Par groupe Araguaìna (74),

10 jeunes du diocèse d'Annecy poursuivent leurs #JMJ13 par la rencontre des réalités de la terre dans l'état des Tocantins avec la Commission pastorale de la Terre (CPT), partenaire du CCFD - Terre Solidaire. Leurs impressions à chaud, à peine de retour en Haute-Savoie.


portraitCe_line.jpgCéline, 19 ans, envoyée par la Paroisse Bienheureux Pierre Favre des Aravis :

La semaine que nous venons de vivre à Araguaina était incroyable. Nous avons eu une chance énorme de pouvoir rencontrer toutes ces personnes qui se battent pour leurs droits et leur terre nourricière.

L’histoire de chacun était prenante, touchante ; mais si je devais partager un récit, ce serait celui de Dona Juscelina. Descendante des esclaves et âgée de 92 ans, elle est pour le peuple des Quilombolas un symbole physique et spirituel. C’est dans la souffrance et la sueur que son peuple a construit ce qu’il possède. Cette femme, qui semble si fragile, est pourtant solide comme un roc par ses engagements. C’est les larmes aux yeux qu’elle nous a accueillis et a chanté pour nous. C’était pour elle une grande joie de nous recevoir et pour nous un honneur d’écouter son histoire. Je n’oublierai jamais son visage, ses mots et sa voix qui m'ont émue et laissée muette...

C’est en voyant la réalité à l’autre bout du monde que je me suis vraiment rendue compte des conséquences de mon mode de vie. Je suis bien décidée à me poser les bonnes questions avant d’agir, car l’effet papillon n’est pas une illusion.


portrait_Paul.jpgPaul, 19 ans, envoyé par la Paroisse Notre-Dame de l'Aumône en Albanais:

Un retour en France qui était prévu mais qui après tous ces moments riches en émotions, en partage, en générosité et en fraternité; partir du Brésil pour retrouver un quotidien et une situation, une réalité bien différente de celle que nous avions vécue pendant ces 5 jours.

De retour dans mon petit chez moi; les premiers partages, témoignages de ces expériences vécues, de ces rencontres, tous ces visages, ces histoires marquantes par leur lutte, les difficultés traversées et l'espérance qui habitent ces personnes. Mais l'appréhension que certains d'entres nous avaient, que notre témoignage ne touche pas les gens autant qu'ils nous ont touchés, bouleversés. mais je continuerai de partager la richesse de tous ces moments vécus avec les gens que nous avons rencontrés. Je ferai de mon mieux pour témoigner de l'espoir que ces populations gardent malgré les épreuves qu'elles traversent et de porter leur lutte au delà des frontières de leur pays car ces luttes nous concernent tous et nous avons chacun une responsabilité dans toutes les décisions prises et notre mode de vie influe sur le quotidien de personnes à l'autre bout de la planète et chacun devrait en prendre conscience.

Quand je lui ai raconté notre rencontre avec les Indiens et les paysans qui luttaient pour la terre; la simplicité de vie qu'ils avaient, la proximité entre ces gens qui partagent les mêmes difficultés, les mêmes épreuves mais qui gardent une joie de vivre, une espérance qui est un beau témoignage de foi et une leçon de vie pour nos sociétés occidendales, ma grand-mère a eu cette phrase qui m'a beaucoup touché et aussi un peu posé question: " une vie simple, heureuse comme nous avions avant ici "

J'ai compris un peu plus que nous nous étions perdus dans cette société de consommation, matérialiste qui nous pousse à l'individualisme et à la compétitivité.


tanguy2.jpgTanguy, 19 ans, envoyé par la Paroisse Bienheureuse Mère Térésa, les bords du lac :

Ca y est, déjà rentrés! et déjà on se rend compte que la vie reprend son cours, l'ambiance est différente...Différente de quoi? De la vie en groupe, que ce soit à 10 ou à 3 millions, de l'ambiance qui nous galvanise chaque seconde lorsque nous sommes aux JMJ, des sourires qui parcourent les foules. De ces différentes étapes émergent plusieurs émotions; la joie et l'appréhension de notre arrivée à Sao Paulo, les rencontres extraordinaires que nous y avons fait. A Rio, l'effervescence de cette foule immense réunie par une seule croyance, par une seule envie, celle d'être ensemble pour témoigner et faire des disciples de toutes nations. De notre semaine à Araguaina, l'émerveillement et l'ébahissement face aux difficultés des paysans, qui résistent ensemble et ne perdent jamais espoir. Ces rencontres dans les petits groupes de la région des Tocantins nous ont bousculés, et les questions finissent par se poser, ensemble ou personnellement. Je retiens tant de choses de ce voyage, mais leur espoir et leur force face à ces bulldozers au sens propre comme au figuré me touchent et me marquent particulièrement.

