Marie H., Etaux, 20 ans, étudiante, missionnée par les Sœurs de St Joseph à Annecy
Comment mettre des mots sur ce dépaysement que nous avons vécu ? Je vais quand même vous livrer un moment qui m'a particulièrement touché.
Nous étions dans la petite ville palestinienne de Sabastya, dans une région montagneuse.
Lors de notre repas pris dans un restaurant, des habitants du quartier fêtaient un anniversaire. À peine arrivés, nous avons été invités à danser, manger du gâteau ainsi que discuter avec eux. J'ai été admirative tout au long du voyage de leur accueil chaleureux, de l'intérêt qu'ils nous portaient ainsi que leur joie de vivre malgré toute la misère, la tension, la pression qu'ils subissent de la part des colonies israéliennes pour quitter leur territoire.
Ce voyage m'a ouvert les yeux sur la manière de vivre de ces populations oppressées, une véritable démarche à suivre dans notre vie quotidienne : un message d'amour et de paix à transmettre !
Emilie, Viuz-en-Sallaz, 35 ans, professeur des écoles, missionnée par le CCFD-TS 74
Notre séjour a commencé avec des airs de vacances : batifolages dans la Mer Morte, randonnée dans le désert avec des paysages à couper le souffle, dégustation de falafels… Aucun doute, le dépaysement était total et ma foi fort agréable ! Découvrir les différentes cultures (danses, plats, artisanat, archéologie, lieux de culte, souk,…) et mettre de vraies images sur des lieux saints jusqu’à présent imaginés a donné une saveur toute particulière à ce voyage.
C’est à partir du 3ème jour que ces « vacances » se sont transformées pour moi en expérience bien moins insouciante. Chaque rencontre qui a alors suivi s’est apparentée physiquement à un « coup de poing » dans le ventre. Abdallah, Mustafa, Abu Sakhar, Shadia et Georges, Daher et Daoud, Kholoud, Daniela, … : à chaque visage son histoire et à chaque histoire son lot d’émotions. Incompréhension, colère, tristesse, impuissance m’ont sur le moment retourné les tripes. Cependant, c’est bien le courage, la lutte acharnée mais non violente, l’espérance d’un avenir meilleur et d’une paix durable que j’ai envie de garder en mémoire de retour en France. En réponse aux injustices vécues, aux privations de libertés et aux humiliations répétées, ces acteurs quotidiens de paix ont en commun un sourire radieux que je m’efforcerai de transmettre lors de nos témoignages. De même, l’invitation à aller de l’avant et à ne pas se laisser envahir par le fatalisme résonne encore en moi à l’heure où j’écris ces mots, et pour encore longtemps j’espère : « YALLAH » !
Louis, Poisy, 23 ans, étudiant, missionné par la paroisse St-Luc entre Fier et Mandallaz, Ste Famille de la Mandallaz et le Secours Catholique de la Haute-Savoie.
Humiliation – Conflit – Colonies – Zones - Ignorance – Occupation
Persévérance – Joie – Non-Violence – Paix – Justice
Pour ma part, ce voyage en Palestine – Israël a été une expérience unique à la fois du point de vue personnel et spirituel. Il m’a permis de mieux comprendre et de voir de mes propres yeux, le conflit et les inégalités entre les palestiniens et les israéliens qui existent depuis longtemps.
Nous avons eu la chance de rencontrer des personnes formidables qui œuvrent pour la paix et la justice. La personne qui m’a le plus marqué est Abu Sakhar, un bédouin qui a une persévérance extraordinaire avec tout ce qu’il a vécu. Son combat par la non-violence face à l’armée israélienne et les colonies pour garder les terres de ses ancêtres est un beau message d’espoir du peuple palestinien pour une future paix entre les 2 pays.
Les 2 moments marquants du voyage sont pour moi :
- La fête d’anniversaire du fils handicapé du propriétaire de l’hôtel où nous logeons dans la rue de la ville de Sabastya : partage des bonbons et du gâteau / feu d’artifice / invitation à danser avec eux avec, bien sûr, un chapeau de clown et un masque de carnaval !
- Dans les rues du centre-ville de Naplouse, l’invitation à rentrer et à manger chez des gens alors que l’on marchait en groupe: ils me disent de m’asseoir sur la chaise et de me servir.
« Ils nous ont accueillis alors que l’on est des étrangers »
Pauline, Reignier, 30 ans, professeur des écoles, missionnée par les paroisses Saint Jean XXIII d'Arve et Salève, Ste Marie en Pays Rochois et Ste Famille de la Mandallaz
Je voudrais, dans un premier temps, simplement évoquer les pistes de réflexions sur lesquelles ce voyage me conduit aujourd'hui, en tant que chrétienne et citoyenne (chanceuse) d'un état dont la devise est « Liberté, Égalité, Fraternité ». En effet, j'ai retenu deux messages des palestiniens que nous avons rencontrés.
