Jeudi 9 aout

Après un bref exposé des partenaires de Frayba sur le thème des « ciudades rurales sustentables » ( des villes rurales dites durables), nous sommes partis visiter Santiago el Pinar, dans laquelle une cité rurale a été construite en 2011, pour « reloger » des communautés indigènes . Nous avons rencontré un représentant du gouvernement du Chiapas qui nous a donné le point de vue du gouvernement. A savoir : la motivation à l’origine du  projet était, dans le cadre des objectifs du millénaire[i], pour le développement,  de résoudre les problèmes de pauvreté, dus d’après lui, à la dispersion et à l’éloignement des communautés indigènes, rendant difficile l’accès aux services ( eau, électricité, santé, commerces, école, travail…) Une autre raison invoquée est la nécessité d’abandonner des zones soumises  à des risques naturels. D’après lui, les communautés indigènes ont été consultées pour l’évaluation des services  à mettre en place. Le relogement, dit-il, est une proposition et non une obligation. La  rationalisation des coûts  est l’un des motifs principaux de concentrer la population au plus près des services .Les propriétés sont cédées aux familles déplacées.

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En fait, lors de la visite, nous avons trouvé un village quasi désert, un hôpital tout neuf, vide de patients, des maisonnettes inoccupées de type bungalow.. Chaque propriété fait 300 m², devant permettre aux personnes relogées de cultiver un lopin de terre minuscule !   Le nouveau village est construit sur pilotis, dans un terrain très pentu. Les familles relogées conservent leurs terres ancestrales, en théorie elles peuvent continuer à les travailler mais elles sont si éloignées du nouveau village qu’en fait c’est impossible du fait qu’elles n’ont pas les moyens financiers de se déplacer en bus pour y accéder. Le point positif dans ce projet semble être la construction de services de santé et d’éducation. 

D’après d’autres sources, ( rapport des partenaires de Frayba) la réalité semble plus complexe  : les populations indigènes ne parlent pas espagnol et n’ont pas été associées aux projets. Certaines sont déplacées de force, menacées de suppression des services existant dans leur communauté ( eau, école…) si elles ne se plient pas aux impératifs de relogement. De plus ce type d’habitation urbaine ne correspond pas du tout à la culture et aux coutumes des indigènes. Enfin ils ne trouvent pas le travail qu’on leur avait fait miroiter du fait des difficultés économiques au Chiapas et du manque de formation.

Nous sommes revenus  pleins de questionnements quant à la réelle nécessité de déplacer contre leur gré des populations, et quant à l’atteinte de l’objectif annoncé de réduction de la pauvreté.  En fait, ces familles d’indigènes se retrouveraient en situation de totale dépendance notamment alimentaire du fait qu’elles ne peuvent plus cultiver leurs terres communautaires. C’est pourquoi la plupart des communautés indigènes refusent la proposition du gouvernement.

 Monique, Marie Hélène, Renée 

 Pour en savoir plus, rendez-vous sur le blog du réseau Red por la Paz : http://chiapaspaz.wordpress.com/

 



[i] Objectifs du millénaire pour le développement – ONU - http://www.un.org/fr/millenniumgoals/