Pour le premier Rendez-vous en Terre Solidaire de cette année, nous invitons Fiona Ottaviani, chercheuse à Grenoble Ecole Management, à nous parler des indicateurs alternatifs de richesse, son sujet principal de recherche.
Ces indicateurs, comme l'IDH, tentent de s'emparer de la question : Qu'est-ce qui compte pour nous et comment le mesurer ?
Ci-dessous, un résumé du webinaire avec des extraits en replay !
Retour sur le webinaire sur les nouveaux indicateurs de richesse du 29.10.2020 animé par l’équipe des apéros de Lyon. C’était notre premier évènement de l’année, le premier d’une longue série (on l’espère) de « RDV en Terre Solidaire » !
1. Des indicateurs alternatifs : pourquoi ?
"Prendre le chiffre pour une donnée naturelle, c’est oublier que les indicateurs ne font pas que refléter le monde, mais le transforment" (Desrosières et Kott, 2005).
Les indicateurs ont un caractère performatif, en effet ils ont un impact sur la représentation des actions, sur la structuration de notre société. Aujourd’hui, nous faisons face à une nécessité de remettre le chiffre à sa place, et d’avoir un usage réflexif des indicateurs.
L’indicateur est-il le bon, la brute ou le truand ? Un peu des trois !
- - Le bon : l’indicateur est un outil de coordination, d’objectivation des phénomènes, de preuve et de connaissance, et d’interpellation et de débat
- - La brute : l’indicateur se révèle aussi être un outil de contrôle et de domination
- - Le truand : enfin, l’indicateur peut être truqué et adapté pour maquiller la réalité (exemple des chiffres du chômage en France)
Depuis les années 2000 a émergé en France toute une réflexion sur la prise en compte de la richesse et du bien-être dans les politiques, basée notamment sur la remise en cause de indicateurs économiques classiques, dont le PIB (Produit Intérieur Brut) est l’indicateur clé. A l’échelle des territoires, ce débat sur ce qui serait une société souhaitable fait écho à la montée en puissance de nouveaux besoins en termes d’observation sociale et d’évaluation. Se pose aussi la question de qui participe à la construction des indicateurs. On peut penser que c’est l’occasion d’avoir un œil pluraliste sur ce qui compte dans la vie des personnes. Beaucoup de méthodes sont aujourd’hui testées. Cela questionne la place de l’expert dans le débat public.
Des indicateurs alternatifs à quoi ? Alternatifs déjà au primat des indicateurs économiques dans les politiques publiques mais aussi dans les organisations, et alternatifs au sens où ils mettent l’accent sur les dimensions sociales et environnementales.
2. Les indicateurs alternatifs : pour OBSERVER / ÉVALUER / PILOTER
Selon les indicateurs que l’on suit, nous n’obtenons pas les mêmes visions de la réalité. Par exemple, l’ISS (Indice de Santé Sociale) et le PIB n’ont pas du tout la même trajectoire. Pareil, en regardant le BIP40 (Baromètre des Inégalités et de la Pauvreté), on observe directement la monté d’inégalités, non mises en évidence dans le PIB. On se rend alors compte que selon l’indicateur que l’on suit, les politiques publiques passées ne seront pas jugées de façon identique et de même les politiques à envisager ne sont pas les mêmes.
À l’échelle des territoires, les indicateurs peuvent nous aider à penser les enjeux territoriaux spécifiques. C’est l’exemple d’IBEST (Indicateurs de Bien Être Soutenable Territorialisé). Il a été développé et est aujourd’hui exploité par la métropole et la ville de Grenoble pour enrichir l’observation. L’IBEST compte huit dimensions telles que « le temps et le rythme de vie », « la démocratie et le vivre ensemble », « la santé », « le travail et l’emploi »… Les usagers peuvent se déclarer dans 3 situations selon les critères précis de l’indicateur.
Les résultats suivants sont la synthèse d’une analyse à partir de profils basés sur le croisement des dimensions du bien-être soutenable mis en avant par l’avis citoyen et l’avis professionnel.
IBEST en 2012 :
Retrouvez ci-dessous les vidéos des questions posées à Fiona Ottaviani et leurs réponses ! (cliquer sur les titres)
Quel est le lien entre croissance et indicateurs ?
Le PIB est insuffisant et inadapté
Lien entre PIB et comptabilité nationale
Qu'attendez-vous des futurs acteurs du développement local ?
Les indicateurs sont-ils des signaux ou des alertes de la pauvreté ?