Le premier : « Témoignez de ce qu'il se passe en Israël et Palestine. ».
Mais aussi, l'étonnante réponse à notre question « Que pouvons-nous faire pour vous aider ? » :
« Pensez à tout ce qui ne va pas dans votre propre pays avant tout, cherchez des solutions. » !
Une chose a également surpris certains d'entre eux : « Comment en vivant dans un état laïc, pouvez-vous aussi mal connaître les autres religions !? »... En écho à cette question, nos hôtes nous ont proposé un point de vue très ouvert et tolérant sur les croyants, qu'ils soient chrétiens, musulmans ou juifs. Pour eux, le conflit géopolitique qui divise leurs territoires n'est pas un problème de vivre ensemble... A méditer !
Ainsi, en regard avec l'accueil chaleureux et très naturel des personnes que nous avons rencontrées, se pose la question de comment être plus ouvert aux autres, serviable, confiant, solidaire, compréhensif, tolérant, moins égoïste?
Ou encore, en observant les inégalités, les privations de liberté, l'injustice, l'instrumentalisation des religions, la colonisation, dans ces territoires en conflits, est-il certain que la France soit si blanche de son côté ? Où en est la liberté de la presse ? De quelle manière cette presse influence-t-elle les citoyens ? Quelle est la position et le rôle réel de notre pays dans les problématiques d'autres états, voire même de nos territoires d'outre mer (Guyane...)? Peut-on trouver des solutions dans les fractures de notre société ? Dans notre pays pourtant démocratique, comment régler la crise de la représentativité des citoyens, visible aux dernières élections ? Jusqu'à quel point la laïcité, si chère à notre pays, n'est-elle pas instrumentalisée, au même titre que les religions dans certains états ?
Enfin, sur le plan du développement durable, où se positionnent les français, au sein de leurs frontières, mais aussi au delà, au travers de leurs choix de consommation et de leurs habitudes de vie.
Beaucoup de sujets sur lesquels réfléchir et se sentir déstabilisé également. Je crois que certains palestiniens ont voulu nous faire comprendre que rien n'est acquis, et que c'est en luttant pour les droits de l'Homme et la Justice, même dans notre quotidien, qu'on peut avoir une influence sur les mêmes problématiques dans d'autres territoires.
Et que nous en avons d'autant plus le devoir, dans un état où c'est encore un droit et une possibilité.
Un dernier point : nous avons tous été impressionnés par la leçon de lutte non violente face aux injustices que les personnes que nous avons rencontrées nous ont donnée.
Paul, Cuvat, 20 ans, étudiant, missionné par la paroisse St-Marc du Parmelan
Cette mission en Palestine m'a permis de voir de mes propres yeux et de comprendre une situation géopolitique critique entre deux peuples qui est tout à fait déconcertante et bouleversante. Ce fut l'immixtion dans une autre réalité dont on a du mal à en imaginer le quotidien et ses répercussions sur des populations persécutées qui subissent de trop nombreuses injustices.
De retour de ce voyage, ma vie d’européen me semble différente. J’ai découvert que ce qui me paraissait normal jusqu'à maintenant, était en fait, une chance folle. Le fait d’avoir de l’eau potable à volonté ne va pas de soi et le fait de vivre en paix non plus. En Palestine, l’eau est détournée par les Israéliens et par la suite revendue très chère à des palestiniens qui se sont fait voler leurs exploitations et qui travaillent « au lance pierre » pour des colons qui profitent de la situation et qui possèdent chacun une maison avec piscine et jardin. Par ailleurs, si un militaire le décide, il peut abattre une personne pour le seul motif de la légitime défense. Je ne vous dis pas l’effet que cela fait de dormir et d’entendre à l’extérieur, à la place des cloches des vaches de nos campagnes, les coups de feu de l’armée face aux manifestants qui dérangent car ils réclament la justice. Je ne pensais pas qu’une telle violence gratuite pouvait existée surtout dans un pays qui est considéré par les nations unies comme la seule démocratie d’orient. Malgré tout cela, la plupart des gens que nous avons rencontrés sont joyeux et heureux dans leur vie rythmée par la guerre et la peur, pendant que nous, nous nous plaignons dès que quelque chose ne se passe pas exactement comme nous aurions voulu qu’elle se passe.
