Nous nous situons cette fois-ci dans la zone semi aride du Nordeste : environ un million de kilomètres carrées, 23 millions d’habitants dont 44% de ruraux, une région qui présente 750 millimètres de pluviométrie par an avec des fourchettes de 100 à 2000 millimètres, et une moyenne de 3000 millimètres d’évaporation par an. Les partenaires nous présentent deux photos prises au même lieu à deux saisons différentes, on dirait l’Ecosse puis le sud de l’Espagne, si ça peut vous donner une idée. L’eau est un enjeu crucial ici, et bien des familles ici n’en ont pas l’accès, particulièrement en milieu rural. On considère que 36 journées par an et par famille sont consacrées au seul approvisionnement en eau. C’est un travail en soit !

 

On apprend au passage que cette année est une année… pluvieuse ! Pas vu ça depuis plus de dix ans. Effectivement, on vient de prendre une bonne rabasse, et le ciel est complètement bouché. On n’a pas vraiment prévu ça en bouclant les valises !

 

L’agriculture traditionnelle est bien-sûr familiale et vivrière, diversifiée. Problème, elle a fortement évolué ces dernières années vers des logiques de monoculture, pour la production de coton, canne à sucre, fourrage pour le bétail, porcs, poules. Ces orientations agricoles ont totalement gommé la diversité des productions traditionnelles, entrainant de fortes conséquences : chute de la biodiversité, érosion des sols et salinification, augmentation des maladies touchant les cheptels, dégradation de l’environnement. Autre conséquence importante, les savoir-faire traditionnels en matière de production agricole ont largement disparu, et on ne sait plus trop subvenir à ses propres besoins par l’agriculture et l’élevage.

 

L’ASPTA est actif dans ce contexte, particulièrement sur l’accès à la terre, l’accès à l’eau, et l’accès aux semences pour diversifier à nouveau les cultures, en vue d’une agriculture familiale et vivrière. Elle participe au « pôle syndical », qui regroupe sur un territoire de 16 municipalités (ça ne correspond en rien à un village de chez nous), des syndicats, associations communautaires et mouvements d’Eglise, et porte un projet d’agro-écologie, visant à sauvegarder et revaloriser les petits paysans et à les rendre acteurs de changement.

 

José nous présente le programme des trois jours à venir, à l’aide d’un tableau tout écrit en portugais. On ne comprend pas grand-chose, si ce n’est que l’on ne va pas chômer, et se lever tôt. En même temps, on est déjà bien dans le rythme !

Petite discussion sur les relations entre l’association et l’épiscopat. On retrouve plus ou moins les propos qu’a tenus le père curé rencontré il y a quelques jours. L’archevêque du coin soutien par exemple le méga-projet de déviation du fleuve San-Fransisco, qui profitera aux grandes entreprises et s’avère une catastrophe pour les petits paysans. No comment !