Nourriture paysanne : vie saine pour aujourd’hui et pour demain

En ce 20 août nous avons visité une des 60 EFA d’Argentine (Escuela de la familia agricola), l’équivalent des maisons familiales et rurales (MFR). Elle a été fondée il y a plus de 15 ans sous l’impulsion du prêtre de la paroisse de Santa Ana. L’école a été baptisée « Tupã Rembiapo » qui signifie « Œuvre de Dieu » en langue guarani. 83 élèves entre 11 et 18 ans alternent une semaine de cours puis une semaine à la maison pour aider la famille ou aller en stage. Les élèves sont encadrés par 17 professeurs et reçoivent une formation tout d’abord basique durant 3 ans puis plus technique les 4 années suivantes (élevage, maraichage, artisanat…).

Dans le cadre de leur formation les élèves construisent au fur et à mesure les différents lieux de vie et de travail de leur école, c’est le cas en ce moment de la cantine qui servira également de salle de réunion. A l’issue de leur formation, les élèves obtiendront un diplôme de technicien agricole. Si les salaires des professeurs sont pris en charge par l’Etat, l’école fonctionne surtout grâce à l’aide de donateurs privés, des parents et de la vente de leur production. De même l’école est en partenariat avec INCUPO pour l’achat de matériel agricole. La visite de la porcherie, du poulailler et du jardin bio s’est conclue par un match de volley-ball franco-argentin !

En quittant Santa Ana nous avons rejoint la petite ville d’Itati, haut lieu de pèlerinage dans le nord-est du pays. Les 15 et 16 juillet, la basilique accueille plus de 100 000 fidèles qui parcourent près de 70km à pied pour célébrer la fête du Couronnement de la Vierge. Le restant de l’année les fidèles se rendent à la basilique pour le baptême de leurs enfants ou de manière plus pittoresque pour la bénédiction des voitures et des motos nouvellement achetées. Ces jours d’affluence sont l’occasion pour les petits producteurs de la région de venir vendre leurs produits. C’est ainsi que se sont développées les ferias (foires) d’Itati.

En 1999 la crise dans la province de Corrientes a poussé les habitants à faire du troc pour s’en sortir car les salaires n’étaient plus versés. En 2000 a été lancé le projet d’une foire franche, avec l’aide d’une agronome, destinée à reconvertir des chômeurs dans la production et la vente de produits locaux (confitures, miel, légumes…). Ces derniers ont obtenu des aides pour l’achat de matériel et ont également été formés aux normes d’hygiène. C’est ainsi qu’ils ont obtenu l’autorisation de la municipalité de monter leurs stands sur le parvis de la basilique chaque week-end. Face au succès des ventes, les petits producteurs se sont regroupés en associations. Il en existe plusieurs dans la région d’Itati qui organisent chaque année une grande foire à Corrientes. Pour se protéger d’une concurrence déloyale, les associations se sont dotées d’un label qualité.

Les femmes sont majoritairement représentées dans ces associations ce qui leur a permis d’accéder à une autonomie professionnelle, financière et sociale. Pour accepter cette nouvelle réalité, les hommes ont bénéficié d’une formation sur le genre grâce à INCUPO.

Bernadette, Sandra, Marianne et François