Ingeborg Midttomme lève la bouteille qu’elle transporté depuis la Norvège. « Un peu d’eau de mon pays, additionnée d’eau de tous les endroits que nous avons traversé en marchant pour venir ici », témoigne l’évêque de More (Église de Norvège). Ils étaient plus de 200 pèlerins réunis dans une prière œcuménique dans la basilique de Saint-Denis (93), samedi 28 novembre, pour figurer la convergence de quatre grandes marches parties de l’Est (Allemands, Scandinaves, Néerlandais, Belges), du Nord (Britanniques), du Sud (Philippines, via l’Italie), et d’Afrique de l’Est (des cyclistes).

Dans un même but : faire pression sur les délégations gouvernementales réunies à la COP 21 à partir de lundi 30 novembre afin qu’ils trouvent un accord « juste, ambitieux et légalement contraignant » pour limiter le dérèglement climatique.

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Les pélerins climatiques réunis dans la Basilique Saint Denis ©Patrick Piro / CCFD-Terre Solidaire

Les pèlerins ont été accompagnés, par tronçons, « par plusieurs dizaines de milliers de personnes issues d’une quinzaine de pays, dont 7 000 en Norvège, signale Martin Kopp, à la fédération luthérienne mondiale. Sans compter les marches que nous avons eu du mal à recenser — entre le Mozambique et le Kenya, par exemple. »

Sur la tribune de la Salle de la Légion d’honneur de Saint-Denis, à deux pas de la basilique, Latifa Begum, l’une des animatrices d’Islamic Relief Bangladesh, brandit à son tour son l’objet symbolique qu’elle a porté avec elle, une torche solaire « pour illuminer le monde avec les énergies renouvelables ».

Sally Foster Fulton, de l’Église d’Écosse, présente un sceptre de bois poli par la main de milliers de personnes qui y ont laissé un peu de leur empreinte jusqu’à Paris. L’Allemand Gehard Kurtz, qui vit près du Danemark, sort de son sac une grosse éprouvette où sédimente une dizaine de couches de terres, collectée sur des sols foulés lors de son parcours.

Un des marcheurs est porteur d’une charge symbolique forte, c’est le Philippin Yeb Saño, passé « de l’autre côté de la barrière ». Négociateur pour son pays lors de la COP 19 à Varsovie, il avait ému le monde entier en exhortant les pays riches à prendre leurs responsabilités alors que son pays venait d’être dévasté par un énorme typhon. Il avait fondu en larmes, et engagé une grève de la faim pendant le sommet climat. Un an plus tard, il était congédié. Et cette année, il se retrouve à la tête de People’s Pilgrimage (le Pèlerinage du peuple pour le climat).

Yeb Saño a marché 60 jours pour parcourir 1 500 kilomètres depuis Rome jusqu’à Saint-Denis. « La COP 21 n’est pas le bout de notre chemin, nous savons qu’il est très peu probable qu’un accord satisfaisant en sorte. Mais je suis optimiste, c’est très encourageant d’avoir vu tous ces dirigeants religieux et spirituels se lever pour la justice climatique au cours des derniers mois ! »

Patrick Piro