Je m'appelle Capucine, j'habite à Briançon depuis 3 ans et j'ai intégré une équipe CCFD-Terre Solidaire dès mon arrivée. Je ne suis pas seule, j'ai deux enfants en bas âge et Jonathan, mon mari qui lui aussi fait partie de l'équipe de Briançon. Il y a deux ans nous sommes allés tous les 4 à l'assemblée régionale de PACA Corse. Avec les deux enfants, c'était compliqué de suivre comme nous le voulions les échanges en atelier et en plénière. Cette année, Jonathan et moi sommes venus à l'AR sans nos enfants. Tout comme la dernière fois, nous avons été bien accueillis. Certains nous ont demandés des nouvelles de nos enfants, ce qui fait toujours plaisir. Je remercie ma belle-mère de les avoir gardés tout le week-end. Nous voilà donc disponibles à cent pour cent pour cet événement qui promet d'être riche en rencontres. Grâce à mon parcours au sein du MRJC, je sais que je retrouverai des repères tant en animations qu'en état d'esprit. La seule différence c'est qu'avec Jonathan, nous sommes les plus jeunes. La plénière sur les gaz à effet de serre et l'urgence climatique a été un coup de cœur. Bien que sensibilisée sur ces sujets, je me rends compte que je n'avais jamais vu de manière scientifique et aussi claire la démonstration de ce phénomène.

Les ateliers que j'ai pu suivre n'étaient pas en reste. La souveraineté alimentaire, bien sûr un sujet très largement abordé au MRJC. Sauf qu'avec le CCFD-Terre Solidaire, j'en apprends beaucoup sur la dimension internationale. Merci d'ailleurs à ce bénévole qui en a parlé avec passion (désolée, j'ai oublié votre nom). Pendant cet atelier, Jonathan témoignait à propos de son engagement aux Refuges Solidaires. Le second atelier pour moi était sur le patriarcat et les violences faites aux femmes. Jonathan y était présent aussi. J'étais moins à l'aise car je n'ai pas l'habitude d'être confrontée à de l'art. Et pourtant.... Au premier abord j'ai écouté, je suis restée silencieuse, pas très à l'aise. Puis, j'ai pris la parole au fur et à mesure des échanges. C'était un très bon moment.

La cérémonie participative est beaucoup plus chaleureuse qu'une célébration habituelle. Encore un point commun avec le MJRC et je m'en réjouis. Lors des repas, nous faisons connaissances avec des personnes que nous ne connaissions pas. Nous parlons d'engagement, de nos familles et des difficultés de l'engagement en famille. Nous parlons aussi politique avec d'autres personnes.

Je me demande quel impact a le CCFD-Terre Solidaire sur les politiques, s'il arrive à faire bouger des lignes ou s'il fait face à un mur.... La conférence gesticulée sur le temps était intéressante et divertissante mais avec la fatigue je pense que je n'ai pas compris la conclusion. Le lendemain, l'animation des nappes tournantes, et bien je ne l'ai pas suivi. J'ai surtout posé des questions à d'autres bénévoles sur des notions qui me paraissaient galvaudées ou floues. J'ai bien aimé discuter avec Thierry (membre du bureau national). Je l'ai trouvé très abordable et intéressé par les bénévoles du local. Le dernier temps, était le temps démocratique. C'était vraiment nécessaire pour moi de connaître l'organigramme du CCFD-Terre Solidaire et la façon dont il fonctionne, connaître les différents rôles de chaque organe, et différencier la partie bénévolat du salariat. Je pense que c'est une bonne piste pour une animation...

A l'issue de ce week-end riche, intense et très stimulant, je repars avec un questionnement sur mon engagement, celui de Jonathan et la vie de famille. Je pense que ce questionnement nous suivra longtemps. Je ne connais pas tout du CCFD-Terre Solidaire, je ne connais pas beaucoup de chose à l'international en fait. Je repars donc avec des sujets à explorer. Je sais aussi que je dois prendre le temps de prendre du temps... Ce week-end-là, je l'ai vécu comme un moment de spiritualité, un moment de communion. Apprendre des autres, écouter les autres pour apprendre de soi-même, de prendre conscience du chemin que l'on veut prendre. Ce week-end m'a fait du bien, j'ai trouvé une maison commune et je sais qu'il y a de la place pour ma petite famille. Merci le CCFD-Terre Solidaire.

Capucine Mounal, Briançon

Voici longtemps que j’entends parler du CCFD, d’abord dans ma paroisse de Vitrolles lou Roucas puis de loin en loin, dans « la Vie » et dans la vie de tous les jours. J’ai décidé de rejoindre de façon plus active cette dynamique Terre Solidaire et je me suis porté bénévole. Cette AR autour des 60 ans était donc pour moi une première et j’étais doublement fier d’y participer, 60 ans est aussi mon âge. Le fait d’avoir en charge la co-animation d’un atelier « Regards croisés » sur la question de «l’économie transformatrice » a sans doute ajouté à mon intérêt et a renforcé mon attention, mon acuité. Assez naturellement, je me suis porté volontaire pour faire partie de l’équipe d’animation régionale. Pouvoir participer à la transformation de la société en tant que chrétien catholique, acteur de l'Église au sens premier du terme, ecclesia, dans un esprit d'ouverture(s). C'est ce que j'espère trouver au CCFD. Vraiment ravi d’avoir rejoint une équipe et un projet aussi inspirants.

