Malgré le contexte, nous continuons à préparer la future immersion des partenaires du sud Mexique – nord Guatemala en septembre-octobre 2021 avec l’Assemblée Régionale en point d’orgue (plan A). Les équipes des trois territoires d’accueil (Ain/Haute-Savoie, Ardèche, Loire), progressent dans leur démarche de faire découvrir les territoires aux ami.e.s de SERJUS et DESMI et de les impliquer dans les filières de production, transformation, distribution alimentaire. Le groupe « ressources » poursuit sa recherche de financement.

Nous communiquons également avec les partenaires pour mieux se connaître, partager des informations et envisager les possibles. Vous trouverez ci-dessous un message envoyé par Maria-Estela de DESMI dans le sud du Mexique.

Si vous êtes intéressé.e.s par ce projet, participez à la visioconférence plénière du Mercredi 3 février, 20h-21h30 Lien : https://zoom.us/j/95837262189

Dans l’hypothèse où la pandémie empêcherait leur réception cette année, un plan B s’élabore. Faisons confiance, ils viendront !

Marie-Laurence, pour le groupe « pilote » de la dynamique Regards Croisés

''Message de Maria-Estela de DESMI dans le sud du Mexique :

Comment va Desmi depuis les derniers courriers ?

Dans l’équipe de Desmi, nous allons bien, nous sommes revenus dans nos bureaux la dernière semaine de Juillet et peu à peu les activités ont repris dans les communautés que nous accompagnons. Le travail a repris son cours normal avec les mesures sanitaires nécessaires pour les communautés et pour nous : masques, gels, lavage de mains… Les communautés ne considèrent pas les masques comme nécessaires, mais les membres les utilisent quand ils viennent à San Cristobal ou quand ils vont dans les rencontres municipales. Au bureau il est obligatoire de porter des masques, de désinfecter les lieux privés et collectifs.

Quelle évolution dans ce contexte de la pandémie ?

Au Chiapas, la zone est en vert. C’est-à-dire que la contagion diminue, - ce n’est pas comme aux mois d’avril et mai , qui ont été les mois les plus marqués par la contagion et par les décès, même si les chiffres officiels des autorités selon lesquelles jusqu’à cette date il y a eu 572 morts, ce nombre ne dit pas la réalité des faits que des communautés nous ont communiqués lors des réunions diocésaines à San Cristobal qui donnaient des chiffres bien plus élevés. Nous savons qu’à San Cristobal seulement en mai et juin il y a eu plus de 200 morts.

A San Cristobal, il semble que rien ne s’est passé, nous pourrions dire que la vie est normale. Beaucoup de gens dans les rues, beaucoup de gens sans masques et certains ne croient pas que le virus existe. Il est certain que dans les communautés, ils ont préféré ne pas venir à l’hôpital et se soigner avec des plantes médicinales traditionnelles ; nous ne savons pas si c’était le virus exactement par manque de tests. Ils disent que les symptômes s étaient présents. La rumeur dit que dans les hôpitaux on tue et que si tu entres, tu n’en ressors pas vivant.

A cela s’ajoute le chômage, la baisse du tourisme, - on sait que San Cristobal vit du tourisme, - trois mille commerces ont fermé, les prix des produits de première nécessité ont flambé, et la violence augmente dans les quartiers de San Cristobal sans que les autorités fassent quelque chose pour lutter contre des groupes de délinquants armés.

Dans tout le Mexique et à Mexico, la situation est plus grave, dans une ville si peuplée il est plus difficile de contrôler la population. Ce qui se passe, est la marginalisation du système de santé publique, il n’y a pas assez de d’hôpitaux et les familles doivent aller de l’un à l’autre avant d’en trouver un qui reçoive leur malade. Les hôpitaux sont insuffisants et les crématoriums aussi, les familles doivent attendre pour que le membre de leur famille soit pris en charge par les services funéraires. Tout le monde est dépassé. Selon les dernières informations du Secrétariat de la Santé du 14 décembre 2020, les chiffres du coronavirus au Mexique sont : 1 million 500 milles cas confirmés ; 133 204 décès ; 1 561 629 cas négatifs ; 209 913 asymptomatiques ; 137 751 cas suspects sans possibilité de vérifier ; 36 860 cas suspects avec possibilité de vérifier ; 78 956 cas positifs (https://mexico.as.com/mexico/2020/12/14/actualidad/1607968028_995683.html)

Comment s’organisent les gens pour manger, se soigner, se déplacer ?

Le contexte de la pandémie et ce qui se vit dans les communautés que nous accompagnons nous confirme l’importance de suivre le chemin de la souveraineté alimentaire et de l’économie solidaire. Car les communautés n’auront pas besoin d’aliments de production délocalisée, elles pourront s’alimenter de leur production locale et ne pas avoir faim, maintenir leur propre production de maïs, de haricots, de légumes, de poulets, de porcs, et d’autres choses comme le sucre, le sel, le savon etc. Ils achètent dans des petits magasins de leurs propres communautés ou bien dans les chefs-lieux, sans sortir beaucoup.

Les familles ont continué le travail dans les parcelles, appliquant leurs connaissances en matière d’agro écologie et de protection des semences ; ils ont semé et ont bien récolté. La difficulté vient de la vente car l’excédent des récoltes généralement se vend à bas prix. Pour cela, nous devons renforcer les collectifs de vente au niveau local et régional, et jusqu’à San Cristobal. Les plantations de la seconde milpa (semer du maîs pour compléter la milpa de l’année) ont été faites en décembre et novembre et on espère une bonne récolte.

Cela renforce l’urgence de soutenir et amplifier le soin de la Terre Mère, la production d’aliments sains qui ne créent aucuns dommages sur l’environnement, la reproduction des animaux et non la production agro-industrielle qui ont pour conséquence la Covid 19, liée à l’élevage de bétail, contraire au développement durable, un danger pour la nature et l’humanité.

Dans de nombreuses régions, les communautés ont fait l’usage de leurs connaissances et pratiques ancestrales, se soignant avec les plantes médicinales, ce qui est fondamental en ce moment ; les communautés nous ont partagé des plantes et des recettes d’utilisation qui les ont aidés à lutter contre les maladies. Les plantes utilisées sont la chilchagua, le gingembre, le sureau, l’eucalyptus, le plantain, la rue avec du citron, l’herbe Martin, l’épazote (thé du Mexique) , l’oignon noir, le miel . Nous avons combiné les plantes pour en faire des infusions.

Beaucoup de communautés et leurs autorités ont réduit la mobilité des personnes, pendant les mois de la contagion covid , allant rarement à San Cristobal ou dans les offices municipaux ou bien à la capitale de l’état, cependant , en cas de nécessité de sortir, on le faisait dans les transports publics, en respectant les mesures sanitaires et les masques.''

Crédit photo : Fanny CHEYROU/CCFD-Terre Solidaire