La sécurité alimentaire est un des grands défis de notre temps. Comme nous le rappelle la crise alimentaire dans la Corne de l’Afrique, l’enjeu est immédiat. Il sera encore plus pressant à l’avenir : la planète comptera 9 milliards d’habitants en 2050, dont 2 sur le continent africain. Nous allons audevant d’immenses difficultés humaines, sociales, économiques et migratoires si nous ne prenons pas très rapidement les bonnes décisions.
C’est pourquoi la France a voulu, durant sa présidence du G20, que la question du développement soit traitée en priorité. Dans ce cadre, à la suite de la réunion des ministres de l’agriculture du G20 en juin dernier, les ministres en charge du développement se rassembleront à Washington le 23 septembre avec les ministres des finances, afin, notamment, de parachever un plan destiné à assurer durablement la sécurité alimentaire des pays du Sud.
L es défis sont nombreux : d’abord, celui de la productivité. Prenons le cas de l’Afrique. Comment nourrir un continent de plus en plus peuplé et permettre à chaque exploitant de vivre décemment de son travail, alors que les rendements céréaliers stagnent à 13 quintaux par hectare ?
Ensuite, celui de l’adaptation de l’agriculture au changement climatique. Comment accroître la production agricole massivement tout en préservant l’environnement et la santé des populations ? Il faut accroître les capacités de production sans sacrifier notre écosystème. C’est d’une nouvelle révolution verte que nous avons besoin.
Au-delà de la réponse humanitaire immédiate pour venir en aide aux populations touchées par le fléau de la famine, il est impératif d’inscrire notre effort sur la durée, même si celle-ci échappe au temps médiatique. Pour cela, la recherche agronomique est une réponse incontournable.
Mobiliser notre excellence scientifique pour répondre, avec nos partenaires du Sud, au défi de la sécurité alimentaire, c’est l’exigence qui anime les acteurs de la recherche en France. Quatre d’entre eux jouent un rôle essentiel : le Cemagref, l’Inra, le Cirad et l’IRD (1).
Des programmes sont déjà opérationnels. Ils ont permis des innovations majeures comme la mise en place de nouveaux systèmes de riziculture intensive dans le delta du Niger ou la vaccination des ruminants contre la peste, moyen efficace pour protéger le cheptel de pays en situation de fragilité alimentaire.
Le G20 a décidé d’aller plus loin. La France a proposé à ses partenaires d’organiser la première conférence du G20 sur la recherche agricole pour le développement, qui s’est tenue à Montpellier les 12 et 13 septembre. Cet événement sans précédent a réuni des pays qui détiennent plus des trois quarts des moyens de la recherche dans le monde afin de mobiliser l’énorme potentiel de recherche qu’ils représentent et de proposer des mesures concrètes pour aider les pays les plus défavorisés à augmenter de façon durable leur production agricole.
L’objectif est clair : doter les pays en développement d’une capacité de recherche autonome. Nous militons pour une recherche « sur mesure », qui s’enrichit des savoirs traditionnels et qui s’adapte aux spécificités agricoles de chaque pays. En renforçant pour cela les compétences des chercheurs et des paysans sur place, en leur permettant de participer plus largement aux programmes internationaux, en construisant des partenariats scientifiques novateurs entre pays industrialisés, pays émergents et pays en développement. Seule une capacité scientifique locale forte pourra être moteur de développement et stimuler la croissance agricole. La recherche est une arme pour inventer des solutions afin que les pays du Sud parviennent à l’autosuffisance alimentaire et qu’au XXIe siècle, nul ne puisse souffrir de la faim.
(1) Institut de recherche en sciences et technologies pour l’environnement, Institut national de la recherche agronomique, Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement et Institut de recherche pour le développement.