CVX (Communauté Vie Chrétienne, un des plus récents membres du CCFD-Terre Solidaire, mouvement d’inspiration ignacien) a organisé une série « d’universités d’été » sur la thématique de l’accueil des personnes migrantes partout en France. A Marseille, elles se sont tenues du 9 au 11 novembre. Pour le CCFD-Terre Solidaire Marie-Jo et Michel Lafouasse (de la DD des Alpes Maritimes) ainsi que Michèle Bourguignon (de la DD de Marseille) étaient présent.e.s et ont contribué à l’animation des échanges.

Extraits :

« Temps de prière, de relecture, de connaissance, de partages. Temps d’expérience de la rencontre avec de jeunes migrants, avec les participants, avec, en un mot, Jésus Christ qui nous redit sans cesse : N’aie pas peur ! Va !

Chiara Pettenella, docteur en sciences politique, chef de service au CHRS Claire Joie de Jane Panier à Marseille, nous présente les migrations au 21éme siècle, qui ne sont pas comparables avec celles des années 30, voire celles d’après-guerre. 2015 : Crise des réfugiés avec l’arrivée des syriens, crise des valeurs européennes. Mise en concurrence des migrants et des pauvres. Qu’est-ce que migrer ? Il s’agit d’humaniser ce phénomène migratoire. S’indigner devant ces mesures sécuritaires. Arrêter de criminaliser les migrants. Le droit de sortie s’est développé. Le droit d’entrée s’est durci ! Il s’agit de résister, d’humaniser.

Méditation avec les tableaux d’Arcabas, la fuite en Egypte de la Sainte Famille et la rencontre avec la samaritaine. Joseph et Marie fuyant leur région « en famille », les samaritains étant des personnes peu fréquentables ! Joseph étant attentif à l’Esprit Saint. Jésus osant la rencontre. « Donne-moi à boire. » On a pris le temps de se laisser envahir par ces textes et par leurs commentaires. Le texte du pape pour la journée du migrant et du réfugié introduisait l’objectif de cette université.

Les deux tables rondes avec la présence d’un jeune migrant, ont permis à différents témoins d’exprimer leurs expériences en essayant de dire comment ils se laissaient interroger ? Et comment avec d’autres ils participaient à une action plus « politique » pour le respect des droits : La Cimade, le Secours Catholique, Welcome, Le CCFD-Terre Solidaire, la Pastorale des migrants…,

Quelle éthique de la rencontre et de la relation ?

L’accueil, recevoir, lire avec, recueillir, rassembler. Accueil du visage. Accueil inconditionnel. Poser un acte de résistance dans un monde hostile. Importance de l’équipe, de se faire aider, Se laisser déplacer. Le Christ est dans l’autre.. Saint benoît disant : « Tous les hôtes qui arrivent sont reçus comme le Christ ». Regardons l’expérience de l’accueil par le Christ ? Le lavage des pieds par exemple n’est pas qu’une démarche de repentance mais d’accueil. De fait à cette époque il s’agissait de soulager l’autre de sa fatigue, de ses longues marches dans le désert ! Est-il possible de se rencontrer ?

Témoignage d’Olivier Petit :

Is (58) « Vous n’avez rien compris. Passer de la théologie du temple à celle du frère. Dans ces textes bibliques on voit à la fois le dynamisme et les freins. Il n’y a pas dans la bible de lectures simples. Abraham est le seul qui se dit immigré. Ce Dieu libérateur nous invite à chercher une nouvelle manière de vivre ensemble. Jésus demande à Zachée au sommet de son temple : le fric, de descendre, de lâcher-prise. Jonas est l’exemple même de celui qui ne veut pas bouger : Va à Ninive. Je suis devant toi ! lui dit Dieu. Qu’est-ce que les migrants me disent de leur Dieu ? Dans le Nouveau testament l’hospitalité est la règle du jeu. C’est la marque de celui qui croit en Dieu. C’est parce que je respectais la loi que je suis devenu inhumain ! Le voyage du pape à Lampedusa : pas de Foi sans geste. La justice de Dieu doit s’exprimer ! Soyons Dieu pour les pauvres en disant la miséricorde de Dieu.

J’ai découvert ce mouvement de la collégialité du CCFD-Terre Solidaire avec intérêt et joie. Il met l’accent sur ces indispensables moments de pause et de réflexion.

Michèle »

« Selon ce qui nous était demandé, en table ronde face à l’ensemble des participants, j’ai d’abord présenté le CCFD, surtout à l’attention de ceux qui ne le connaissaient pas, c’est-à-dire essentiellement la demi-douzaine de jeunes migrants présents dans la salle (hébergés dans le centre d’accueil où se déroulait l’Université d’été CVX).

