Une école d’éducation populaire

 L’après-midi commence bien, on fait un jeu de présentation mutuelle, par petites équipes d’un brésilien pour deux français. Il faut ensuite retranscrire ce que l’on a compris au groupe. Pour tout dire, on se marre, après un éclat de rire, un autre éclat de rire.

Raimondo Casa, le coordinateur d’EQUIP, nous interroge sur les objectifs que nous avons fixés à cette immersion ainsi que nos attentes. On sent le professionnel de la pédagogie et de la méthodologie. Puis vient la présentation institutionnelle de l’organisation à laquelle il appartient.

Le diaporama commence par cette citation de Paulo Freire, leader ayant lutté contre la dictature et pour l’émergence de l’éducation populaire : « Le rêve pour lequel je me bats exige que j’invente en moi le courage de lutter et d’aimer ».

 

Après le jeu du début, la présentation devient très institutionnelle, et plutôt ennuyeuse. Difficile pour notre traductrice de se prêter au jeu des diapositives. Mais nous ne sommes pas en souci, on va partir deux jours sur le terrain pour voir et comprendre. Comme hier avec le pôle syndical, on est sages et patients.

 

Je relève simplement que EQUIP est née en 88, à l’initiative de mouvements syndicaux et populaires du Nordeste, dont Henrique Cossart, éducateur français, qui semble être une référence pour eux. Elle s’appuie sur un réseau d’associés bénévoles issus d’associations, de syndicats, d’organismes de formation et une équipe d’éducateurs salariés. Ces objectifs sont multiples : participer au développement et à l’animation de réseaux sociaux sur les territoires du Nordeste, assurer une formation à l’analyse et à l’intervention politique des jeunes, participer aux politiques publiques en matière de jeunesse. L’association a touché 1600 personnes en 2010, dont deux tiers de femmes, 400 organisations diverses sur plus de 300 communes.

Sur le terrain, l’association accompagne les personnes à analyser leur contexte, identifier les difficultés, rechercher des solutions adaptées… une démarche d’éduc pop, tout simplement !

 

Demain, nous devons partir pour deux jours rencontrer les communautés Quilombos, les descendants des esclaves. Au XVIII et XIXème, lorsque des esclaves arrivaient à s’enfuir des grandes propriétés côtières, ils allaient se réfugier plus en avant dans les terres, en hauteur et en forêt, dans des lieux difficilement accessibles. Ils ont créé là des communautés qui ont perduré, au-delà de l’abolition de l’esclavage, et qui perdurent encore. EQUIP est un de leurs partenaires, l’association les accompagne dans leur formation, les aident à s’organiser. Et demain, nous serons chez eux, nous dormirons même dans les familles.

 

Raimondo Casa expose ensuite les difficultés qu’il a actuellement pour financer son organisation : désengagement de l’état, retrait de certaines organisations gouvernementales occidentales de solidarité internationale… Nous posons des questions sur la participation du secteur privé via les lois de mécénat. Comme à l’ASPTA hier, co-financée par une grande entreprise de semences, les réponses sont évasives. Nous cacherait-on quelque-chose ? L’argent aurait-il une odeur ?

 

Quelques mots sur le méga-projet de dérivation du fleuve San-Fransisco. Des grands canaux seront construits pour irriguer les états du Nord, qui sont les plus arides. Le gouvernement pense trouver là une solution durable aux problèmes de sécheresse. Les mouvements sociaux se mobilisent contre ce projet et ses conséquences sociales et environnementales. Ils pensent qu’il profitera pet aux populations et sera une opportunité pour le business et les entreprises agro-alimentaires. C’est par ailleurs un projet excessivement coûteux, financé par l’argent public, et techniquement peu intéressant du fait des phénomènes d’évaporation. Les mouvements sociaux recherchent davantage des solutions de développement de projets de captation d’eau adaptés aux zones semi-aride.

 

Nous ne pouvons pas aller plus loin, nous sommes attendus. Ca va bien à tout le monde !