IMG_0634.JPGDicton brésilien : « Tout finit par s’arranger. Si ça ne s’arrange pas, c’est que ce n’est pas fini ». La

bonne nouvelle vient de tomber, nous partons chez des paysans, les routes sont dégorgées de leurs
eaux, et il ne devrait en principe pas pleuvoir aujourd’hui. Cool, c’est parti.

Rendez-vous d’abord dans une petite ville dont j’ai zappé le nom, sur une place, avec deux
personnes qui vont nous servir de guide. Un ingénieur agronome et un animateur de la pastorale de
la terre, Piu, c’est son surnom, on se surnomme ici.Il y a un bruit pas possible sur cette place, la circulation, les coups de klaxon, la musique, les uns et les autres qui s’interpellent. Plein de couleurs aussi, et des petit bus Volkswagen partout. Ca ne
ressemble à rien de ce que l’on a déjà vu.

On repart. Pendant peut-être trois-quarts d’heures, de la canne à sucre, de la canne à sucre
et de la canne à sucre, à perte de vue. Nous sommes au cœur d’une méga-propriété, avec au
centre, l’usine qui transforme la plante en éthanol. Nous passons devant. Carine m’expliquait il y a
quelques jours, qu’environ la moitié du parc automobile brésilien est hybride, mais pas à la version
française. Ici, c’est essence et éthanol.
Le terrain est assez vallonné, une grande partie des terres ne peuvent pas être récoltées ou
traitées par les machines, et ce sont des milliers d’hommes qui sont nécessaires pour travailler
les plantations. Un peu plus loin, une douzaine d’hommes, masque à gaz sur le nez, traitent les

plants. On pollue ici, on surpollue même. Nous ne connaissons pas la moyenne d’âge, mais notre
guide nous explique que dès trente ans, des hommes meurent, rendus malades par les produits
qu’ils absorbent. Mieux encore, à certaines périodes de l’année, on balance les produits par avion
où hélicoptère, comme ça, tout le monde en profite, hommes, femmes, enfants, villages et jardins
de travailleurs. Notre guide nous dit qu’ici, on boit beaucoup de lait, pour se désempoisonner, et
beaucoup de cachaça, parce que la vie est trop dure

La cerise sur le gâteau ! Il y a des lois au Brésil qui interdisent les plantations à moins de vingt
mètres des routes ou des fleuves, et il n’y a pas intérêt pour les paysans de déroger à la règle. En
outre, les grandes entreprises peuvent agir comme elles le souhaitent, le gouvernement ne cherche
jamais les poux dans les cheveux des grandes entreprises. Je suis guère étonné, c’est le contraire
qui aurait été étonnant.

Pour rester dans les produits agro-toxiques, et pour votre information, un brésilien consomme en
moyenne et chaque année 5,4 litres de produits agro-toxiques. Vous prenez une calculatrice, et
vous multipliez par environ 170 millions d’habitants. On s’approche du million de mètres cubes. On
comprend tout de suite mieux pourquoi les sols sont ravagés, et pourquoi l’agro-industrie joue au
lobbying.