Françoise Laborde, CCFD-Terre Solidaire de Haute-Garonne nous rappelle qu'en ce mois de mars 2014, le CCFD-Terre Solidaire accueille en France une quarantaine de partenaires internationaux pour témoigner du travail de leurs associations en faveur d’un développement respectueux de l’homme et des ressources de la nature.
En Midi-Pyrénées Roussillon ils étaient 3 ce samedi 15 mars à Toulouse, venus de Guinée-Conakry, de Bolivie et de Tunisie, à débattre autour de leur projet, avec en arrière plan notre thème régional des « richesses autrement », les valeurs qui comptent dans leur culture. Des échanges aussi sur les conséquences des investissements des pays du Nord dans leur pays, thème de la nouvelle campagne de plaidoyer du CCFD-Terre Solidaire.
M'Balia Sangaré est la présidente d’ADEPEG, Appui au Développement de la Pêche et de l’Elevage en Guinée, créée en 1992, qui fait partie d’ADEPA, importante coordination pour la pêche artisanale active sur 11 pays d’Afrique de l’Ouest. Cette dame très dynamique, vêtue d’un beau boubou, nous révèle qu’elle a été antérieurement championne de basket ! Aujourd’hui, elle se bat pour aider les pêcheurs à se regrouper en unions nationales. Cela a permis des progrès dans les conditions de travail et de sécurité, mais aussi un meilleur respect de la flore; les femmes sont également concernées, celles qui transforment le poisson avec des méthodes de fumage dangereuses ou celles qui le vendent. Du microcrédit est proposé par ADEPEG. La coordination ADEPA est soutenue par le CCFD-Terre Solidaire depuis 2000. Un souci permanent : la concurrence des flottilles internationales, notamment russes, qui raclent les fonds marins, d’où la demande d’une hausse du prix des licences en ce qui les concerne.
Daniel Sanchez Galarza représente CIPCA, Centro de Investigacion y Promocion del Campesinado, créé en 1970 par 3 jésuites et aujourd’hui organisation autonome ; elle intervient dans le développement rural dans 3 régions de Bolivie en vue de l’accès à la terre et aux ressources pour les populations indigènes, de l’aide à la mise en place d’une agriculture durable, la défense des droits des populations indigènes. Elle est accompagnée par le CCFD-Terre Solidaire depuis 2011. L’association a aussi mis en place un travail de plaidoyer au niveau national. Son travail a permis aux paysans de se faire entendre des pouvoirs publics. Les investissements étrangers entraînent souvent de la déforestation (coupe de bois pour le mobilier en Amazonie), des tentatives d’achat de terres à prix très bas, l’extraction polluante de métaux…
Mounir Hassine, tunisien est professeur d’histoire-géographie à Monastir, à une centaine de kms au sud de Tunis. C’est un militant chevronné des droits de l’homme, membre de l’UJTT depuis ses études et de la Ligue des droits de l’homme. Depuis 1985, il est engagé dans la défense des droits des ouvrières du textile qui réalisent à Monastir des articles de confection pour des grandes marques d’Europe. De plus, les produits chimiques utilisés par ces entreprises aboutissent dans la Méditerranée, car les 3 stations locales d’épuration hors normes sont largement dépassées.
Lors de la révolution de 2011, naît le FTDES, Forum Tunisien pour les Droits économiques et Sociaux avec 4 sections : celle de Monastir se consacre à la défense des ouvrières du textile, aux questions de pollution de la mer, mais aussi à celle des migrants partant vers l’Europe et de la déscolarisation des jeunes. Le soutien du CCFD-Terre Solidaire date de cette période. Mounir est actuellement président du FTDES à Monastir. L’action de son association a permis la reconnaissance par l’État de sa responsabilité dans la pollution de la mer, la fermeture de la centrale la plus obsolète et un financement pour remédier à la situation.
Par contre, pour le volet social, il reste beaucoup à faire pour améliorer la condition des ouvrières du textile, ne serait-ce que pour faire appliquer la loi tunisienne par les entreprises du textile ou leurs filiales : Mounir décrit le travail flexible imposé avec des contrats de 2 mois, dans des hangars inadaptés et mal aérés, avec un matériel non conforme, enfin des fermetures sans préavis des usines anciennes, comme tout récemment 5 pour d’entre elles (1800 ouvrières concernées).
Hélène Cettolo, déléguée du CCFD-Terre Solidaire pour la région conclut la journée avec le Père Gérard Delom, vicaire général à Toulouse : il remercie vivement les partenaires qui font entendre la voix des sans-voix et agissent avec le CCFD-Terre Solidaire, promouvant une autre manière de vivre en solidarité, nous interpellant ici dans notre rôle de citoyens. Quant à la question des investissements étrangers néfastes dans les pays du sud, il rappelle les paroles du pape François : non à une économie de l’exclusion, à l’argent qui gouverne au lieu de servir.