Nontha..quoi ? Mais si Nonthaburi, cette ville à 40 kilomètres au nord de Bangkok où bon nombre des fournisseurs de l'AMAP créée par Suan Nuen Ngeen Ma produisent leur légumes.

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              Les fermes sont très souvent entourées de canaux où l'on se déplace en barque

Suan Nuen Ngeen Ma ? c'est simple, en Thailande, deux partenaires du CCFD-Terre Solidaire sont réunis sous la même fondation, la SNF. Cette fondation a été créée il y a plusieurs dizaines d'années par Arjan Sulak Sivaraska un bouddhiste engagé et activiste social. Aujourd'hui, elle regroupe plusieurs organisations dont :

  • - Suan Nuen Ngeen Ma, une entreprise sociale qui a développé les AMAP et qui est liée à la School for Wellbeing
  • - La School for Wellbeing au sein de laquelle je travaille, 
  • - SEM (Spirit in Education Movement) dont un membre va venir présenter le projet pour la campagne de Carême 2014 en Rhône-Alpes

Une AMAP à Bangkok ? Il y a maintenant une dizaine d'années, Wallapa, une thaïlandaise, a créé Suan Nuen Ngeen Ma. L'objectif était de monter une entreprise sociale soutenant l'agriculture biologique et renforçant les liens entre agriculteurs et consommateurs. 

Aujourd'hui, plus de 100 familles sont membres de l'AMAP (ici appelée CSA comme Community Supported Agriculture), et des visites de fermes sont organisées régulièrement. 

Ces visites, pour avoir participé à l'une d'elle, sont très intéressantes. Plus de 30 consommateurs se rejoignent pendant le week-end et la visite est l'occasion d'échanger avec les paysans. Certains se plaignent qu'on ne mange que des radis et des choux fleur, d'autres disent que les légumes sont délicieux, d'autres souhaiteraient avoir des recettes parce qu'ils disent se rendre compte qu'ils ne savent plus cuisiner les légumes traditionnels...La relation se créée bel et bien entre les agriculteurs et les consommateurs, ceux-ci soutiennent d'ailleurs les paysans dans leur choix et leur demandent de continuer sur cette voie.

Après la discussion, place à la pratique, nous avons donc cuisiné le repas du midi avec les agriculteurs, l'objectif étant d'apprendre à cuisiner des plats traditionnels thaï. Je ne sais pas si pour les thaï présents, ces recettes étaient nouvelles, elles l'étaient en tout cas pour nous, et les échanges entre les gens étaient sympathiques.

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       Les produits de base pour préparer notre recette, une soupe aux herbes de la ferme avec des fleurs

En dehors de l'AMAP proprement dite, Suan Nee Nguen Maa organise aussi des “marchés vert” plusieurs fois par semaine. L'objectif est de permettre à des consommateurs de trouver des produits de l'agriculture biologique dans des endroits comme les hôpitaux ou les centres commerciaux. Enfin, une grande foire aux produits biologiques est organisée chaque année à Bangkok.

Les produits bio ça marchent vraiment à Bangkok ?

Ça se développe ! Selon les études faites par des réseaux travaillant dans ce domaine en Thaïlande, il y a plusieurs types de consommateurs :

  • - Les familles qui s'inquiètent de leur santé et ont des bébés ou de jeunes enfants
  • - Les personnes qui se préoccupent énormément de leur santé, appelées « health lovers » ici
  • - Les personnes ayant des problèmes de santé
  • - Les personnes âgées
  • - Les familles d'expatriés

On le voit, en Thaïlande, le bio surfe autour du concept de la « safe food », la nourriture saine.

Mais le marché se développe, l’État ne s'oppose pas à l'agriculture bio, il soutient des initiatives, elles sont toutes tournées vers l'exportation pour l'heure, mais cela démontre un certain attrait pour la problématique.

Aujourd'hui, 5000 paysans seraient en agriculture biologique selon AAN (Alternative Agriculture Network) en Thaïlande. Bien sur les produits sont plus chers, mais comme le dit Wallapa « Les produits bio ne sont en fait pas si chers, mais c'est plutôt les produits issus de l'agriculture conventionnelle qui sont trop bon marché, notamment à cause des subventions et aides du gouvernement cachées dans le prix de vente qui permet au conventionnel d'être vendu à un prix plus bas ».

Mais c'est vraiment bio ? Ah, on en parlera la prochaine fois !