Quelle place, quel rôle jouer, lorsque l’on est animé par le désir de participer à la transformation sociale et écologique de notre société, de notre monde, comme le rapport d’orientation du CCFD Terre Solidaire nous y invite ? Où agir, quels moyens d’agir, quel pouvoir d’agir quand on n’est pas investi d’un mandat électif, quel qu’il soit, mais simple bénévole au sein d’une DD ?

Au départ une conviction : Le gouffre d’injustices, d’exploitations et d’iniquités de par le monde, ne peut l’emporter indéfiniment. C’est la conviction, la foi, qu’un autre monde est possible. Mais où, comment agir de manière appropriée ? Le fait de co-agir au sein d’une structure de la société civile comme le CCFD Terre Solidaire n’est pas neutre : notre mouvement ne cherche pas seulement à soutenir des organisations partenaires dans leur projets de développement, mais est attelé, par des actions de plaidoyer, et d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale, à mettre en évidence les mécanismes du mal développement.

N’est pas neutre non plus le projet « Regards Croisés » du CCFD Terre Solidaire en PACA qui nous conduit avec nos amis du Cône Sud à nous intéresser aux économies transformatives dans nos territoires. S’il est peu probable pour nous, d’avoir une influence sur la prise en compte par le gouvernement des propositions de la convention citoyenne pour le climat, n’est-il pas possible de faire bouger les lignes en tant que citoyen et consom’acteur dans le territoire où l’on habite ? C’est le projet en cours, à défaut d’être « déjà là » dont je voudrais pouvoir témoigner en soulignant qu’il s’agit d’un projet régional décidé et soutenu par le CCFD. Mon témoignage n’est donc pas celui d’un militant isolé mais celui d’une équipe, où bénévoles et salariés de notre structure agissent de concert.

La finalité du projet déjà évoqué dans les dernières newsletters est , dès cet automne, à l’occasion de forums locaux puis régional, de permettre la rencontre avec le public des acteurs de la transition qui partout dans les territoires agissent dans l’ombre à l’avènement de cet autre monde plus écologique et plus social que le Pape François et de plus en plus de jeunes appellent de leur vœux.

Sur Marseille l’EAD en lien avec le Conseil Diocésain Laudato Si’ travaille à faire naître une telle dynamique avec des rencontres d’acteurs dans différents domaines, notamment celui de l’agroécologie et de l’alimentation… Les conditions sanitaires, en ce moment, ont ralenti les échanges. Mais l’initiative doit être soutenue pour mieux aller de l’avant.

A l’ouest de Sisteron dans les pays Buëch & Baronnies une dynamique se poursuit autour de plusieurs associations avec une équipe locale du CCFD qui joue un rôle de coordination dans un esprit d’écoute, de dialogue, proscrivant toute attitude ou volonté hégémonique, condition première pour ne pas tout bloquer.

Si quelque chose est en train de germer dans le sud ouest du département des Hautes Alpes, ce n’est pas dû à la seule volonté des bénévoles du CCFD Terre Solidaire. L’étude récente du géographe Pierre Pech qui coopère au projet fait apparaître : « Le territoire se caractérise par une exceptionnelle abondance des formes d’engagements de citoyens témoignant d’une volonté de prendre en charge le territoire ».

Il y a effectivement dans les pays du Buëch un vivier d’initiatives sympathiques souvent autour de l’agriculture de l’alimentation et des circuits courts mais pas seulement. Celles-ci auraient besoin toutefois de davantage se relier entre elles pour mieux se faire connaître et recevoir le soutien du public et des élus. Ce sera le projet d’une fête de la résilience en Buëch à l’ordre du jour de l’une des prochaines rencontres du futur comité de pilotage en cours de constitution… A suivre !

J’ai parlé de témoignage, de conviction, de foi, je ne peux m’empêcher de citer ce passage de Fratelli Tutti . Ne fait-il pas écho, comme une boussole, au fort intérieur de chacun de nous ? FT § 88 : « A partir de l’intimité de chaque cœur, l’amour crée des liens et élargit l’existence sil fait sortir la personne d’elle-même vers l’autre. Faits pour l’amour, nous avons en chacun d’entre-nous « une loi d’ « extase » : sortir de soi-même pour trouver en autrui un accroissement d’être ».

Joël Descoings