En attendant l’ouverture du FSM le dimanche 6 février, le CCFD-Terre Solidaire a organisé des visites de terrain à la rencontre des partenaires qu’il soutient au Sénégal.

Après une bonne nuit de sommeil, nous avons retrouvé Marie Madeleine Gomez, coordinatrice  d’un projet[1] à l’Association ouest africaine pour le Développement de la Pêche Artisanale (ADEPA).  En taxi, direction Yoff Thonghor, un quartier de pêcheurs. Marie Madeleine nous emmène dans un atelier artisanal de transformation de poissons, où environ 60 femmes travaillent en Groupement d’Intérêt Economique (GIE). L’ADEPA, soutenue par le CCFD-Terre Solidaire, offre un appui notamment matériel à plusieurs GIE de la zone. Cela permet le développement d’activités grâce auxquelles les femmes peuvent contribuer aux finances du foyer.

A l’époque de sa création en 1993, l’atelier était largement alimenté en poissons. Aujourd’hui, il se fait plus rare. Il est donc nécessaire de protéger les ressources de la mer en améliorant la gestion de la pêche, ce qui passe par une structuration de la profession. Pour cela l’Etat avait tenté de mettre en place des réglementations qui n’ont pas abouti faute d’avoir impliqué les acteurs de la filière. C’est pourquoi, la concertation avec les pêcheurs s’est imposée.

Après un bon repas en bord de mer, nous sommes alors partis vers Ouakam, où nous avons rencontré les pêcheurs d’un GIE, qui nous ont fait part de leurs initiatives en co-gestion: définition de zones où la pêche est interdite, nettoyage des fonds marins, création de commissions locales de pêcheurs, création de maisons de pêcheurs pour permettre la discussion entre les différents acteurs (pêcheurs, mareyeurs…), etc.

Ces acteurs de la société civile sont force de propositions pour sauvegarder leurs métiers et tentent d’influencer l’Etat. Suite à des mobilisations, ils ont réussi à geler les Accords de Pêche envisagés avec l’Union Européenne, qui favorisaient la pêche industrielle européenne.

Ces accords devaient augmenter les flux d’exportation de poissons à destination de l’Europe. Ces exportations sont en effet facilitées par les bonnes conditions de transport et les facilités de moyens de paiement. Aliou s’exclame fièrement : « Un français mangera un thiof (Mérou) pêché la veille, avant le Dakarois ! ». Quel paradoxe quand on sait que le poisson est l’aliment de base au Sénégal !

Les initiatives  sont nombreuses mais des difficultés persistent, il nous faut encore avancer ensemble !

  Laurence P., Alexandra Z.  et Alexandre M.

 Vendredi 5 Février 2011

Membres du réseau CCFD-Terre Solidaire



[1] «  Renforcement de la structuration et des capacités d’influence des organisations professionnelles de la pêche artisanale »