Tiphaine__Anna__Oliana.jpg- Que peux-tu nous dire de ton histoire d'engagement dans le monde ?

J'ai eu la chance de voyager à l'étranger avec mes parents depuis toute petite. Après le bac, j'étais très investie aux "restos du cœurs", mais je rêvais de faire de l’humanitaire, et je suis donc partie dans le Nord de l'Inde avec une association. J'ai donné des cours d'anglais à de jeunes moines bouddhistes tibétains réfugiés en Inde pendant un mois. Pour moi, ça a été une expérience formidable, et je suis tombée amoureuse de l'Inde, et de la culture tibétaine. En même temps, j'ai commencé à me rendre compte des absurdités de certaines associations occidentales : beaucoup d'ONG construisaient des projets en amont, sans diagnostic ou concertation avec les locaux, qui n'étaient donc pas adaptés aux personnes concernées. Et à côté de ça, j'ai rencontré des groupes de tibétains qui souhaitaient monter leurs propres projets, mais ne trouvaient pas de soutien.

Pour me spécialiser sur ces questions, j'ai choisi de faire mes études dans le secteur de la solidarité internationale (en commençant par un DUT "Gestion du Développement et de l'Action Humanitaire").

Je suis retournée en Inde un an plus tard, dans le cadre d'un stage, et pour une association de soutien aux minorités de l'Himalaya. Tout en continuant de m'intéresser aux questions de solidarité internationale, mon engagement s'est ensuite tourné vers le développement plus local en France puisque l'on m'avait dit que pour faire la révolution, " balaie d'abord devant ta porte ! ".

 

- Quel sens de cet engagement avec d'autres, pourquoi avec d'autres, pourquoi dans le monde ?

 

Pour moi, un projet associatif n'a pas de sens s'il n'est pas collectif. M'engager en service civique au CCFD- Terre Solidaire était une sorte de suite logique de mes réflexions autour de la solidarité internationale. Une association occidentale doit venir en soutien à des partenaires, et cette volonté du CCFD-Terre Solidaire de ne pas être dans une logique d'assistanat me plaisait beaucoup. Les projets qui avancent collectivement sont plus pertinents, et c'est aussi plus sympa ! En plus, cet engagement avec d'autre c'est surtout un apprentissage, et mes différentes expériences à l'étranger m'ont appris que tu reçois toujours plus que ce que tu peux donner.

Et en Rhône-Alpes, il y a une bonne ambiance et on a la chance d'être trois volontaires !

- Quelles questions cela te pose ?

S'engager dans la solidarité internationale pose forcément des questions éthiques, et je crois qu'il faut toujours garder le doute de " est ce que c'est pertinent, est ce que c'est la meilleure façon de participer à la solidarité ? "

Ça doit forcément poser la question du travail en coopération, d'autant plus lorsque les "bénéficiaires" des projets sont à l'étranger : je crois qu'il faut toujours faire bien attention à ne pas tomber dans des logiques d'assistanat, et de se dire qu'on est tous au même niveau d'égalité.

- Un symbole de ton engagement ou une expérience à partager avec nous ?

J'ai travaillé avec des réfugiés tibétains en situation de handicap dans le nord de l'Inde, et avant de partir, l'association m'avait dit que les personnes étaient en situation de handicap moteur et parlaient toutes anglais... A mon arrivée au centre, j'étais en charge d'un groupe de 12 personnes, de 10 à 55 ans, tous en situation de handicap mental assez lourd et ne parlant absolument pas anglais ! Finalement, j'ai passé un mois extraordinaire avec eux, alors que c'était un public qui m'était totalement inconnu, j'ai un peu appris le tibétain mais nous avons réussi à communiquer autrement que par les mots !