Après avoir retrouvés nos copains d'Amazonie la veille au soir, nous sommes à Genessia reçu par Marli, son fils Gabriel, et Johannes pour visiter une initiative d’agriculture urbaine accompagnée par l’ASPTA. En 2005, les femmes qui nous recoivent ont pris
possession d’une terre, mise à disposition par la Pétrobras, là où ses pipe-line de pétrole passent
dans la commune. Elles ont d’abord régénéré à l’aide de la même plante que celle vue en début de
séjour à l’école Rosa Luxembourg. Trois mois après, le jardin est prêt pour la culture, des haricots
d’abord. Mais problème, au moment de la récolte, elles n’ont pas de marché pour écouler les
produits, elles offrent alors la première récolte à la communauté, sans contrepartie. Etonnant, cer
manque d’anticipation, ça me rappelle certains créateurs ou auto-entrepreneurs que nous recevons
à la Boutique de Gestion.

Deuxième récolte, un partenaire, je ne sais pas qui, mais il s’agit d’une ONG étrangère, lui propose
d’écouler ses produits dans une boutique appelée « les Champs Elysées », et elles ont complété par
des ventes sur les marchés.

Un partenariat s’est ensuite mis en place avec la mairie pour alimenter la cantine scolaire. Le
problème au Brésil, c’est que lorsque vous signez une convention avec une collectivité, vous n’avez
d’abord aucune garantie de recevoir les moyens annoncés, nous l’avons vu à plusieurs reprises, et

l’accord est dénoncé immédiatement au moindre changement d’élu. C’est ce qu’il s’est passé ici
aux élections suivantes, en 2008, et le partenariat est tombé. Le motif est qu’elles n’ont pas de
structure juridique officialisée. Pour sortir de cette difficulté, le groupe de femmes, 22 personnes
au total, s’allie à une entreprise qui joue le rôle de l’intermédiaire. Les femmes effectuent les
démarches nécessaires pour se mettre en règle vis-à-vis des exigences de la collectivité.

L’ASPTA soutient cette initiative depuis cinq ans. Elle a fait le choix, début des années 2000, de
faire émerger et d’accompagner des projets d’agriculture urbaine, dans la périphérie de Rio, mais
en général plutôt tournés vers l’auto-alimentation familiale

Johannes était cuisinière avant, salariée. Depuis qu’elle cultive, elle dit avoir gagné en qualité de
vie, même si la rémunération est peu importante : moins de stress, plus de confiance en elle. Elle
emboite sur la description du contexte local. Un territoire « rurbain », ni rural, ni vraiment urbain,
territoire cultivé par les fazendas lorsqu’elle était enfant. Ici, très peu d’infrastructures de bases, il
n’y a dèjà pas de routes, je ne vous parle donc pas des écoles et des postes de santé.

Nous terminons par la visite des jardins, en pleine cagna. C’est vrai que depuis que nous sommes
à Rio, nous sommes réconciliés avec le temps, le soleil est franchement généreux, et les filles se
tartinent de crème solaire. La visite est un peu longue, chacune veut nous montrer son lopin de
terre… cultures magnifiques, très entretenues.