Lors de notre semaine à Montréal, nous avons eu la chance d'expérimenter l'économie sociale et solidaire directement sur le terrain en étant bénévoles au restaurant associatif Robin des Bois, situé sur le quartier animé du Plateau .

Nous étions deux à être bénévoles dans les cuisines et quatre au service. A la fin du service nous avons pu échanger avec Judy la fondatrice du restaurant.

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Il y a dix ans, Judy Servay, alors productrice de télévision a souhaité changer de vie et entreprendre un nouveau projet : la création d'un lieu où les gens puissent faire du bénévolat autour d'une activité ludique. Son objectif était que les personnes qui souhaitent s'investir dans le milieu associatif, mais qui ne sont pas à l'aise dans les structures sociales existantes, puissent trouver un lieu adapté. Judy a donc choisi d'ouvrir un restaurant associatif, avant tout parce que la nourriture rassemble les gens. Son but était de créer un lieu convivial mais aussi culturel pour permettre aux personnes de donner du temps pour une cause qui leur est chère.

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C'est ainsi que le restaurant Robin des Bois est né sous la forme d'un Organisme à But non Lucratif, mais Judy préfère le présenter comme un « organisme à but lucratif social ». C'est grâce à un don et des prêts de particuliers et de banques que le restaurant a pu voir le jour dans un quartier animé de Montréal, et offrir aux clients et bénévoles un espace agréable et cosy où on a envie de revenir.

Judy a su bien s'entourer : Mathieu en cuisine et Emilie au service encadrent salariés et bénévoles depuis la création du restaurant. C'est une des réussites de son projet souligne Judy : « Il est important de bien s'entourer et de jongler avec les compétences. » Un Conseil d'Administration composé de personnes avec des compétences variées (avocat-e, comptable, expert-e en marketing) appuie l'association et donne de la crédibilité au projet.

Robin des Bois provoque des rencontres entre bénévoles d'horizons différents :

Les bénévoles apportent de l'énergie à l'équipe, et une atmosphère sympathique au restaurant. Ils permettent aussi de faire connaître le restaurant grâce au bouche à oreille. Le restaurant permet aussi de créer du lien social entre les personnes bénévoles : des jeunes de milieux aisés qui doivent faire du travail communautaire travaillent avec des jeunes décrocheurs et des personnes en difficultés sociales, sur un même pied d'égalité.

"Le challenge de l'économie sociale c'est de faire l'équilibre entre le business et le social"

Judy souhaite insister sur l'aspect lucratif de son association. C'est en créant de l'argent que Robin des Bois peut en redistribuer aux associations partenaires : Santropol roulant, le Refuge des jeunes, le Chaînon et Jeunesse au soleil. 85 000 $ ont été distribués aux association depuis le début, ce qui est peu. La difficulté n'est pas de gérer les bénévoles mais cela reste de faire de l'argent. Les marges de profit sont minces dans un restaurant. C'est pourquoi Robin des bois propose des événements pour lever des fonds et des camps de cuisine pour les enfants. Robin des Bois mise aussi sur la fidélité de ses clients : les gens viennent la première fois pour la cause, et reviennent pour la qualité du service. « C'est un business et pour faire de l'argent, il faut en dépenser. » C'est pourquoi Judy a souhaité investir dans la décoration. L'argent, bien souvent tabou dans le monde associatif, est à la base des échanges qui peuvent être à la fois monétaires, humains et solidaires.

« Il ne faut pas se demander pourquoi la nourriture bio est chère mais pourquoi le Mac Do n'est pas cher ! » souligne Judy.

Ce projet a résonné dans les oreilles de deux des participantes Nathalie et Magalie qui ont toutes deux des projets similaires en construction en France : Nathalie souhaite ouvrir une cantine pour expérimenter « l'alimentation en transition » accessible à tous. Magalie souhaite monter un café associatif dédié à la petite enfance à Gap.

Transformer nos échanges économiques pour qu'ils aient du sens, redéfinir l'alimentation pour qu'elle soit vectrice de solidarité, d'échanges et de vie, créer de nouveaux espaces pour partager et se rencontrer, c'est ce que le groupe souhaite continuer à faire de retour en France. Un grand merci à Judy, Emilie et Mathieu qui nous ont appris les rudiments des métiers de la restauration et qui nous ont aussi donné un élan de plus pour soutenir l'ESS!