 

portrait_Louise_Bourgeois.jpgLouise, 18 ans, envoyée par les Scouts et Guides de France :

Ce qui m'a le plus touchée durant ces quelques jours à Araguaina, dans ce Brésil rural très différent de Sao Paulo ou de Rio, c'est l'accueil que nous ont donné tous les habitants que nous avons rencontrés. Ils étaient honorés de notre présence et comptent vraiment sur nous pour témoigner de leur situation ; celle-ci n'est pas facile, parfois précaire, ils viennent d'avoir de nouvelles terres mais loin de chez eux et après de nombreux sacrifices. Ce que j'aimerais partager, c'est leur sourire, leur foi, leur persévérance et leur courage d'aller à contre-courant.



portraitMarie.jpgMarie, 19 ans, envoyée par la Paroisse St Marc du Parmelan :

C'est un ensemble de choses que nous remporterons en France et dans nos vies : leur courage coûte que coûte devant les difficultés qu'ils rencontrent, leurs sourires rayonnants qui témoignent de leur joie malgré tout ce qu'ils vivent, leur espérance - qui ne cesse jamais - de voir leurs droits respectés, leur générosité à notre égard, leurs mains ouvertes nous offrant leurs histoires, et leur foi immense en Dieu qui les aide à tenir, tous petits, au milieu de ce Brésil des grands propriétaires et de l'argent, ils construisent le Brésil du partage et du respect.

 

portraitEmilie.jpgEmilie, 31 ans, envoyée par le Doyenné du Faucigny :

A peine sommes-nous rentrés que déjà notre témoignage commence. A l'aéroport, le personnel s'interroge en voyant 10 jeunes étrangers couverts de peintures ethniques. Dans l'avion Rio-Paris, l'hôtesse nous demande si nous avons vu le pape. A la gare Paris-Charles de Gaulle, tous endormis sur nos tapis de sol alors qu'il est 11h du matin, nous sommes photographiés par plusieurs touristes. Dans le TGV vers Lyon, une mamie nous dit quelle chance nous avons eu de faire toutes ces expériences.

Elle a raison ! Quelle chance incroyable d'avoir pu faire toutes ces rencontres ! A Sao Paulo, à Rio, à Araguaina, et même entre haut-savoyards !

Si l'expérience de la semaine missionnaire et des JMJ était très forte, c'est la troisième semaine, passée aux côtés de la Commission Pastorale de la Terre, qui restera la plus marquante pour moi.Toutes les personnes qui nous ont reçus chaleureusement, qui se sont livrées en toute simplicité nous partageant leur histoire souvent douloureuse, ont comme point commun d'être déterminées, courageuses et pleines de confiance dans l'avenir. Leur foi est inébranlable et les mots du pape, entendus quelques jours plus tôt, n'ont cessé de résonner en moi en écoutant leurs témoignages : "Soyez révolutionnaires! Osez aller à contre-courant! Ayez le courage d'être heureux!" Des recommandations que nos hôtes semblent avoir mises en pratique depuis longtemps... Qu'en est-il de nous? Et surtout, de moi?

A un moment donné, un sentiment de culpabilité a pointé le bout de son nez : si les petits paysans du nord du Brésil perdent leur terre, c'est en partie à cause de notre façon de consommer, occidentaux exigeants que nous sommes. Mais pas question de se laisser aller au fatalisme ! Dans le minibus, secoués par les bosses et les trous de la piste, nous écoutons attentivement Xavier Plassat nous faire la lecture du livre "Faisons un rêve" pour lequel son ami Henri Burin des Roziers, fervent défenseur des sans-terre du Brésil, a collaboré. Le titre m'évoque la citation de Dom Helder Camara : "Lorsqu'on rêve tout seul, ce n'est qu'un rêve alors que lorsqu'on rêve à plusieurs, c'est déjà une réalité."

