Par Denis (74)
Les
« Valeurs » sont à la mode, c’est bien réconfortant me direz-vous,
surtout par les temps qui courent ! Mais avez-vous ressenti, comme moi,
qu’il est souvent fait appel aux valeurs comme des gourdins dont on menace les
adversaires ou comme des bouées auxquelles on s’accroche désespérément ? Pire
encore, les valeurs (nous n’avons pas les mêmes) servent aussi à vendre des
rillettes (les cochons)!
Je ne sais pas vous, mais moi, cette référence à de vagues principes moraux (souvent non nommés) m’agace. Qu’en dit le dictionnaire ?
Valeur : ce que représente quelqu'un ou quelque chose financièrement ou symboliquement.
Quand nous faisons appel à des valeurs, ce sont souvent celles que nos parents, nos instits, nos curés nous ont transmises. Ce sont des références qui ont à la fois la saveur des caramels au lait de notre enfance et la pesanteur d’une morale en blouse grise. Elles sont surtout utiles à deux choses : nous élever (les valeurs d’antan, la morale, le respect, le bon pain…) et juger ceux qui n’ont pas les mêmes : (les valeurs d’antan, la morale, le respect, le pain sec à manger en premier…). Car chaque groupe a des valeurs : la famille (elle est aussi une valeur en soi), la nation (autrefois le drapeau, aujourd’hui le foot qui, bien sûr, porte des valeurs !), les partis politiques (qui nous font des propositions contraires au nom des mêmes valeurs), les religions. Au fait : il y a des valeurs chrétiennes ?
Bien sûr, l’Eglise s’est, dans l’histoire, souvent laissée prendre dans les filets de pouvoirs de toutes sortes et elle a su justifier l’exercice de ces pouvoirs dans des codes, des lois. Ces règles ont été présentées comme volontés divines, alors qu’elles servaient surtout des intérêts humains. Comme on fabrique des conserves, on a « mis en valeur(s) » le message de l’Evangile : erreur sinon tromperie ! Mais elle n’a pas fait que ça et aujourd’hui, bien malin qui peut dire si telle règle qui contribue au bien vivre ensemble dans nos sociétés démocratiques est née du cœur d’hommes et de femmes de bonne volonté ou est une traduction du message des Evangiles. Cependant, convenons qu’identifier la foi des chrétiens à un système de valeurs, c’est réduire la sécurité routière aux radars, croire que le loto sportif fait maigrir, confondre Noël et ses cadeaux.
Soyons donc attentifs à la place qu’ont vraiment, dans nos vies, ces valeurs que nous appelons à la rescousse, quand on ne sait pas exprimer ce que l’on croit. Quand est-ce que nous les sortons de la naphtaline ? Pour les mettre sous le nez d’un enfant qui y enfonce son doigt ? Pour faire entendre que nous sommes des gens biens ? Ne serions-nous pas plutôt des « gens de biens » ?
Non : nous n’avons rien à défendre. Ce que nous avons de plus précieux nous est donné. Cessons de vouloir mettre en règles Celui qui nous aime sans compter.
Nul ne peut mesurer la valeur de Dieu.
Dieu, qui est Amour se donne à nous sans mesure.