Par Denis (74),

Bientôt Noël : il va falloir aller chercher les cartons de décoration du sapin à la cave et ressortir les personnages de la crèche…L’année dernière, j’ai cassé un bras du p’tit Jésus en le remettant dans son papier bulle. J’espère que je vais retrouver le morceau pour le recoller : on ne peut tout de même pas mettre un p’tit Jésus cassé dans la crèche ! Ça va pas le faire, s’il n’y a qu’un bout de Jésus : qu’est-ce –que vous voulez faire avec un bout de Jésus ? Faut qu’il soit entier, beau, dodu comme les anges de nos églises ; faut qu’il donne envie qu’on le regarde, sinon, s’il n’est pas beau, personne va le regarder ! Un nouveau-né qu’est beau, on a plaisir à le voir, à le prendre dans ses bras, à féliciter les parents, à faire des cadeaux ; mais un qu’est pas beau, on ne le touche pas, on ne va pas le voir. C’est comme les vieux : quand ils sont malades dans leur maison sombre qui sent pas très bon, on n’a pas envie d’aller les voir, de leur faire des sourires et d’apporter des cadeaux ! C’est pas pour dire, mais c’est bien un peu aussi la même chose pour les pauvres ; sans parler des étrangers. Allez savoir pourquoi chez ces gens-là, il y a toujours quelque chose qui ne va pas : la couleur, ça passe encore, on s’y habitue maintenant, avec tout ce qu’on voit ! Mais souvent ils sont mal habillés, pas très soignés et puis alors l’odeur ! On dit qu’ils n’ont pas de quoi manger mais, ma parole, ils ne mangent que des épices !

Tenez, pas plus tard que la semaine dernière, la nuit était tombée et voilà qu’on sonne à la porte du presbytère : je vais ouvrir, il y avait là un grand type basané, un peu hirsute et une jeune femme, derrière lui, qu’on apercevait à peine. Il baragouinait je ne sais quoi, faisait des gestes, me montrait ses vêtements et ceux de la femme (je me demande même si elle n’avait pas l’air enceinte ?), enfin ça durait, ça durait, le froid s’engouffrait dans la maison : au bout d’un moment je lui ai fait comprendre que je ne comprenais rien à ce qu’il disait et que, de toute façon, je n’avais rien à lui donner (je ne donne jamais, sinon ils reviennent !). J’ai refermé la porte et j’ai éteint la lampe extérieure et le couloir… allez ouste, du balais !

Bon, où est-ce que j’ai mis ma colle ?