Photo 3Photo 3A huit heures, nous sommes rendus à Piranintiga. Sous un hangar, les familles assistent à la pesée de leur production maraichère : salade, choux, patates douces, manioc, courgettes… Les produits sont chargés dans des camions appartenant à la municipalité. En effet, un contrat lie la ville avec les paysans de l’assentamento qui assure la production de légumes pour les établissements publics, en particulier les écoles. Nous apprenons que depuis un an, une loi fédérale oblige les structures publiques à intégrer 30% de leurs achats alimentaires issus de l’agriculture familiale.

Il y a là des hommes et des femmes de tous les âges, et même des enfants qui sont en vacances scolaires pour quinze jours. Une jeune femme assure le relevé des pesées, et inscrit les poids de chaque cagette sur un cahier. Lorsque la municipalité paiera sa facture, elle sera chargée de redistribuer les recettes. Elle est là avec son enfant, enveloppé dans une grande couverture chaude, né il y a seulement trois jours. On lui explique notre système de congé maternité, et paternité. Elle semble trouver ça incroyable. A côté de cette scène, deux vieux tracteurs tirent des gyrobroilleurs, ils remettent le stade de foot en état. Il y a aussi quelques ânes attelés à de vieilles charrettes, on croirait une carte postale.

Judith, coordinatrice du MST sur le lieu, nous présente l’histoire de cet assentamento, que 27 familles se partagent depuis bientôt 15 ans. Elle nous invite ensuite à visiter quelques exploitations de la propriété.

Nous partons chez une grand-mère qui nous fait découvrir son verger. Magnifique ! On y trouve des bananes, des prunes, des caramboles, des oranges, de la goyave, des papayes. Un peu plus en haut, un jardin potager, très bien organisé, qui débouche sur un champ de café de 450 pieds. Entre chaque ligne de café, une ligne de manioc, pour créer artificiellement de l’ombre, propice à l’épanouissement des grains. Une jeune femme est à la cueillette et passe les grains au tamis pour en écarter les feuilles et autres impuretés. C’est chouette, ces grains de toutes les couleurs, jaune, vert, rouge. Au sol, des bâches accueillent la récolte qui doit sécher dix jours avant d’être mis à la vente.

Nous poursuivons la visite dans deux familles, qui nous présentent leur potager, organisés de manière concentrique, en biodynamie. Ce sont des jardins mayas, des mandalas. Très esthétique ! Ca donne des idées pour la maison. Ces productions maraichères sont complétées par des cultures de maïs, de manioc, de courges et 20 têtes de bétail pour l’un, et par un atelier de porcs pour le second.

La matinée se termine autour d’un repas pris sous le hangar de la pesée. Salade, riz, haricots, beignets, chèvre, pomme de terre. Les repas se suivent et se ressemblent, mais sont tout simplement délicieux. Ici, on ne mange pas comme chez nous : tout est mis sur la table, chacun mange ici où là, assis où debout, en 10 ou 15 minutes maximum, et sans boisson, ni fromage, dessert et café.

Un enfant se tourne vers sa mère : « Dis maman, les gens, ils sont d’une autre planète ? »

Pierre