Sylvie Rambour, bénévole dans la délégation des Alpes Maritimes, est particulièrement impliquée dans les actions de sensibilisation du public. Elle nous parle aujourd’hui de son parcours, de son engagement et de ce qui la nourrit au sein du CCFD-Terre Solidaire.

Depuis quand êtes-vous engagée au CCFD-Terre Solidaire ? Qu’est-ce qui a déclenché votre engagement ?

Je connais le CCFD-Terre Solidaire depuis très longtemps. J’ai 68 ans, j’étais enseignante dans l’enseignement public. J’ai vécu 17 ans en région parisienne avant de venir à Nice. A l’époque, j’avais une amie très engagée au CCFD-Terre Solidaire et je lui donnais des coups de main ponctuels pour des animations. Plus tard, j’ai épousé un italien, enseignant à Rome. Ensemble nous sommes partis 2 ans en Côte d’Ivoire puis à Istanbul en Turquie pendant 6 ans, où j’étais engagée dans le syndicalisme au niveau international. J’ai donc été coupée de la France pendant près de 8 ans, et prise ensuite par l’adoption de nos 3 enfants. Au retour, j’ai donné des coups de main ponctuels à une collègue enseignante pour des interventions scolaires. Avec mon départ à la retraire, j’ai lâché mes responsabilités syndicales, et je me suis engagée au CCFD-Terre Solidaire : c’était pour moi comme une évidence, cette association me convenait dans son esprit et dans son fonctionnement.

Quelles sont vos missions ?

Je m’occupe de la commission jeunes depuis 2011. Comme la Délégation Diocésaine n’a plus de Président, l’équipe d’animation fonctionne en plénière, avec une réunion mensuelle des représentant·e·s des différentes commissions. Ce fonctionnement en autogestion est plus exigeant mais nous convient très bien. Au sein de la commission jeunes, nous élaborons de nombreuses animations pour des stands en milieu laïque. Par exemple, nous avons repris pour des animations de stand le contenu d’un Bouge Ta Planète (BTP) que nous avons créé sur l’alimentation* qui avait très bien marché pour jeunes au collège : simulation de passage au self avec choix d’un menu, et étude de la pertinence de leurs choix pour la planète en fonction de 5 critères. Nous avons du mal dans le diocèse à être reconnu par l’Enseignement Catholique et proposer des animations dans le privé. Il y a 7 ans, nous avons décidé de faire un travail d’adaptation de la brochure de Carême au milieu scolaire, qui puisse être mis à disposition des enseignant·e·s, animateurs et animatrices d’aumôneries… sans forcément devoir animer nous-mêmes. Depuis, nous élaborons chaque année un dossier animateur jeunes*. Nous commençons maintenant à être reconnus et demandés dans des établissements catholiques ! Nous en sommes au septième dossier cette année ! C’est quand même un très gros travail à faire. On y passe beaucoup, beaucoup de temps. Chaque année, cela demande de reprendre le thème du national, et parfois de le réadapter. Cette année, les dossiers ont été mis au catalogue national et un travail d’infographie les a mis en valeur. C’est gratifiant de voir que la publication est reprise au niveau national, mais c’était aussi plus stressant : il y avait des délais courts à tenir, des contraintes légales liées aux droits à l’image… Ces outils pourraient aussi être valorisés dans l’enseignement public, en étant réadaptés : pour la plupart des dossiers, cela ne représente pas un gros travail.

Depuis l’année dernière, je coordonne aussi le Festival Alimenterre, ce qui représente un travail important de septembre à novembre.

Qu’est-ce que le fait d’être bénévole vous apporte ?

Beaucoup de choses ! C’est très plaisant de travailler ici avec les bénévoles de la délégation. Je ne sais pas si dans les autres Délégation Diocésaines c’est la même chose, mais ici on s’entend très bien, c’est chaleureux. Même si on n’a pas les mêmes idées, même si on ne fonctionne pas de la même manière...c’est une richesse, on en rigole ! Hier par exemple, on était 9 pour réfléchir à une controverse sur le rapport d’orientation, on a bien discuté, on n’était pas tous d’accord, mais on a bien ri de voir comment chacun·e· réagissait ! C’est cet état d’esprit, ce plaisir de fonctionner ensemble...