Je me suis attachée à montrer que le CCFD est sensible à la problématique des migrations depuis les années 1970, par son soutien aux travailleurs immigrés et leurs familles, d’abord, et depuis lors, par son partenariat constant avec, d’une part, la Pastorale des Migrants et les missions catholiques et, d’autre part, avec les collectifs de migrants et les associations qui les soutiennent. Mention faite aussi des plaidoyers sur ce thème.

Au plan local, j’ai évoqué le dossier d’animation Jeunes « Exilé, et si c’était toi ? » et détaillé l’opération « Les Barbelés d’Or » menée avec un collectif d’associations. Si le temps a manqué pour parler de la visite de Sihem Lagha dans notre région (possibilité de l’évoquer à un autre moment), j’ai pu mentionner la préoccupation du CCFD à la suite de la publication du rapport de la CAFFIM sur l’observation de la frontière franco-italienne ces derniers mois ; le comportement de certains membres de la PAF envers les migrants mineurs constitue une violation répétée des droits humains. A ce sujet, j’ai terminé en évoquant le rendez-vous accordé par le Préfet, ce 19 novembre, aux représentants d’un collectif d’associations de soutien.

Nous avons pu constater que nombre de chrétiens présents à cette université CVX ne connaissaient du CCFD que la quête de Carême. A travers la présentation du mouvement et les témoignages de ses trois représentants à cette rencontre à Marseille, ils ont découvert des aspects du mouvement qu’ils ignoraient, des engagements variés et suivis, ici en France.

Marie-José »

« Un premier bilan :

- accompagner l’autonomie - faire ce que l’Etat ne fait pas. Le lui reprocher - Renvoyer dès qu’on peut vers les services de l’Etat - s’appuyer sur le Droit pour le faire évoluer

- mes peurs - mes manques de confiance - ne pas oser parler. Jésus a parlé ; ils l’ont tué. - les tensions de l’accueil - nos impuissances : ne pas en être paralysé - porte grande ouverte ET vigilance. Prudence pour durer. - avancer dans la confiance, avec un garde-fou.

Nous croyons, nous voulons construire un monde juste et fraternel. Prendre fait et cause : au nom de la souffrance ? de la ressemblance ? de la différence ?

Nos joies et nos attentes

- joie des passionnés de justice. Force des déterminations, de l’étendue des réseaux (comme RESF). - « j’attends un changement de regard - d’abord celui des médias » - une maison de premier accueil, qui remplacerait le squat de St Just (Marseille) - continuer à lutter contre les préjugés

Des outils :

- plaquettes « changer de regard » de la pastorale des migrants - guide pratique pour les associations - mini-livrets de la Cimade Des vidéos et plusieurs films, dont FORTUNA qui nous touche profondément : le bien ne s’impose pas…

A faire :

- s’unir entre associations pour ne pas se laisser diviser - étendre la communication entre nous - se grouper en une grande association, faire appel à des fonds privés pour lancer une plateforme d’accueil - appel à travailler ensemble : militants, athées, chrétiens, musulmans, avec les pouvoirs publics. Connaître les difficultés des représentants de l’Etat. -- réconforter - permettre à l’autre de se rassembler lui-même, de rassembler ce qui est éparpillé. - différencier les temps : l’ambiance/ rencontre, échange. - l’accueil du visage

Hospitalité :

Homère : Zeus, protecteur des hôtes et garants des règles de l'hospitalité, protecteur des vagabonds, des réfugiés, des migrants. - acte de résistance dans un monde hostile - égalité de position : l’hôte accueillant au même niveau que l’hôte accueilli - avancer vers le monde de la fraternité - nous ne savons pas qui est là : - errant, métèque, paria, « Homme frontière », nouveau cosmopolite dans le labyrinthe du parcours

Réfléchir :

- attention à trop d’enthousiasme. Attention à céder devant le pathos. - Savoir que leur parcours est comme une ascension en montagne, avec des des temps de descente. - Poser des stèles pour faire le point : on est partis de là - on en est là - Porter un regard neuf sur chacun Prendre le temps. S’adapter au rythme de chacun Accueillir les émotions, y compris la colère Respecter la confidentialité Traverser l’incompréhension. Avancer vers le non-savoir Accepter l’apparent échec Se libérer de la tyrannie du résultat Rechercher les talents Il n’y a pas de destin

Quelques maximes - Aider, c’est renoncer à aider - Se laisser transformer par ceux que nous accueillons - Ne rien s’approprier - Rester ouvert à l’étonnement, à l’émerveillement. - Le démuni devient notre lumière et notre richesse. Nous accueillons des héros. - Dans la vie, rien n’est figé. Dieu a choisi ceux sans apparence. - Faire confiance à Dieu, et porter l’espérance avec eux lorsqu’ils n’en ont plus

Prier pour que l’Esprit Saint change nos peurs Chercher aussi dans d’autres lieux (chemins Ignatien, etc.)

J’ai découvert CVX Un réseau important qui semble caché, enfoui. Un fonctionnement, une méthode bien rodée : MERCI -PARDON - DEMAIN

Michel »