les premiers colons italiens, et aujourd’hui classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. D’abord un
parvis en pavé. Ensuite, une grille. Devant la grille, un pistoleros. Je ne sais pas trop si c’est un flic,
je ne crois pas, plutôt un gars du type milice privée, il y en a plein au Brésil, pistolet à la ceinture.
Il nous ouvre et nous introduit dans un petit vestibule. Nous devons apposer sur une fiche nom,
prénom, numéro de passeport et lieu d’origine.
Raimondo Casa nous emmène dans un patio et nous donne quelques explications sur le lieu. Il
est dédié à Santa Dorotea, sainte italienne, qui a fondé un ordre religieux. Je n’en avais jamais
entendu parler. Des tableaux la représentent dans différentes scènes, auréolée, mais pas vraiment
olé olé, dont une où elle tient la règle de l’ordre à la main. Le monastère est aujourd’hui une
maison de repos, pour les sœurs âgées de l’ordre. Il est également un lieu d’accueil, d’hébergement
et de restauration pour des groupes en formation. En face du patio, des pièces en enfilade, peut-
être une cuisine, un salon avec la télé. Amusant, les pièces sont ouvertes sur le patio, avec des
portes battantes, du type de celles que tu pousses quand tu va boire un scotch au saloon, dans un
western. Il y a des hirondelles qui entrent, passent d’une pièce à l’autre, ressortent. Direction la
terrasse. Là, ça cause ! Environ trois cents mètres carrés, superbe sol de carrelages noir et blanc.
Devant nous, Récife, ses lumières, ses gratte-ciels, et Olinda, puis l’océan. Nous apprenons que
ce monastère bénéficie d’un réseau de galeries souterraines qui le relie aux autres monastères de
la ville, il y en a neuf, me semble-t-il. Nous continuons la visite par la capela, autrement dit, la
chapelle. Vous vous en doutez, style baroque. Je suis frappé par le plafond, dix-sept peintures sur
bois, de toute beauté. Vers l’autel, le Christ en croix, la Madone, la Mère et l’Enfant. La lumière est
tamisée, le lieu est calme et reposant, propice à la prière.
Une religieuse nous demande de prendre nos affaires et nous conduit à l’étage, pour que nous
prenions possession de nos chambres, je devrais dire de nos cellules. C’est manifestement la
carrée des religieuses qui officiaient là, autrefois. Huit mètres carrés, un bureau, un lavabo, un
ventilateur, accessoire indispensable car malgré l’hiver, il fait lourd et humide. Il n’y a pas de
crucifix dans les chambres, ni icône, ni bible, rien qui ramène à la religion, je trouve cela bien
étonnant. Au fond du couloir, les sanitaires. C’est l’hôtel trois étoiles ici, chambres individuelles et
douches chaudes, mieux qu’à l’hôtel en somme.
Il faut se presser, les sœurs servent le repas à 18h15 précises. La cloche sonne, on nous conduit
au réfectoire, nous osons à peine chuchoter. Est-ce que ce sont des sœurs silencieuses ? Nous ne
le savons pas. Nous traversons différentes pièces dont on se demande l’utilité. Dans chacune,
une table, quelques chaises, un guéridon, une armoire. On tourne un coup à gauche, un coup à
droite, arrive un escalier, c’est un vrai labyrinthe. Nous arrivons finalement au réfectoire. Une
sœur s’active, à son rythme bien-sûr, elle est déjà d’un âge avancé, à préparer le couvert du petit-
déjeuner. Huit tasses, huit assiettes, huit couverts, il n’y a manifestement que huit sœurs dans la
forteresse. Je me dis que peut-être d’autres, plus dépendantes, sont servies dans leur chambre,
c’est une maison de retraite. Je n’aurai jamais la réponse. Dîner plutôt sobre pour une fois, on va
enfin se reposer l’estomac !
Nous resterons là pour 3 jours avant de nous envolés pour Rio de Janeiro le matin du Jeudi 14 Juillet !