J’adhère tout à fait aux combats du CCFD-Terre Solidaire à l’échelle internationale, cela correspond à ce que je souhaite défendre. Je ne suis pas toujours très à l’aise dans l’Eglise, et de moins en moins d’ailleurs… par contre, au sein du CCFD-Terre Solidaire, je me sens bien. Je suis contente d’avoir un engagement en tant que chrétienne qui me convienne.

Il y a un an et demi, j’ai eu des moments de vie difficile… Heureusement que j’avais les ami·e·s du CCFD-Terre Solidaire pour me soutenir ! Le CCFD-Terre Solidaire pour moi c’est devenu une famille. Je prends beaucoup de charges au CCFD-Terre Solidaire, peut-être trop… mais cela m’occupe l’esprit, j’oublie mes autres soucis. C’est peut-être une addiction, mais ce n’est pas grave, je trouve que c’est une bonne addiction !

Pouvez-vous nous partager un souvenir fort / un moment marquant lié à votre engagement au CCFD-Terre Solidaire ?

Je me rappelle du G20 à Nice et de l’organisation du contre-sommet. J’en garde un excellent souvenir. Nous avons géré l’accueil de 250 personnes, j’avais créé un super tableau Excel ! Nous avons vécu des moments très forts, qui m’ont bien fait découvrir le CCFD-Terre Solidaire… Ce qui m’a marqué, c’est le choix du CCFD-Terre Solidaire de faire venir les partenaires internationaux au G20 et à l’alter-G20, et de participer aussi aux négociations de l’intérieur, pour aller parler avec les grand·e·s de ce monde. C’était pour moi la première fois que j’accueillais en France des partenaires internationaux du CCFD-Terre Solidaire, qui étaient choqués de voir cette ville de Nice super décorée, avec de l’électricité toute la nuit… Ça m’a aussi permis de côtoyer des salarié·e·s du CCFD-Terre Solidaire, de comprendre leurs réalités, leur fonctionnement.

Quelle serait votre vision d’un CCFD-Terre Solidaire idéal ?

L’idéal pour moi, au niveau local, ce serait d’avoir un renouvellement de bénévoles. Je trouve que ce que propose le CCFD-Terre Solidaire c’est génial, que son action à travers le monde est très chouette, mais nous avons besoin de nouveaux bras, de bénévoles plus jeunes qui puissent reprendre la main. C’est mon inquiétude pour la suite. On a fait de gros efforts de recrutement, avec une liste de missions, en montrant que ça peut être très varié, en fonction des compétences, du temps disponible… De temps en temps, une personne vient, puis ne vient plus… Cela demande beaucoup d’énergie car les jeunes ne restent pas longtemps. C’est normal, ce n’est pas une critique, mais un état de fait. Les bénévoles qui sont là depuis longtemps sont fatigués, âgés, malades, viennent de moins en moins, et on se retrouve de moins en moins nombreux pour agir… J’ai l’impression d’être un peu sur tous les fronts.

Que diriez-vous du CCFD-Terre Solidaire pour inciter d’autres personnes à s’engager en tant que bénévole ?

Je dirais que c’est une association très ouverte, où tout le monde peut trouver sa place, quels que soient ses intérêts, ses compétences, sa façon de fonctionner. Le CCFD-Terre Solidaire est tellement divers... On vit d’ailleurs cette diversité dans notre délégation, nous avons 2 bénévoles musulmans dans la commission jeunes, la personne en charge du secrétariat est protestante, nous avons aussi connu des mariages gays… Je leur assurerais qu’ils auront un « coach » pour les accompagner dans leur parcours. C’est vrai qu’au CCFD-Terre Solidaire au départ les gens sont complètement perdus, par les sigles, le jargon…il faut quelqu’un qui fasse la traduction. Et bien sûr, je présenterai les valeurs du CCFD-Terre Solidaire, qui n’est pas là pour apporter des techniques, mais pour soutenir des projets locaux : c’est pour moi le cœur de l’action de l’association.

  • L’ensemble des animations et outils cités peuvent être retrouvés sur le site http://ccfd.sgdf06.fr