Claude Holyst, Vitrolles

Pour ma part, j’ai particulièrement apprécié l’intervention de Jérôme Sambussy. Ses explications sur les causes et les effets du dérèglement climatique ont été très claires et très précises. Avec beaucoup de pédagogie il nous a expliquées les faits qui sont démontrés et incontestables.

En même temps il a su nous laissé une raison d’espérer et de continuer à agir.

Les problèmes dont il a parlé je les connaissais dans l’ensemble mais il m’a apporté beaucoup de clarifications et des démonstrations intéressantes J’en conclu qu’il est absolument nécessaire de continuer à agir à notre niveau.

Nous sommes les acteurs des événements à venir, pour éviter toute catastrophe nous devons intervenir par notre façon de vivre, notre consommation et notre travail de sensibilisation.

Elise Fleurot, Aubagne

Les rédacteurs de la lettre d’information régionale m’ont demandé d'écrire quelques lignes sur la session régionale des 2 et 3 octobre à Sainte Tulle. Je ne veux pas reprendre mes notes pour ne pas tomber dans un compte-rendu qui d'une part risquerait d'être impersonnel et qui d'autre part se trouve d'ailleurs déjà dans les rubriques de La Place.

L'ensemble de la session était intéressant, la première journée étant plus axée sur des questions de "fond", la seconde plus orientée vers "l'agir" dans nos différents lieux de vie et les questions d'organisation. Ce qui m'a semblé aussi très important, ce sont les partages de ce que font les autres délégations diocésaines et les échanges informels en dehors des temps organisés, pendant les pauses, les repas…

Mais je vais me limiter à deux moments du samedi.

Tout d'abord le matin avec la table ronde autour du changement climatique.

Le changement climatique actuel est sans précédent. Le climat a varié naturellement dans le passé, sur le long terme, sur plusieurs dizaines de milliers d'années. Mais cette variation s'est accélérée de façon très rapide depuis 150 ans et la période chaude actuelle est celle qui existait il y a 125 000 ans. Les conséquences sont déjà observées. Les records (pluies, inondations, canicules, froids, sécheresses, ouragans…) s'accumulent les uns après les autres. D'ailleurs, plutôt que de changement climatique, il vaudrait mieux parler de dérèglements climatiques. Les manifestations de leurs conséquences sont plus violentes, plus fréquentes. La responsabilité de l'homme dans ce changement climatique est avérée. On utilise des modèles climatiques. On connait la quantité de gaz à effet de serre émise par l’homme. On arrive à reconstituer le changement qui se passe. Cette constatation est donc à la fois une mauvaise et une bonne nouvelle : on sait pourquoi, mais on peut agir. Au CCFD – Terre Solidaire, même si nous sommes évidemment soucieux de cette évolution du climat, nous sommes, en fidélité avec les objectifs fondamentaux de notre mouvement, essentiellement préoccupés par les répercussions pour les plus pauvres. Ce sont les pays et les populations les plus défavorisés qui vont principalement subir les conséquences du changement climatique dont ils sont pourtant les moins responsables. Les zones méditerranéennes, entre autres, vont connaître des sécheresses avec tous leurs lots d'impacts sur l'économie, la santé, donc émigrations accrues. Les solutions qui sont aujourd'hui proposées par les États ou les sociétés multinationales sont de fausses solutions. Les compensations carbone, les marchés carbone, la neutralité carbone, etc., ne changent ni les causes, ni la situation : on marchande son droit à polluer sans se poser la question de comment moins polluer. A l’échelle internationale, ce sont essentiellement ceux qui polluent le moins qui payent. Dans les pays riches, ce sont les plus pauvres qui subissent et en fin de compte c’est le consommateur final qui paye les taxes carbone. L'urgence climatique et l'urgence sociale sont liées. Ces situations d'urgences impactent directement la souveraineté alimentaire. Il faut changer le système agricole et alimentaire. On ne peut pas dissocier le climat, l'agriculture et l'alimentaire.

Et puis le soir, nous avons eu droit à une "conférence gesticulée".

Un ex-sportif de haut niveau nous a expliqué, de façon très imagée, très vivante, très sympa et il faut le dire un peu déjantée, comment, dans notre société, tout était fait pour gagner du temps. Et comment, dans l'anthropocène (c'est-à-dire en gros depuis que les activités humaines ont une incidence sur la planète), toute cette folle course au temps s'était accélérée. "Le Temps qui s'accélère, c'est aussi une "croissance" économique et un développement non maîtrisés, qui entrainent un impact environnemental des activités humaines qui suit une progression exponentielle" disait-il. A travers son spectacle "qui n'est pas du théâtre", notre sportif rejoignait la démarche du climatologue de Météo France de la table ronde du matin : plus on gagne du Temps ... et moins on en a ! Et ce gain de temps se fait toujours au profit des plus riches et au détriment des plus pauvres, pays ou populations, qui n'arrivent pas à suivre. Le matin comme le soir, nous étions en plein dans les luttes que soutient le CCFD.

Voilà. Ce n'est évidemment pas tout ce que j'ai retenu du week-end à Sainte Tulle, mais c'est ce que spontanément je souhaite partager. Et le spectacle du sportif m'a rappelé une anecdote : un jour en Algérie, nous avions été invités avec des copains chez une dame très pauvre d'un petit village. Assis sur la terre battue devant une tasse de thé, nous nous étions excusés parce que "évidemment" comme nous avions toujours "quelque chose d'urgent" à faire, nous étions arrivés chez cette dame très en retard. Elle nous avait attendus patiemment. Elle nous a répondu : "Nous, on n'a rien, sauf notre temps, alors on le donne."

Michel Hervelin, Marseille