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"Ces six jours passés ensemble ont été très denses, ils ont permis des échanges très riches avec les acteurs locaux rencontrés, avec les partenaires et les autres membres de la caravane. Ils ont aussi permis de rencontrer les équipes CCFD-Terre Solidaire de l’Ain qui nous ont très bien accueillis.
J’ai trouvé très sympa l’accueil que nous ont réservé les acteurs locaux, tous avaient une image très positive du CCFD-Terre Solidaire et de ses actions.
Ils étaient tous plein de bonne volonté et de beaux projets (qui se réalisent peu à peu), faisant de la politique au sens premier du terme, c’est-à-dire l’art de diriger la cité, et illustrant l’adage altermondialiste « à désordre mondial, solutions locales » !
Enfin tout cela s’est fini par une rencontre festive des 4 caravanes à Allex dans la Drôme, et là, ce qui m’a frappé, c’est qu’il y avait beaucoup de jeunes ! "
Jean-Pascal (Haute-Savoie)

"Ce que j’ai vécu pendant l’immersion : un temps exceptionnel de formation. La diversité des personnes rencontrées et le contexte original dans lequel nous avons pu les rencontrer ont permis une liberté d’échanges constructifs. De l’agriculteur, à l’élu en passant par le militant associatif, chacun se sentait acteur du « territoire », conscient aussi de ses limites, et nous transmettait ses motivations, ses projets : nous étions au cœur d’une urbanisation en devenir. Personnellement, j’ai eu véritablement le sentiment d’être immergée dans la vie politique locale"
Anne (Haute-Savoie)

"Cette expérience a été très enrichissante pour moi car elle m’a fait découvrir la réalité locale d’un territoire en terme d’aménagement de l’espace, de cohésion sociale, de vivre ensemble et de développement écologique.
Cette immersion s’est vue enrichie par les échanges et les regards croisés des partenaires étrangers du CCFD-Terre Solidaire, mexicains et brésiliens, grâce auxquels j’ai pu également découvrir la réalité de leurs territoires respectifs, et me rendre compte que certains problèmes sont communs, tels que les problèmes de densité, d’accès au foncier et de cohésion sociale mais à des degrés différents, et de prendre conscience que ce qui peut paraître problématique dans un territoire, tel que le bruit que font les jeunes dans certains quartiers qu’on a visités, était considéré comme « normal » dans les quartiers brésiliens et signe de cohésion sociale.
Par ailleurs, cette expérience m’a permis de prendre conscience qu’il n’y a pas de différences fondamentales entre nous, qu’il y a juste « l’humain », et que ceux qui mènent le même combat, finissent toujours par se rencontrer. "
Samira, juriste algérienne, étudiante au CIEDEL 


"Les modèles d'urbanisation qui ont bien marché en Europe n’ont pas bien marché dans nos pays du sud. Ce phénomène commence à toucher l’Europe. La France n’est pas épargnée. Ces modèles ont mis au premier plan les questions économiques et matérielles et au second plan la place des travailleurs, de la population et la question du vivre ensemble. Inverser cette logique, c’est un grand défi auquel les pays du nord comme du sud sont confrontés.
Les Français ont aussi un autre défi à relever. Ils semblent imprégnés d’une tradition où tout doit venir d’en haut, qui limite la participation des citoyens et anesthésie leur volonté de s’engager dans la résolution de leurs problèmes sur le terrain politique. Les acteurs que nous avons rencontrés découvrent que l’Etat-providence a ses limites et qu’il est nécessaire de repenser la démocratie. Comment relever ce défi ?
Le modèle d’urbanisme appliqué ici est « fonctionnaliste ». Il ne répond guère au besoin de s’approprier l’espace urbain de manière diversifiée et vivante. Au Brésil, on cherche également à éviter la spécialisation des zones urbaines en habitat, activités commerciales, zones artisanales, activités tertiaires. La mixité des fonctions urbaines favorise la cohésion sociale et offre de meilleures garanties de sécurité aux habitants.
La manière de se cacher dans son logement, avec des processus comme la « résidentialisation », rentre en conflit avec la manière dont on peut aussi vivre la ville, l’espace public, comme lieu d’échanges, du vivre ensemble, de la fête. Cette « résidentialisation », cette façon de marquer une séparation entre l’espace public et l’espace privé, m’a beaucoup touchée. Cette opposition marquée entre espace public et espace privé va affecter la manière dont la population va vivre sur l’espace public."
Rossana, urbaniste brésilienne, anciennement salariée à FASE, 1ère ONG de développement brésilienne

"Ici aussi, c’est le développement économique impulsé par le modèle libéral qui structure le territoire et la vie des habitants. L’activité économique se concentre dans le c?ur de l’agglomération, la population étant progressivement reléguée à la périphérie urbaine. Les décideurs politiques en sont réduits à agir soit pour favoriser le développement économique soit pour en limiter les impacts négatifs sur la population.
Comment les différents acteurs de la cité, élus, fonctionnaires, militants, appréhendent les enjeux du développement urbain et les formes urbaines de l’exclusion sociale ? Comment ces acteurs pensent-ils et organisent-ils la ville pour le bien du plus grand nombre ?
Ce sont les agriculteurs, les migrants, les salariés précaires côté France qui souffrent le plus des conséquences des politiques mises en ?uvre. Quel rôle veut jouer le CCFD-Terre Solidaire en France pour changer la situation ? Quelles mesures correctives peuvent être prises pour compenser ou réduire les impacts négatifs d’une urbanisation plus ou moins bien maîtrisée ? Enfin, comment permettre aux habitants d’être acteurs, de faire avec eux et non pas à leur place ou en leur disant ce qu’ils doivent faire ? Au Mexique, nous faisons le maximum pour encourager les jeunes, comme les populations adultes, à faire par eux-mêmes, à mener des projets... "
David, directeur de SERAPAZ, ONG mexicaine spécialisée dans la médiation et la gestion des conflits

"On a vu au cours de cette semaine un territoire très partagé entre une richesse financière exubérante (insensée ?) et une pauvreté présente et visible. Partagé aussi entre une économie galopante et une société un peu spectatrice de ces bouleversements. Notre relative passivité collective, en tant que population est restée sans explication. Elle interpelle particulièrement quand on a vu des acteurs de collectivités s’épuiser à faire fonctionner des démarches participatives (aménagement, politique de la ville etc...) qui patinent un peu, reposent sur un petit nombre dont certains finissent par être des professionnels de la « participation », ne représentant pas beaucoup plus qu’eux-mêmes. La relative mollesse de ces démarches participatives a notamment beaucoup surpris notre partenaire brésilienne, habituée, à Rio, à l’exact opposé (population demandeuse et peu ou pas d’intérêt côté institutionnel). La société civile (associations, syndicats…), qui paraît, surtout côté français, un peu désorganisée, peine à prendre une place réelle dans le processus, place qu’on semble lui offrir pourtant.
Cette apathie collective tranche avec des élus très volontaristes qui engagent leurs collectivités pour s’adapter au modèle de développement que l’économie impose. Certains « courent derrière l’économie », d’autres s’efforcent d’anticiper, mais jamais personne ne questionne ce modèle qu’on prend pour un fait.
Toutes ces réalités font que ce territoire est également un terreau pour des porteurs d’alternatives enthousiastes et très créatifs. Là où les autres aménagent l’existant, ils sèment des idées et des pratiques radicalement nouvelles. Comment faire germer ces idées au-delà d’un petit cercle dans un territoire qui court frénétiquement derrière l’emballement économique de Genève, est un réel défi."
Jean-Noël (Haute-Savoie)