Nous sortons d’Altamira et empruntons la Transamazonienne. Les premiers kilomètres sont goudronnés puis la route devient moins praticable. Il a plu la veille et notre chauffeur a du mal a contrôler le vans. 140 km nous séparent d’Anapu, le trajet durera 3 h 30.

 

A Anapu, Maria la secrétaire du Padre Amaro nous accueille. Après s’être rapidement installés nous reprenons la route nous avons rendez-vous avec les membres du PDS (Projet de Développement Durable) Esperansa. Et c’est reparti pour 1h 30 de route à travers les pistes de la région.

 

Mike Klee et Almanda, ainsi que l’ensemble des leaders du Projet de Développement Durable nous accueillent. Le PSD se situent en pleine forêt amazonienne. Il s’agit d’un projet soutenu par la Commission Pastorale de la Terre et crée par sœur Dorothy Mae Stang.

 

Au début des années 2000 des agriculteurs sont à la recherche de terre, mais plus aucune n’est disponible sur la commune d’Anapu. L’idée de Dorothy Mae Stang et de la CPT est de récupérer des terres occupées de manière illégale par les grilheros (grands propriétaires terriens) pour en faire un projet d’agriculture durable. A noter qu’à cette période, 500 ha de forêt étaient déboisés chaque année.

 

Le PSD recoupe 29000 ha de forêt et est occupé par 250 familles. Chaque famille dispose d’environ 100 ha, 80% doivent être préservées et 20% peuvent être exploitées (législation.) dès le début de l’occupation des terres par les agriculteurs, les menaces des grands propriétaires terriens qui souhaitent exploités la forêt se sont fait sentir.

 

De 2000 à 2004, les tensions s’amplifient, les agriculteurs vivent dans la terreur, les pistoleros mettent le feu à des exploitations.

 

Au matin du 12 février 2005, Sœur Dorothy Mae Stang est assassinée de 6 balles dans le corps. Elle avait alors 79 ans.

 

Après sa mort de nombreuses familles ont abandonné leur terre par peur des représailles. Sous la pression fédérale et internationale, 2 forestiers ont été jugés et purgent des peines de prison, après avoir été une première fois relaxés. Mais d’après les membres du PDS le principal commanditaire serait encore en liberté et continue son commerce crapuleux.

 

Aujourd’hui encore un fort climat d’insécurité règne et les forestiers n’hésitent pas à rentrer sur les terres du PSD pour couper des arbres. La communauté qui vit sur cette terre semble plus divisée que jamais : il y a les irréductibles qui veulent continuer la lutte en mémoire de Dorothy et ce malgré les menaces de mort, et l’autre partie qui ne résiste pas à la corruption des forestiers. L’équilibre du PDS semble menacé d’autant plus que les membres du PDS Esperansa sont dépendants des forestiers et des grossistes pour écouler leurs produits. Ils ont en projet une création de coopérative mais les démarches administratives coutent chères et ils rêveraient d’acheter un camion pour pouvoir vendre directement leur production et ainsi la valoriser.