Des entreprises multinationales ont utilisé la responsabilité sociale des entreprises, RSE, pour leur image de marque, mais ce n'est qu’un alibi pour exploiter les ressources matérielles et humaines. Les visites sur le terrain en Tunisie, par des syndicats nationaux et internationaux, ont mis en évidence les manquements des entreprises aux textes de l'organisation internationale du travail (OIT): refus du dialogue social et de l'activité syndicale, précarité de l'emploi, non-respect des normes de santé et de sécurité des travailleurs, non-respect des normes environnementales dans la chimie et le traitement des déchets... La sous-déclaration des salaires (qui réduit la protection sociale) et les arriérés de cotisations sont récurrentes ; alors que les entreprises demandent des garanties pour leurs investissements, certaines ont fermé en 2011, laissant derrière elles des ardoises de cotisations sociales.
Seule une coalition des acteurs des sociétés civiles et des syndicats peut faire avancer le respect des droits humains par les multinationales. Les obstacles à surmonter sont immenses : il faut lutter contre la corruption (c.a.d le lien entre le monde des grandes entreprises et celui des politiques), mettre en place la protection des citoyens par l'état et sensibiliser les travailleurs à leurs droits. « Il est urgent d'éduquer les jeunes travailleurs à leurs droits et se garder de toute compétition entre les travailleurs du Nord et du Sud !» insiste le responsable de la Nouvelle initiative syndicale en Inde. En Tunisie, la menace sur le droit de grève est réelle. Pourtant, sous la pression de la société civile, des grèves ont eu lieu. Résultats : des progrès ont été obtenus, mais des entreprises sont parties, laissant leurs travailleurs sans emploi et l'État a fait pression pour que cessent les grèves comme préalable à toute discussion. Pour résumer : une mondialisation juste ne peut advenir que grâce à la mobilisation conjointe de tous les acteurs : syndicats, défenseurs des droits de l'homme, juristes, collectivités locales, élus parlementaires, ONG et société civile capables de porter du plaidoyer et cela dans une démarche transnationale concertée.
L’appel est lancé !
par Maryse Fischer, bénévoles de Bourgogne Franche Comté et membre du réseau thématique RSE