Ces quelques chiffres qui donnent à penser : aujourd’hui, les 62 personnes les plus riches dans le monde possèdent autant que la moitié la plus pauvre de la population, soit 3,5 milliards de personnes. Les dérèglements climatiques pourraient conduire 600 millions de personnes supplémentaires à souffrir d’insécurité alimentaire d’ici à 2080. En 2015, les 500 plus grandes entreprises multinationales ont contrôlé près de 53% du P.I.B. mondial. Depuis 2011, 4 millions de Syriens ont quitté leur pays, et moins de 10 000 ont été accueillis en France. Quatre Organisations, parce qu’elles pensent que toutes ces problématiques sont liées, et qu’un autre monde, une autre France, sont possibles, se sont alliées pour élaborer 15 propositions pour une France solidaire dans le monde, en 2017, à destination des candidats et des candidates aux élections présidentielles et législatives. Elles mettent en place également un dispositif de mobilisation, de plaidoyer et de communication à l’adresse du grand public. Il s’agit du C.C.F.D.-Terre Solidaire, d’Oxfam France, d’ActionAid France-Peuples Solidaires et du Secours Catholique-Caritas France.
Le débat politique vient tout juste d’être accaparé par la primaire de la droite et du centre, et d’autre part, par la désignation ou l’auto-proclamation à venir des candidats des autres bords, ce qui donne lieu uniquement à des informations et des propositions qui laissent largement de côté les questions de solidarité, qu’elles soient économiques, sociales ou environnementales. Les organisations alliées pensent qu’il est temps de recentrer le débat et, comme elles le disent elles-mêmes, de « prendre le Parti de la Solidarité ». Pour cela, elles ont choisi d’agir ensemble et d’articuler leurs propositions autour de trois grands axes qui font le lien entre écologie, économie et société : partager justement les richesses pour mettre fin à la pauvreté et aux inégalités ; promouvoir la justice climatique et la souveraineté alimentaire ; et faire respecter les droits humains ici et partout dans le monde.
Partager justement les richesses pour mettre fin à la pauvreté et aux inégalités, c’est d’abord lutter contre l’évasion fiscale, qui prive les pays de ressources financière pour assurer eux-mêmes leur propre développement ; c’est aussi augmenter et améliorer la qualité de l’Aide Publique au Développement, afin de la faire parvenir aux 0,7% du PIB des pays riches qui n’ont jamais atteint dans ce domaine leurs engagements anciens ; et c’est encore réguler la finance pour qu’elle coïncide et serve à l’activité économique réelle et ne donne pas lieu qu’à la seule spéculation. Promouvoir la justice climatique et la souveraineté alimentaire, cela consiste d’abord à sortir progressivement des énergies fossiles et développer des sources d’énergie soucieuses de la protection du climat ; c’est d’autre part soutenir l’agro-écologie paysanne, à l’encontre de l’agro-business dommageable aux humains et à l’environnement ; et c’est aussi lutter contre tous les dérèglements climatiques sans mettre en danger la souveraineté alimentaire. Défendre les droits de l’homme, partout dans le monde, nécessite d’offrir aux migrants un accueil digne et respectueux de leurs droits humains, et réviser les politiques migratoires française et européenne ; cela revient aussi à légiférer pour obliger les entreprises multinationales à respecter les droits des personnes, des communautés, et de la nature ; et, bien entendu, cela comporte de garantir le droit des femmes. Toutes ces préoccupations ont été articulées en 15 propositions qui sont autant de demandes précises. Elles sont et seront présentées à tous les candidats aux prochaines élections qui seront amenés à prendre des engagements là-dessus ; mais elles seront aussi largement débattues en public, pour qu’elles deviennent de véritables requêtes citoyennes, responsables et solidaires. A nous de les faire nôtres !