A l’annonce de la prochaine démission du pape Benoît XVI, voici les premiers mots qui me viennent à l’esprit, à titre personnel.
Le 19 janvier dernier, le pape recevait les participants à l'Assemblée plénière de Cor Unum, à Rome. J'y étais et la fatigue du pape m'avait frappé vivement.
Quelques mots me viennent à l'esprit.
Recueillement. Un homme vient de prendre une décision importante pour lui parce que très importante pour l'Eglise dont il était le Pasteur universel. Que les catholiques se recueillent avant de se laisser aller à des commentaires hâtifs, voire récupérateurs mêlés de contradiction ou de satisfaction. Se recueillir et prier pour l'accompagner dans cette étape lourde de sa vie. Se recueillir et prier pour qu'à ses côtés l'Eglise traverse cette étape dans la confiance et dans l'attention "aux signes sacrés d'une naissance" comme nous y invitait le Père Teilhard de Chardin, le 9 novembre 1936.
Réflexion. En effet pourquoi le monde et l'Eglise sont-ils étonnés par cette décision ? Qu'est ce qui semblait la rendre inconcevable ? Le statut même du pape que certains sacralisaient au point de lui interdire toute décision personnelle venant contrecarrer la volonté divine. Benoît XVI avait dans un livre récent démentit une telle approche en évoquant la démission du pape comme une possibilité. L'émotion est d'autant plus grande que dans les mentalités de certains l'absolue concentration de toutes les responsabilités rendait inconcevable qu'une telle décision puisse faire l'objet d'une décision réfléchie et préparée en collégialité.
Reconnaissance. Chacun peut porter un jugement différent sur les décisions prises par le pape Benoit XVI ou sa manière de conduire l'Eglise... C'est un sentiment de reconnaissance qui m'habite pour le courage qu'il lui a fallu pour assumer cette tâche, à son âge. Sa pensée théologique a conforté certains, et déçu d'autres. On ne peut lui reprocher sa compétence à réfléchir les tensions vécues par une Eglise en pleine tempête de la mondialisation, de la sécularisation et de la diversification des pensées. Et surtout à nous inviter, chacune et chacun, à prendre notre part dans cette réflexion éclatée. Reconnaissance filiale et fraternelle en ce temps d'immédiateté de la nouvelle.