Fongs-Action paysanne, qui regroupe des organisations sénégalaises, particulièrement en Casamance, malgré le conflit qui mine cette région.
Pour Abdou Hadji Badi, la différence entre l’agriculture familiale et l’agrobusiness est très nette : « Les agriculteurs familiaux cherchent avant tout à se nourrir et, s’ils en sont capables, à nourrir leurs compatriotes. Alors que les entreprises d’agrobusiness recherchent avant tout le profit : si les biocarburants leur rapportent plus, ils n’hésiteront pas! »
Au sein de la Fongs-Action paysanne, fédération de 31 associations paysannes sénégalaises, il milite pour un soutien accru de l’État sénégalais à l’agriculture familiale. « Nous représentons 70 % de la population du Sénégal, mais nous sommes le secteur le moins considéré. » Il déplore que le nouveau président, Macky Sall, n’ait pas plus pris en compte ses préoccupations. « L’État pousse les acteurs de l’agrobusiness à investir au Sénégal en créant un climat politique et réglementaire favorable. Un tel cadre n’existe pas pour l’agriculture familiale. » La Fongs-Action paysanne est née en 1976. Elle est membre du Conseil national de concertation et de coopération des ruraux (CNCR) consulté dans la mise en œuvre des politiques d’agriculture. « En accord avec le CNCR, le Parlement sénégalais a adopté en 2004 la loi d’orientation agro-sylvo-pastorale, indique Abdou Hadji Badi.Celle-ci a créé un fonds national de développement de l’agriculture familiale, qui vient seulement d’être mis en place par le gouvernement », soit dix ans après la loi. Ce fonds devrait permettre de financer des actions de formation, de modernisation et de recherche.
La Fongs-Action paysanne appuie aussi les organisations paysannes locales avec des méthodes de conseil agricole, mais aussi sur la gestion de la famille dans tout le Sénégal. « Pour que notre aide soit la plus efficace localement, nous concentrons notre soutien à la Fongs sur ses actions en Casamance », indique Florian de Jacquelot, chargé de mission au CCFD-Terre Solidaire, partenaire historique de la fédération. « Le CCFD a compris que, malgré le conflit, il ne faut pas abandonner les agriculteurs de la région. »
Journal La CROIX du 5 mars 2014