31 mars. Vermoulu par les 24 heures de voyage, le groupe arrive à minuit (6 heures en France) à Asunción, la capitale du Paraguay. On avait froid dans l’avion. Dehors, la nuit est à plus de 30 degrés. Fernando, de l’ONG paraguayenne Decidamos, partenaire du CCFD, nous attend. Il est accompagné d’Hervé, volontaire français, qui travaille avec Decidamos. Le bus nous conduit au centre-ville, chez les sœurs Siervas de la misericordia. Décalage horaire, chaleur : la nuit est courte !

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1er avril. Dès le petit déjeuner, nous rencontrons Isaac, un paysan brésilien, venu à Asunción avec un échantillon de ses semences – il produit chez lui plus de 400 variétés différentes. Première séance de troc du séjour ! Isaac touche une petite retraite. Il est passionné par les semences et tire un revenu de leur vente. Il cultive à la fois des plantes alimentaires et décoratives, et a dans ses bagages un sac rempli de piments jaunes, rouges, violets, de toutes les formes et toutes les tailles.

Au réveil, nous entendons des pétards exploser – au Paraguay, c’est courant de faire retentir des bombas lors des fêtes et évènements collectifs. Aujourd’hui, c’est une manifestation contre une loi qui prévoit de taxer les adhérents des coopératives bancaires et de crédit. Ces coopératives jouent un rôle majeur, car de nombreux Paraguayens n’ont pas de compte en banque et il n’est pas possible de payer directement l’eau, l’électricité et ses factures auprès des différentes institutions : celles-ci ne disposent pas des services administratifs adéquats. Le système coopératif permet aussi aux adhérents de bénéficier de crédits à des taux plus avantageux que dans le système bancaire classique.

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Le Parlement et les bidonvilles

Devant une église, des manifestants déploient un drapeau national de plusieurs dizaines de mètres de long dont le tissu recouvre la rue, les voitures, les marches de la place. Jeunes femmes en costumes folkloriques, trompettes, tambours… Des centaines de personnes vêtues de tee-shirts verts, jaunes, blancs, selon la coopérative à laquelle elles appartiennent. Parmi elles, beaucoup de jeunes. A la pension, l’une des sœurs nous confie que si elle n’avait pas eu à s’occuper de notre repas, elle aussi serait allée manifester ! En fin de matinée, les manifestants sont un peu partout dans le centre-ville, certains s’assoient aux boutiques du bidonville qui s’est installé à proximité du palais présidentiel, face au parlement et à la police nationale. Les habitants de ces cabanes de planches sont là depuis que la crue du rio Paraguay, début mars, les a chassés de ses berges. C’est la troisième fois depuis un an qu’ils subissent des inondations et doivent quitter leur logement.

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D’autres vivent encore dans les marais, les bañados, mais ils en sont peu à peu délogés par la pression immobilière, nous raconte Hervé, qui nous accompagne pour cette première sortie. Le projet de « promenade des anglais » le long du fleuve aiguise les appétits et ses occupants, qui vivent là parfois depuis 60 ans, n’ont souvent pas de titre de propriété.

Le soir, nous sommes invités par Decidamos qui reçoit durant deux jours, pour des réunions, des représentants de différentes organisations paraguayennes, chiliennes, uruguayennes, brésiliennes et argentines, membres du Programo Mercosur social y solidario (PMSS), dont fait partie le CCFD. C’est la surprise : apéritif, empanadas, discussions en espagnol, français, et dans d’improbables mélanges linguistiques… et à la fin, tout le monde danse !