Marche des sans- papiers vers l’Elysée du 19 septembre au 17 octobre 2020

Des personnes sans-papiers se sont constituées en collectif pour défendre leurs droits. Elles sont soutenues par d’autres associations ou citoyens. A Marseille, La Cimade, RESF, la ligue des droits de l’homme, El Mamba, le collectif 59 saint Just, le CCFD-Terre Solidaire….

Leurs actions se situent en trois étapes : - le 30 mai dernier, manifestation à Paris malgré l’interdiction, suivie de manifestations contre le racisme et les violences policières, - le 20 juin, deuxième manifestation dans plusieurs villes de France - et du 19 septembre au 17 octobre marche vers Paris. La marche partait de plusieurs villes de France : Marseille, Grenoble, Lyon, Toulouse, Rennes, Strasbourg, Lille…Et tous convergeaient vers Paris.

J’étais présente le 19 septembre au départ de la marche devant la préfecture de Marseille, avec Claude, Jean et Paul… De jeunes africains, une bonne trentaine, essentiellement vêtus d’un tee-shirt noir sur lequel un grand pied jaune canari symbolisait la marche à pied, et au dos, les trois revendications clairement exprimées : régularisation des sans-papiers, fermeture des centres de rétention, un logement pour tous. Dès le départ à la préfecture à peu près 300 personnes étaient présentes autour de Samia et Aboubacar. Ils nous interpelaient ; « Frères et sœurs, nous sommes des êtres humains. Nous avons dû quitter notre pays et nous désirons vivre ici dans ce pays des droits de l’homme. Nous ne voulons pas être à votre charge. Nous voulons travailler et devenir autonomes pour démarrer une nouvelle vie ! »

La marche débutait lentement derrière le camion de Sud Solidaires. Des voitures de police nous encadraient, « nous protégeaient ». Aucun débordement. Des arrêts permettaient une nouvelle prise de parole. Des gens aux fenêtres applaudissaient. Au bout de deux bonnes heures nous sommes arrivés à la place de Strasbourg. Le groupe libérait la chaussée pour faciliter la circulation des bus. Des bénévoles de « El mamba » avaient préparé un repas. Tout le monde a été servi. Un artiste est même venu chanter, accompagné de sa guitare et de quelques pas de danse. Moment festif qui réchauffait les cœurs. Et puis cahin-caha avec un peu moins de monde… nous sommes arrivés au métro Gèze, dans une ambiance toujours aussi amicale et déterminée. Des voitures étaient là, prêtes à accompagner toutes ces personnes à Aix en Provence pour un autre arrêt et une autre sensibilisation de la population. La marche démarrait réellement. Paris était bien loin. Mais leur détermination était intacte.

Partout ils ont été accueillis, nourris, hébergés, voire accompagnés. Quelques soucis de logistiques ont été résolus au dernier moment. Les ampoules aux pieds, le froid, la pluie, la fatigue ne les ont pas arrêtés ! Certes à Paris ils n’ont pas été accueillis par Monsieur Macron. Ils n’ont été ni écoutés ni entendus. Les CRA restent ouverts encore aujourd’hui ! Mais un vent d’Espoir a soufflé.

Leur détermination et leur courage restent intacts, celle des militantes et militants qui les accompagnent aussi… Mais quand, enfin, les cris des peuples seront-ils entendus ?

Michèle Bourguignon

Pour une maison de l'hospitalité à Martigues

Vient de se créer un lieu à Martigues permettant d'accueillir les migrants et de mutualiser les énergies militantes du territoire. Cela s'inscrit dans la volonté de faire de Martigues une ville hospitalière et de porter cette volonté collectivement. Il s'agit de l'aboutissement d'une longue réflexion et de pratiques diverses du tissu associatif local: aide alimentaire, alphabétisation, réseau d'accueil et d'hébergement, intégration des Roms...

A l'origine on retrouve plusieurs associations adoptant des modes d'actions et des points de vue différent. Elles œuvrent depuis plusieurs années sur le territoire de Martigues à l'accueil et à l'accompagnement des populations migrantes, réfugiées, déboutées, sans-papiers.

En 2017 un collectif rassemblant plusieurs de ces organisations s'est créé et s'inscrit dans le cadre des États Généraux des Migrations. Ce "collectif de solidarité migrants Martigues "est composé de L'ASTI, d'Amnesty international, du CCFD-Terre Solidaire, du mouvement de la paix , du réseau Welcome, de la MJC de Martigues , de la ligue des droits de l'homme, du café associatif le Rallumeur, de RESF, mais aussi des citoyen.ne.s, qui portent leur aide aux migrants sans être membres d'une de ces associations. D'autres mouvements et associations soutiennent ce collectif ou se joignent à certaines actions comme le Secours Catholique, les cinémas Renoir et Méliès, la médiathèque, l'ACAT, FAL, ou encore Alternatiba.

Lors des États Généraux des migrations un état des lieux de la situation sur le territoire a été réalisé. Plusieurs besoins ont été exprimés et ont été mis en forme. Un compte-rendu a été envoyé aux EGM et aux élus de la ville. Un consensus a fait jour sur la nécessité d'avoir un lieu d'accueil et d'accompagnement des migrants. CONSTATS ET BESOINS: Le besoin global, qu'il soit local, national ou européen, c'est de créer une société du vivre ensemble, accueillante et hospitalière.

Sur Martigues, les EGM ont montré que l'on pouvait s'appuyer sur de l'existant et essayer de combler les manques : -un contexte politique local qui développe des politiques sociales conséquentes, des services publics opérants et gratuits pour certains, un tissu associatif fort et qui a une longue tradition de l'agir ensemble. -une ville qui a adhéré à l'ANVITA (Association Nationale des Villes et Territoires Accueillants).

Pour les associations et organisations il est devenu nécessaire de mutualiser leurs pratiques et d'y voir clair sur les dispositifs existants. Il est devenu aussi urgent d'identifier le portage politique de cette question (élu.e.s, services, …) et aussi de clarifier les relations entre ces associations et la ville et des différents partenaires institutionnels. C'est pourquoi un groupe de travail a été mis en place qui regroupera la quasi-totalité des professionnels en charge de cette question et les associations de terrain pour élaborer un diagnostic général, éditer un vade-mecum à l'usage des intéressés et initier un nouvel esprit de collaboration. En se basant sur ce constat, ces besoins et manques, la création d'une maison de l'hospitalité entend répondre aux besoins exprimés lors des EGM et faire de Martigues une ville plus accueillante.

C'est en fonction de ce contexte , de ces besoins, de ces manques et des ressources humaines variées, compétentes et engagées qu'une maison de l'hospitalité a vu le jour pour répondre plus efficacement à notre objectif commun : faire de Martigues une ville accueillante pour tous les migrants et faire en sorte qu'on ne laisse personne sans droits ni toit.

Un lieu dont le cahier des charges devra être élaboré avec l'ensemble des acteurs. Un lieu visible proche du centre-ville et qui rassemble. Un lieu avec des salles pour des permanences juridiques et administratives, du soutien psychologique, des conseils en matière d'insertion professionnelle, aide aux devoirs, des groupes de paroles et d'alphabétisation ... Un lieu dont la gestion repose sur un modèle économique qui lui permette d'être viable, café associatif, cantine solidaire, musiques du monde.... Un lieu qui soit cogéré en responsabilité par l'ensemble des partenaires sans oublier les principaux intéressés. Un lieu de rencontre, d'échanges, et de pratiques culturelles partagées Un lieu permettant d'organiser des hébergements d'urgence.

Antoinette Filippi