Faisons ensemble le rêve d'un autre monde, un monde de justice, de solidarité, de fraternité où les droits de chacun sont respectés, voilà le message que je vais m'efforcer de faire passer à tous ceux qui voudront bien l'entendre. En cette fin d'aventure, je pense à nos parrains, aux membres du CCFD de Haute-Savoie, à toutes les personnes qui nous ont aidés et soutenus dans ce projet, à toutes celles qui s'y sont intéressées, aux membres de la CPT... Elles font déjà partie du rêve partagé! Un grand merci !


portraitMathieu.jpgMathieu, 29 ans, envoyé par le Doyenné du Faucigny:

[NDLR c'est lui et son épouse Céline qui avaient imaginé et lancé ce projet il y a deux ans]

Quelle chance, quelle joie d'avoir pu faire tant de rencontres, d'avoir eu tant d'échanges avec des personnes qui luttent au quotidien car minoritaires et non considérées. Elles vivent à l'opposé de nos valeurs de profit financier et de rendement. La terre, leur terre, véritable mère nourricière leur est retirée, polluée, noyées et détruite. Elles se battent pour conserver cette terre et faire valoir leurs droits ! Quelle leçons de vie, de courage et de foi nous avons pu recevoir par ces personnes, nos frères et sœurs en Christ !



portrait_Denis.jpgDenis, 29 ans, envoyé par le Doyenné du Faucigny :


Je n'oublierai jamais ma semaine aux alentours d'Araguaina... de vraies rencontres, simples et touchantes, qui me rappellent que la vie n'est simple pour personne, et qu'elle peut être belle pour tout le monde ! On n'a pas tous la chance de tout avoir dès notre naissance... Alors je suis porté par la force, la foi, et le courage, de ces personnes que j'ai rencontrées. Chaque jour, elles se battent dignement pour que la vie soit plus fraternelle. Elles ne lâchent jamais l'affaire parce qu'elles y croient. C'est toute cette Humanité qui renforce ma foi aujourd'hui et qui me rend heureux. A moi seul, avec mes belles idées, je ne peux pas changer le monde ! Mais si je témoigne de ce que j'ai vu et entendu, alors je peux "aller, sans peur, pour servir" mon frère !



portrait_Louise_Brondex.jpgLouise, 19 ans, envoyée par les Soeurs de Saint-Joseph à Annecy  :

Que l’arrivée est douloureuse et difficile… Après tous ces moments vécus, ces rencontres fortes, cette confrontation à ce qui nous est apparu comme une injustice fondamentale, le retour en France n’est pas simple car l’émotion et la force nouvelle qui nous habitent ne peuvent s’exprimer par de simples mots. Mais je dirai que j’ai avant tout été profondément marquée par la volonté inébranlable qui anime ces gens, par leur joie de vivre malgré les difficultés quotidiennes et les menaces de mort, par cette foi, cette confiance et cette magnifique espérance qu’ils placent en Dieu et qui les poussent à ne jamais rien lâcher, à lutter pour qu’un partage plus juste de la terre advienne, cette terre qui est un don de Dieu et dont personne n’aurait le droit de se l’accaparer de manière injuste et disproportionnée. De cette semaine à Araguaìna, je suis rentrée en France quelque peu changée et avec une ferme volonté de m’engager, laissant ainsi résonner en moi les paroles de notre Pape François, en lequel toute l’Amérique Latine place son espoir pour qu’une Eglise investie dans les questions sociales et présente auprès des plus pauvres émerge de nouveau : «Soyez des protagonistes de l'histoire, allez de l'avant, avancez toujours et construisez un monde meilleur ! Un monde de frères, un monde de justice, d'amour, de paix, de fraternité, de solidarité. » J’ai également pris conscience au cours de cette semaine de l’impact réel, que nous occidentaux, par notre consommation et nos modes de vie démesurés, par la recherche effrénée de la croissance à tout prix, avons sur la situation et le quotidien de ces personnes à l’autre bout du monde. Je désire à présent vivre pleinement en cohérence avec moi-même, c'est-à-dire agir en cohérence avec ce que je pense vraiment, ce qui anime mon être : ne pas rester passive, mais faire en sorte que mon existence puisse contribuer à la construction d'un monde meilleur. Grâce à cette semaine, j'espère m'être forgée de véritables et durables convictions qui m'encouragent à ne pas avoir peur de rêver d'idéaux et de liberté pour tous et à me dégager des carcans idéologiques que notre société tente de nous imposer.





Les épisodes précédents :

Des JMJ de Rio aux conflits de la terre à Araguaìna : dernière rencontre

Des JMJ de Rio aux conflits de la terre à Araguaìna : 3 août


Des JMJ de Rio aux conflits de la terre à Araguaìna : 2 août


Des JMJ de Rio aux conflits de la terre à Araguaìna : 1 août

Des JMJ de Rio aux conflits de la terre à Araguaìna : 31 juillet

Des JMJ de Rio aux conflits de la terre à Araguaìna : premier jour