Suite à cette expérience, je me sens prêt et heureux de témoigner de ce que j’ai vu, entendu et vécu lors de ces 10 jours avec un groupe dans lequel l’entente était formidable. J’espère que nos témoignages à travers la Haute-Savoie permettront de faire avancer un peu plus nos mentalités face à ce conflit car trop nombreux sont les gens (l’ONU en fait partie), qui pensent que condamner les actions horribles d’Israël revient à être antisémite, alors qui s’agit simplement de se battre pour la justice et pour l’égalité entre les hommes, quelle que soit leur confession.
Lauranne, Saint-Jean de Tholome, 18 ans, étudiante, missionnée par le MEJ de Haute-Savoie et la Paroisse Saint-François Jacquard
Baptiste, Villaz, 18 ans, étudiant, missionné par la paroisse Saint-Marc du Parmelan
Les enfants sont des victimes ; entre les enfants israéliens à qui l'on inculque dès leur plus jeune âge que les arabes veulent leur mort ; et les enfants palestiniens à qui l'on apprend tôt à jeter des pierres sur les colons qui viennent repérer quelles propriétés ils pourraient saisir... Voici l'histoire qui m'a plus révoltée : nous étions à un check-point à Hébron (ville palestinienne où les israéliens ne devraient pas pouvoir habiter, mais ils sont cependant 850 avec environ 1000 soldats pour "veiller à leur sécurité") et notre prêtre guide nous racontait que 2 mois avant, à cet endroit, une enfant palestinienne de 12 ans avait présenté son sac à l'armée israélienne et a montré qu'elle avait une paire de ciseaux d'écolier : un soldat l'a abattue d'une balle dans la tête !!! le soldat se serait "senti menacé" : il ne leur en faut pas plus pour tuer... Comment rester insensible ? Comment ne pas pleurer et ne pas être révoltée ?...
Et malgré tout cela, des hommes et des femmes palestiniens et israéliens restent pleins d'espérance et mettent tout en œuvre pour qu'une paix s'installe enfin. Ils arrivent à ne pointer personne du doigt, ils montrent l'exemple : ils ne se positionnent pas en victime, ils surmontent les obstacles qui leur sont tendus, ils sourient dans la perspective d'une vie meilleure où ils restent acteurs : c'est une belle lute pacifique. De notre côté ils nous demandent de témoigner, afin que la vérité soit connue et que nous soyons acteurs de paix ici chez nous, en espérant que cette paix s'étendent jusqu'à leurs frontières.
Margaux, Samoëns, 23 ans, designer, missionnée par la paroisse du Haut-Giffre
Ce voyage a été riche en culture, en partage et en rencontres. On a vu plus la Palestine et ses habitants, malgré leurs conditions extrêmement difficiles: la rencontre avec le bédouin que nous sommes allés voir dans le désert de Jéricho était riche en émotion. Malgré la destruction multiple de son habitat, il continue de résister et sa force c'est ses 24 enfants et ses "4" femmes.
J'ai été surprise par l'accueil des Palestiniens vis-à-vis des touristes: à Sabastia nous sommes allés voir une fête d'anniversaire discrètement et sans gêne ils nous ont accueillis comme si on était des invités. Et leur volonté à continuer à lutter contre l'occupation, comme à Hébron (ville dans la zone A qui est fermée au monde extérieur), notre guide "Kholoud" était une femme qui parlait le français grâce à un partenaire du CCFD Terre-Solidaire: Hébron-France. Leur lutte est de préserver l'architecture si particulaire de cette ville magnifiqu
Ce voyage est une expérience qu'il faut vivre une fois dans sa vie, j'ai eu de la chance d'avoir été accompagnée par un groupe merveilleux et libre d'esprit.
Myriana, Annecy, 24 ans, éducatrice, missionnée par la paroisse Saint Jean aux Portes d'Annecy
Que dire apres une telle expérience, si humaine et tellement enrichissante...c'est difficile de trouver les mots.
Je reste marquée par la diversité culturelle, le dépaysement, et l'accueil du peuple palestinien. On se sent comme chez soi, bienvenu. Les échanges sont simples, profonds, alors qu'on se connait à peine. Les personnes que nous avons rencontrées restent joyeuses malgré leur situation et l'injustice qu'elles subissent. Je trouve en eux un courage jamais vu ailleurs, une force, une persévérance. C'est un vrai témoignage d'espérance.
Je suis très reconnaissante aussi envers les personnes qui nous ont accueillis, accompagnés, le groupe de jeunes, pour leur engagement, et la paroisse qui m'a envoyée.
Ces quelques jours resteront gravés dans ma mémoire. Je pense que tout ce que j'ai pu apprendre me servira beaucoup et j'ai bien l'intention de le transmettre.