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Ce vendredi 16 janvier 2015, en début d'après-midi, un peu d'agitation au lycée Touchard-Washington du Mans. Les jeunes de terminale et prépa, filière économie, commencent à investir l'amphi Lardera. Un groupe de jeunes du lycée Sainte-Croix du Mans, invités pour la circonstance, s'installe dans les premiers rangs. À14h55, l'amphi est comble (190 personnes), la caméra est positionnée pour filmer l'intervention, vidéoprojecteur et ordinateur sont parfaitement coordonnés : tout est prêt pour accueillir Éloi Laurent, économiste, pour une conférence débat sur l'avenir de l'État providence. Dans le hall, Mme le Proviseur scrute l'accès du lycée et enfin aperçoit l'intervenant qui arrive à grands pas. Elle accompagne Eloi Laurent jusqu'à l'amphi et après présentation et salutations rapides, on entre dans le vif du sujet : l'État providence, objet du dernier livre d'Éloi Laurent (Le bel avenir de l'État Providence, Éd. Les liens qui libèrent, Paris 2014).

L'État providence, ses origines
    À la fin du XIXe siècle, la société prend conscience de la nécessité de prendre en charge d'une façon mutualisée les risques sociaux, la démocratie se devant d'inclure aussi la démocratie sociale. Il s'agit de passer d'un État régalien à un État providence (social ou de bien-être). La première loi est promulguée en 1883. Et on arrive en 1945 à l'assurance des risques sociaux par l'État : c'est la mise en œuvre de la Sécurité sociale.

 

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L'État providence, son bel avenir

1 – C'est une institution très efficace tant sur le plan économique que sur celui de la justice sociale.    L'État providence a amorti les effets des crises économiques successives : crise des marchés et dérégulation de la finance dans les années 90, crise immobilière aux États-Unis en 2007, répercussion en Europe les années suivantes, aggravation de la crise en Europe par une politique d'austérité (Selon la théorie keynésienne – 1936 – sur la macroéconomie, la politique doit corriger le cycle économique par une politique contracyclique et non procyclique).
    Une réalité : le système français de protection sociale est très bien géré et parfaitement tenable à condition de bien gérer les cycles économiques. Il est plus efficace que les systèmes essentiellement privés (les dépenses de santé privées et publiques confondues correspondent aux États-Unis 17% du PIB avec une efficacité moindre qu'en France pour 11% du PIB). La fraude ne représente que 0,1% des prestations ce qui reste très minime. Face à la crise économique, les cotisations sociales redistribuées sous forme de prestations aux ménages et aux entreprises ont permis de diviser par quatre le choc économique pour le revenu des ménages.                        

2 – L'État providence sous différentes formes essaime dans le monde entier 
Brésil, Chine… et, aujourd'hui, les États-Unis... : une centaine de pays dans le monde s'oriente vers un État providence soit 30% de la population mondiale. Les pays qui ont adopté le principe de l'État providence sont aujourd'hui les plus développés : la richesse d’un État dépend aujourd’hui plus de la santé et du niveau d’éducation de sa population que du niveau de revenus. L’État providence est un investissement dans le capital humain.

3 – L'État providence est un excellent moyen pour la transition écologique
    Fin 2015 aura lieu à Paris le COP21, conférence des parties de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques qui devrait aboutir à un nouvel accord international sur le climat.
    Quelques constats : la Chine est responsable de 30% des émissions de gaz à effet de serre, la biodiversité se dégrade avec perte de certaines espèces, les écosystèmes mondiaux se détériorent…
    Toutes choses qui, à terme, provoqueront la perte du bien-être humain. Les accidents climatiques deviennent un risque social qui frappe d’abord les plus fragiles : canicule, inondation, tsunami. Ces effets peuvent être traités comme risques, ce qui permet alors d'envisager l'assurance de ces risques.

Vers un État social-écologique
    En articulant la question écologique et la question sociale, on passe du bien-être à l'instant t (aujourd'hui) à celui de l'instant t+1 (avenir) ce qui amène à développer dès maintenant un État social-écologique en liant le développement social et le développement économique.
   On ne peut que constater le coût sanitaire lié aux impacts écologiques (pollutions, canicule, etc..). Les inégalités sociales correspondent, le plus souvent, aux inégalités environnementales. Les cartes d'exposition aux pollutions et celles de localisation de la pauvreté se superposent. Face aux risques d'aggravation des inégalités, il devient nécessaire de construire des protections sociales. Investir dans des dépenses social-écologiques réduira le coût sanitaire attaché aux crises écologiques.
    Après la création de l’impôt sur le revenu en 1913, de la TVA en 1950, il faut désormais concevoir des instruments fiscaux qui "taxent les maux".

    Montrer que le monde économique ne se réduit pas au PIB est devenu un enjeu fondamental pour le développement humain qui prend en compte l'éducation et la santé, c'est-à-dire le bien-être social. Cela suppose changer les attitudes, changer les valeurs : des changements urgents pour un travail de longue haleine ! 

 Après avoir interpelé les jeunes et répondu à leurs questions, Éloi Laurent prend un temps convivial avec les enseignants et les organisateurs de la conférence, autour d'un verre de l'amitié offert par Mme Le Proviseur, puis il reprend le train pour Paris. Pour des raisons impérieuses, il n'a pu assurer la conférence grand-public prévu le soir. Elle est reportée au vendredi 6 mars à 19h à la salle Le Royal, 409 av. Félix-Geneslay, Le Mans.

Pour aller plus loin : 2015-01-16-CR-conf-Eloi-Laurent.pdf2015-03-06_ConferenceEloiLaurent-Affiche.jpg