Par Denis (74)
Elu, je suis élu !
S’il était besoin d’un exemple pour dire que
Dieu est renversant, en voilà un : Il a voté pour moi !
Vu dans l’ambiance d’une campagne électorale, des promesses, des affiches, des
bureaux de vote avec des rangées de bulletins et les isoloirs, c’est assez
troublant.
C’est troublant parce que je n’ai pas fait campagne. A vrai dire, je n’ai même rien demandé. C’est Lui qui est venu me chercher. Enfin, pas que moi ! C’est une longue histoire qu’on raconte dans la famille : de génération en génération et aussi loin qu’on puisse remonter, on trouve le témoignage d’aïeuls (berger dans le désert, agriculteur derrière ses bœufs, pêcheur au bord d’un lac, institutrice albanaise) qu’Il est venu chercher en leur disant qu’Il les avait choisi, à qui Il a fait des promesses et qui L’ont suivi !
Mais rassurez-vous, je n’ai pas l’intention de
me laisser faire : on ne me la fait pas, à moi ! Ce n’est pas comme
ça que ça marche ; ce n’est pas celui qui fait les promesses qui vote. Où
alors, Il n’a pas besoin de nous ? Mais s’Il n’a pas besoin de nous,
pourquoi nous courir après ? Pourquoi nous faire la cour, nous cajoler,
nous parler d’amour ?
Serait-Il amoureux ? Ça expliquerait pas mal de choses… en particulier
pourquoi Il nous a élus sans attendre nos programmes, nos promesses et pourquoi
Il n’abandonne jamais ; c’est un peu comme un père ou une mère qui
n’abandonne pas son enfant, quoi qu’il fasse.
Le doux nom d’ «enfants » a succédé à un surnom familial plus ancien : « Peuple élu, race choisie ». Ce qui nous enracine en Lui plus encore qu’un choix parmi d’autres, qu’une élection : Il nous a voulu ! C’est à la fois libérateur et intrigant.
- Libérateur parce que nous n’y sommes pour rien : ce n’est pas pour nos qualités ou nos vertus que Dieu nous aime ;
- intrigant parce qu’on peut se sentir « obligé » de répondre à cet amour, ne serait-ce que par politesse, comme on répond à une invitation en invitant à son tour : on dit alors qu’on « rend » l’invitation.
Mais non, Dieu ne nous oblige pas (nous ne sommes pas ses obligés et Il ne nous contraint pas) : Il fait bien pire, Il se donne à nous ! Sans rien attendre en retour, sans rien exiger, Dieu dépose son amour à nos pieds, comme un cadeau. Je l’avoue, j’y ai goûté : ce n’est pas sans danger ! Heureusement, très jeune, des prêtres m’ont fait lire les vies de quelques «accros» et cela m’a servi de leçon. J’ai donc deux petits papiers que je garde en permanence dans ma poche. Sur l’un, j’ai écrit « Dieu » et sur l’autre « Moi » et, dans les situations délicates, je vote !
La plupart du temps, je vote
« Moi », je trouve que
c’est plus simple : je garde la maîtrise des choses et je sais à
peu près comment elles vont tourner.
Mais il m’arrive parfois, lorsque je ne sais vraiment plus comment faire, de
voter « Dieu » … ça fait souvent un effet bizarre ; je vous le
conseil quand même !
Votez bien !