migrations tlseVendredi 23 septembre, 20h30,  la salle du Sénéchal est comble : plus de 200 personnes ont répondu à l’appel du CCFD-Terre solidaire, ONG catholique de solidarité internationale pour une table-ronde organisée sur une thématique sensible : l’accueil et la place des migrants aujourd’hui en France et à Toulouse. Poussés par la misère, les conflits ou les bouleversements climatiques, ceux-ci tentent d’aller trouver ailleurs que dans leur pays d’origine les conditions d’une vie un peu plus digne. Face à cette situation, la France, l’Union européenne et la communauté internationale font le choix de politiques sécuritaires et répressives, qui engendrent des drames ici comme au Sud.  

Le journaliste Philippe Duffaut anime les débats avec vivacité et les intervenants partent de leur expérience. Anne-Marie Viguié du CCFD-31 rappelle les valeurs de CCFD, le respect absolu de la dignité de chaque personne.

Nina Marx, chargée de mission pour le réseau migrations au national du CCFD, explique que les migrations les plus importantes se font plutôt du Sud vers le Sud : un exemple récent : le nombre de réfugiés tunisiens, d’ailleurs repoussés par la France, n’a rien à voir avec ceux qui ont fui en Lybie. De plus, les routes de la migration en Afrique ont changé : les migrants sont bloqués aujourd’hui au frontière des pays du Maghreb et renvoyés dans le désert, à cause des politiques sécuritaires de ces pays recommandées par l’Europe. Le CCFD appuie des projets locaux qui recueillent et soignent ces migrants comme à Gao, aident parfois à leur retour au pays ou à leur réinsertion professionnelle sur place, par exemple à M’Bour au Sénégal. Les migrations sont un facteur de chance et personne ne pourra jamais les empêcher…

Les bénévoles de la CIMADE décrivent le travail de cette association : accompagnement des démarches des migrants et intervention dans le Centre de Rétention Administrative de Toulouse, situé à Cornebarrieu, en limite des pistes de l’aéroport. « La situation des étrangers n’a jamais été aussi inhumaine »disent-elles. Les hommes, femmes et enfants enfermées au CRA n’ont commis aucun crime. La nouvelle loi Besson de juillet 2011 aggrave encore leur situation en prolongeant la rétention jusqu’à 45 jours et en reculant l’intervention du juge des libertés à 5 jours, ce qui permet de les expulser sans l’intervention de la justice.

La Pastorale des Migrants, organisme d’Eglise, sensibilise les chrétiens à la rencontre avec l’étranger; elle aide aussi les migrants dans leurs démarches complexes. Cécile N’Toutoume, également membre du CLIC (Collectif de liaison des Collectifs de sans-papiers) rappelle que les rapports de l’ONU montrent que les chiffres de la migration sont stables, que l’Europe n’est pas envahie et qu’avec une population vieillissante, elle a besoin des migrants…

Frère Alain Richard explique la forme de protestation lancée par la communauté des Franciscains de Toulouse : le Cercle de silence. Face à une situation aussi grave qui bafoue la dignité des êtres humains, l’initiative désormais reprise dans 160 à 180 villes de France, est « un cri de silence qui dit non », qui veut toucher l’opinion publique, fait appel à sa conscience. Il est de plus en plus nécessaire d’accentuer les pressions  par des moyens dignes.

Mgr le Gall, archevêque de Toulouse, est aussi parmi les auditeurs ; il redit toute l’attention du diocèse à la question des migrants et son refus de la stigmatisation des roms clairement proclamé pendant l’été 2010.

Deux migrants originaires du Gabon, étudiant ou inséré dans la vie professionnelle,  invités par la Pastorale des migrants, témoignent des humiliations et refus de droits opposés par la Préfecture de Toulouse qui les a transformés en sans-papiers. Ils expriment vivement leur longue bataille, leurs souffrances et leur peur quotidienne,  leur difficulté à pardonner. De la salle très émue, fusent alors d’autres paroles de migrants ou d’associations, confirmant ces drames humains et le rejet et la haine de la France que ces expulsions peuvent entraîner après le retour forcé au pays. Une question monte enfin : la France est-elle encore un état de droit ? Oui, répondent les intervenants, mais il nous faut le défendre et combattre ce qui est incompatible avec le respect des droits humains.

La problématique des migrations sera un des enjeux lors des prochaines élections de 2012. Il est urgent de s’informer sur ces réalités à Toulouse et en France pour agir en vrais citoyens.

 

Françoise Laborde, présidente CCFD-terre solidaire-31

Contact : CCFD-Terre solidaire, 28, rue de l’Aude – 31500- Toulouse

tel : 05 62 47 21 39 - courriel : ccfd31@ccfd.asso.fr  -  site : ccfd31.free.fr