Oui le matin est là, même s’il est difficile de le déceler à travers ce que Teilhard de Chardin appelait les « souillures et les maux » de notre société. Je suis émerveillé par la vitalité courageuse et inventive de « la société civile ». Des millions d’hommes, femmes et enfants n’acceptent pas l’inacceptable et avec nous, inventent les stratégies pour en sortir. Cet émerveillement n’a rien de naïf. Il est éclairé par la foi en la résurrection de Jésus. Ce message, bien  évidemment indémontrable rationnellement, rejoint les attentes de chaque être humain et de l’Humanité entière.
Ce message est bien pour moi l’incarnation du Plein Amour de Celui que nous osons appeler Père. Il est bien vivant dans cette capacité de relèvement dont les sociétés humaines font preuve et avec lesquelles il nous est proposé de faire Alliance. Ce message est invitation à la rencontre des frères et sœurs en souffrance et en réaction. Il est aussi invitation à la rencontre du Tout Autre et du Tout Aimant qui nous est proposée par Jésus.
Aussi est-il douloureux de constater que la communauté des chrétiens, à travers certains de ses responsables institutionnels croient servir l’espérance en condamnant ce « monde perdu et relativiste, hédoniste et matérialiste ». Oui, c’est bien au cœur de toutes ces dérives que nous avons à témoigner d’une présence de vie. Et cela avec ceux qui « croient au ciel, comme avec ceux qui n’y croient pas ». Un tel compagnonnage est secouant ; il interpelle certaines de nos affirmations ; il ne nous incite pas à taire ce que nous croyons source de mort dans les mécanismes sociétaux actuels, mais il exige de regarder ce monde avec des yeux et un cœur de sympathie fraternelle.