologique, politique… Une imbrication de crises dont la crise écologique grave qui touche l’ensemble de la planète. Même si on note des améliorations dans certains domaines (par exemple sur la destruction de la couche d’ozone, du fait de la baisse des émissions des aérosol), deux limites ont été franchies : celle de l’érosion de la biodiversité et celle de la perturbation des cycles biogéochimiques. 10 espèces disparaissent par an, nous vivons une extinction de masse. Les menaces pèsent sur les espèces, avec le recensement de la disparition déjà de 30% des amphibiens, 25% des conifères, 25% des récifs coralliens, 25% des stocks de poissons, 21% des mammifères, 12% des oiseaux.

La crise climatique qui se manifeste par un réchauffement de + 1 degré depuis le début du siècle, se conclura par une catastrophe à la fin du siècle, avec +6° à + 7°, rendant les terres inhabitables, provoquant sécheresse, inondations, ouragans et incendies, engendrant des conflits dus à la pression sur les ressources naturelles, entraînant des migrations climatiques de masse (250 millions de réfugiés climatiques estimés d’ici 2050), les pays les plus menacés étant l’Afrique et l’Asie.

Que faire ?

  • - D’abord redistribuer les richesses, et passer d’une économie extractive à une économie circulaire.
  • - Prendre en main la transition écologique (des exemples nombreux existent)
  • - Favoriser l’emploi (revenu de transition écologique pour les personnes qui ont perdu leur travail à cause de la crise écologique)
  • - Construire des sociétés protectrices face aux chocs : la protection sociale, le revenu, la production, la sécurité alimentaire.

C’est un état des lieux très lourd et sombre. Mais des initiatives germent pour la conversion écologique professionnelle, personnelle et collective. Il y a beaucoup de choses que l’on peut faire même si la situation est grave.

Nous changerons si nous avons une idée d’un imaginaire désirable, en prenant conscience douloureusement des réalités, en osant les regarder et surtout en transmettant ce qui se fait déjà. Un renoncement radical est nécessaire pour que le changement soit réel.

La société de consommation engendre des souffrances, des frustrations, l’accumulation de biens artificiels et la destruction de l’environnement. Il est indéniable que l’éducation et la spiritualité écologique (quelle que soit la spiritualité) permettent de s’ancrer dans cette transition vers un monde meilleur, une sobriété qui permette le bonheur. Le consumérisme et le gaspillage sont des enjeux plus importants que les enjeux démographiques. Avant de se demander si on peut nourrir le monde, il faut se poser la question de quel monde on veut. Car nos modes de vie de pays riches sont insoutenables pour les pays pauvres.

La crise du Covid 19 montre un sursaut des populations riches qui ont un pouvoir économique et politique. Elles comprennent leur vulnérabilité, la crise est porteuse de sens. Nombreux sont les lieux de résistance et on ne doit pas s’abandonner à la confusion et la désespérance. Toutes ces initiatives montrent que Dieu est à l’œuvre à travers les femmes et les hommes de bonne volonté, qui adoptent une posture de résistants face à ce qui met à mal l’humanité.

Karim Sall de l’organisation ADEPA, partenaire du CCFD-Terre Solidaire adepa.JPG, déc. 2020

  • Une leçon de résistance
  • Pêcheur sénégalais, engagé dans la création de zones protégées sur 56 aires marines ; 160 bateaux sur 778 km de côtes sénégalaises ; 21500 pirogues artisanales. Il note une forte évolution de la pêche qui compte un grand nombre d’artisans, hommes et femmes, qui travaillent comme pêcheurs, commerçants…

L’ADEPA lutte contre la destruction de l’écosystème, la pêche illégale, et Karim dénonce les responsabilités de l’Europe et de l’Asie qui menacent gravement les espèces par la surexploitation des ressources halieutiques. La découverte de gisements de pétrole aggrave le tableau catastrophe, car son extraction va déstabiliser le pays et augmenter la raréfaction des ressources naturelles.

Les actions principales d’ADEPA

  • Protéger les aires marines, responsabiliser les pêcheurs, conserver la biodiversité, améliorer les rendements en même temps que les retombées sociales sur la population la plus précaire.
  • Par exemple interdiction de la senne de plage ; immersion de pots à poulpes sur les récifs ; respect des repos biologiques ; protection des nids de tortue, reboisement de 554 ha de mangroves; ensemencement des arches à huitres (femmes) ; interdiction de la pêche nocturne ; contraintes par des règles internes de pêche pour protéger la reproduction des espèces.

La cause des migrations est dans ce non-respect des pêcheurs, dans le pillage des ressources comme le mérou ou le thon par les bateaux européens et asiatiques.

  • Karim a souligné la nécessité de revoir les licences et les accords de pêche UE/Afrique et notamment le gaspillage alimentaire : ¼ des denrées sont gaspillées ! 41 tonnes d’aliments jetés, grand émetteur de gaz à effet de serre.

Revoir le webinaire : https://vimeo.com/481992955

Notes de Renée Gaude membre de l’EAD du diocèse de Viviers, bénévole du CCFD-Terre Solidaire Crédit photo : Revue Projet

Retrouvez aussi l'émission RCF sur la résilience (2mn) réalisée par l'équipe locale CCFD-Terre Solidaire à l’issue de ce webinaire : https://rcf.fr/actualite/resilience